Vade-mecum(1) du parfait cancre ou comment apprendre à travailler par l'absurde

• Parce que c'est reposant. En effet, le parfait cancre ne fournit jamais d'efforts, il n'a donc aucune raison d'être fatigué.
• Parce qu'il fait ce qui lui plaît, au moment où ça lui plaît. En effet, le parfait cancre ne subit aucune contrainte, se préoccupe uniquement de son plaisir immédiat.
• Parce que travailler ne sert à rien. En effet, ça ne rapporte rien (il n'y a pas d'argent à gagner) alors que cela a un coût (les efforts).
• Parce ce que cela permet d'avoir une bonne réputation. Le parfait cancre donne l'image d'une personne « cool », il n'est pas considéré comme un-e « intello » ni comme un-e « bolos ».

Il y a plusieurs façons de rater les cours :

• Sécher les cours. Dès qu'il fait beau, qu'il y a un bon film au cinéma ou pour toute autre raison, ne pas aller en cours. En étant absent le plus souvent possible, le futur cancre a la garantie de ne plus réussir à suivre et de ne jamais rattraper le retard accumulé.
• Arriver systématiquement en retard. Cela peut au minimum faire rater quelques minutes du cours. Dans le meilleur des cas, il n'est pas accepté en cours. Il rate donc l'intégralité et en plus peut se poser en victime face à ses camarades de classe.
• Jouer la montre. Au début de la séance, s'asseoir le plus lentement possible, mettre un temps infini à sortir ses affaires (d'ailleurs, quelles affaires ?). De même, à chaque nouvelle activité, rechercher sa feuille d'exercices ou son polycopié partout sauf où ils sont (des affaires mal rangées sont autant d'aides pour retarder le processus) ou encore demander un stylo ou une feuille au camarade qui se trouve à l'exact opposé dans la salle. Enfin, ranger ses affaires avant la sonnerie empêche de travailler et, même si le/la prof demande de ressortir les affaires, l'apprenti cancre aura au moins grappillé quelques précieuses secondes sur le temps de travail collectif.

Il y a différents moyens pour ne pas écouter en cours :

• Bavarder avec ses voisins-es. En classe, il est souvent question de sujets que le cancre ne connaît pas, il lui est donc facile de perdre le fil en bavardant. Il est alors assuré ne pas suivre le cours ; de même, pendant la réalisation d'un exercice, non content de ne pas s'y essayer, il ne sait pas ce qui est demandé.
• Utiliser son mobile en cours. Pendant que le parfait cancre écrit des SMS, navigue sur internet ou lit ses mails, il perd le fil du cours. Même chose pour les exercices, étant donné qu'il est impossible de pianoter sur son portable et de faire l'exercice, il est sûr de ne jamais commencer la première question. En plus, en allant chercher les réponses aux questions sur internet, il est sûr de ne pas avoir besoin de réfléchir et donc ne risque pas de progresser. Si jamais, il est sanctionné pour tricherie, le parfait cancre passe pour un rebelle et sa réputation y gagne.
• Être « dans la lune ». Le parfait cancre peut rêvasser à ce qu'il va faire le week-end, à sa future conquête ou encore à ses prochaines vacances, les sujets ne manquent pas. De plus, cette méthode a un avantage sur les autres, elle est beaucoup plus discrète : l'enseignant ne lit pas dans les pensées.

Ne pas prendre de notes permet :

• L'absence de trace écrite. L'apprenti cancre n'a donc aucune possibilité de savoir où en est la séance, ni de faire ses devoirs en s'appuyant sur le cours, ni même de réviser en cas de contrôle. Autant de conséquences préjudiciables à l'apprentissage mais bénéfiques à la chute de sa moyenne.
• Prendre du retard sur la progression du cours. Prendre des notes sous la dictée est le plus sûr moyen de n'avoir que les débuts de phrases, le futur cancre est donc toujours en retard d'un train ; ce retard empêche toute compréhension et par là tout questionnement pertinent.

