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ses:tes:chap3

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ses:tes:chap3 [2017/04/28 11:56]
yam [La difficile conduite des politiques économiques et sociales]
ses:tes:chap3 [2019/03/28 16:24]
yam [1. Les grandes évolutions du commerce international]
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 ===== I. Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production ? ===== ===== I. Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production ? =====
  
-Notions : Avantage comparatif, dotation factorielle, libre-échange et protectionnisme, commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales, spécialisation.+Notions : Avantage comparatif, dotation factorielle, libre-échange et protectionnisme, commerce intrafirme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales, spécialisation.
  
 Acquis de première : gains à l'échange. Acquis de première : gains à l'échange.
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 On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. On s'interrogera sur les effets d'une variation des taux de change sur l'économie des pays concernés. On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. On s'interrogera sur les effets d'une variation des taux de change sur l'économie des pays concernés.
  
-En s'appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples d'entreprises multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts et la recherche d'une compétitivité hors prix.+En s'appuyant sur des données concernant le commerce intrafirme et sur des exemples d'entreprises multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts et la recherche d'une compétitivité hors prix.
 </WRAP> </WRAP>
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 \\ \\
-La **mondialisation** correspond au processus d'intégration des économies qui conduit à l'émergence d'un marché unifié à l'échelle mondiale. Du fait de cette mondialisation, plus aucune économie ne peut vivre en autarcie, autrement dit les économies sont devenus de plus en plus interdépendantes.\\ +La **mondialisation** correspond au processus d'intégration des économies qui conduit à l'émergence d'un marché unifié à l'échelle mondiale. Du fait de cette mondialisation, plus aucune économie ne peut vivre en autarcie, autrement dit les économies sont devenues de plus en plus interdépendantes.\\ 
-Elle ne concerne pas seulement les échanges de biens, ni même de services mais concernent aussi les individus -- avec les migrations internationales de la main d'oeuvre -- et, bien sûr, les capitaux -- avec la "fameuse" globalisation financière...\\+Elle ne concerne pas seulement les échanges de biens, ni même de servicesmais concernent aussi les individus -- avec les migrations internationales de la main d'oeuvre -- et, bien sûr, les capitaux -- avec la "fameuse" globalisation financière...\\
 Elle contribue à la transformation des institutions existantes (avec notamment un affaiblissement des États) et à l'émergence de nouvelles (FMN/FTN ; institutions internationales telles que l'OMC, l'OIT, le FMI ou la Banque mondiale ; ONG...). Elle contribue à la transformation des institutions existantes (avec notamment un affaiblissement des États) et à l'émergence de nouvelles (FMN/FTN ; institutions internationales telles que l'OMC, l'OIT, le FMI ou la Banque mondiale ; ONG...).
  
 ==== 1. Les grandes évolutions du commerce international ====  ==== 1. Les grandes évolutions du commerce international ==== 
 +
 +<note important>Pour cette partie, il est important de se référer au cours d'Histoire-Géographie, qu'il s'agisse de l'étude du processus historique de la mondialisation ou des différentes cartes que vous avez étudiées en cours.</note>
  
 === 1.1. Une mondialisation pas si récente... === === 1.1. Une mondialisation pas si récente... ===
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 Une économie-monde peut se définir comme une triple réalité :\\ Une économie-monde peut se définir comme une triple réalité :\\
 - Elle occupe un espace géographique donné ; elle a donc des limites qui l'expliquent et qui varient, bien qu'avec une certaine lenteur. Il y a même forcément, de temps à autre, mais à de longs intervalles, des ruptures. Ainsi à la suite des Grandes Découvertes de la fin du XVe siècle. Ainsi en 1689, quand la Russie, par la grâce de Pierre le Grand, s'ouvre à l'économie européenne. Imaginons aujourd'hui une franche, totale et définitive ouverture des économies de la Chine et de l'U.R.S.S. : il y aurait alors rupture des limites de l'espace occidental, tel qu'il existe actuellement.\\ - Elle occupe un espace géographique donné ; elle a donc des limites qui l'expliquent et qui varient, bien qu'avec une certaine lenteur. Il y a même forcément, de temps à autre, mais à de longs intervalles, des ruptures. Ainsi à la suite des Grandes Découvertes de la fin du XVe siècle. Ainsi en 1689, quand la Russie, par la grâce de Pierre le Grand, s'ouvre à l'économie européenne. Imaginons aujourd'hui une franche, totale et définitive ouverture des économies de la Chine et de l'U.R.S.S. : il y aurait alors rupture des limites de l'espace occidental, tel qu'il existe actuellement.\\
-- Une économie-monde accepte toujours un //pôle//, un //centre//, représenté par une ville dominante, jadis un État-ville, aujourd'hui une capitale, entendez une capitale économique (aux États-Unis, New York, non pas Washington). D'ailleurs, il peut existe, de façon même prolongée, deux centres à la fois, dans une même économie-monde : Rome et Alexandrie au temps d'Auguste, d'Antoine et de Cléopâtre, Venise et Gênes au temps de la guerre de Chioggia (1378-1381), Londres et Amsterdam, au XVIIIe siècle, avant l'élimination définitive de la Hollande. Car l'un des deux centres finit toujours par être éliminé. En 1929, le centre du monde, avec un peu d'hésitation, est passée ainsi, sans ambiguïté, de Londres à New York.\\+- Une économie-monde accepte toujours un //pôle//, un //centre//, représenté par une ville dominante, jadis un État-ville, aujourd'hui une capitale, entendez une capitale économique (aux États-Unis, New York, non pas Washington). D'ailleurs, il peut existe, de façon même prolongée, deux centres à la fois, dans une même économie-monde : Rome et Alexandrie au temps d'Auguste, d'Antoine et de Cléopâtre, Venise et Gênes au temps de la guerre de Chioggia (1378-1381), Londres et Amsterdam, au XVIIIe siècle, avant l'élimination définitive de la Hollande. Car l'un des deux centres finit toujours par être éliminé. En 1929, le centre du monde, avec un peu d'hésitation, est passé ainsi, sans ambiguïté, de Londres à New