• Se reposer sur ses acquis. Si pour une raison ou une autre, le parfait cancre a de l'avance dans la discipline, il est sûr de la perdre en refusant de progresser.
• Ne jamais participer en cours. D'abord, parce que le parfait cancre risque d'être ridicule s'il pose une question. De plus, l'enseignant pourrait avoir l'impression qu'il s'intéresse à son cours. Par ailleurs, parce que poser des questions pertinentes suppose de réfléchir avant à ce qu'il a compris ou non. Poser des questions risquerait donc de permettre de comprendre. Pour finir, poser une question risquerait d'aider les autres à comprendre s'ils avaient la même interrogation.
• Ne jamais faire ses exercices. Ni en cours, ni à la maison. Comme pour le sport, sans entrainement, il n'est pas possible de progresser, quelque soit le niveau de départ.
• Rendre des copies blanches. Ou en tout cas, rendre des devoirs largement incomplets, avec des réponses trop peu développées et surtout pas argumentées. Le/la prof risquerait de comprendre ce qu'a voulu faire/dire le parfait cancre et ce dernier pourrait gagner les points du barême.

• Faire tout au dernier moment. Et seulement sous la contrainte. L'organisation du temps est le pire ennemi du parfait cancre. S'organiser, c'est risquer de pouvoir étaler son travail dans le temps et donc répartir efficacement son effort. En plus, cela l'oblige à réfléchir à l'avance au temps nécessaire à chaque type de travail.
• Ne pas faire de planning. Faire un planning est nécessairement une perte de temps. Il est fatiguant et déprimant de mettre au propre sur un emploi du temps vierge ses cours, ses activités extra-scolaires (club de sport, cours de théâtre…), ses contraintes personnelles (heures de code ou de conduite, formation au Bafa, animation de centre aéré, garde du petit frère…), puis ajouter des plages horaires de travail collectif (avec des camarades de classe, par exemple pour les TPE ou les exposés programmés) et individuel.
• Ne jamais avoir ses affaires en cours. Cela empêche de travailler dans de bonnes conditions. Autant essayer de faire une omelette sans poêle (et pourquoi pas sans œuf !), difficile, sinon impossible. Oublier son manuel interdit de réaliser les exercices demandés en cours, de se servir du lexique de vocabulaire ou encore de consulter les fiches de méthode (d'ailleurs, quelle méthode ?) et oublier son cahier, ou le cours précédent si on a un classeur, ses stylos, calculatrices, règles, etc. produit le même résultat.

• Gribouiller et raturer ses feuilles/cahiers. Cela nuit à la clarté des cours et empêche de repérer les éléments importants.
• Ne pas soigner la présentation des cours. Il importe de ne surtout pas aérer la présentation (sauts de lignes, alinéas…). De même, il serait nuisible de structurer la prise de notes (à l'aide des flèches, alinéas de différentes tailles, de repères visuels pour les définitions ou les exemples…), de souligner les titres et les éléments importants. Cela permet d'obtenir un bloc compact et illisible, inutilisable pour le travail à la maison si ce n'est au prix d'un coûteux effort.
• Ne pas soigner la présentation des devoirs. Rendre des copies les plus sales possibles, d'une écriture illisible, pleines de ratures, sans aucune structuration, décourage la lecture du devoir. De plus, elle nuit à la clarté du contenu. Ne pas oublier de saupoudrer le devoir dûment raturé de nombreuses phautteux d'aurttografffeuh, cela rend la lecture tellement plus rigolote…

Là aussi, ce qui s'applique hors de l'école est valable dans le cadre scolaire. Faire des projets, demande de réfléchir aux objectifs et aux stratégies à développer pour y parvenir. Cela présente un double inconvénient. Tout d'abord, cela risque d'augmenter la motivation car l'objectif est connu. Ensuite, le risque est grand d'être efficace, ayant réfléchi aux moyens d'y parvenir. Ainsi, le marcheur sûr de sa destination et de son itinéraire va d'un pas décidé et ne se perd pas en chemin.

Le parfait cancre ne doit surtout pas envisager de lire la presse, d'écouter ou de regarder les émissions d'informations, encore moins de lire des ouvrages en dehors du cadre scolaire. Cela risquerait d'augmenter sa culture générale et serait gravement préjudiciable à son statut de cancre.

1. Un Vade-mecum est un aide-mémoire qui contient les connaissances essentielles sur un sujet donné.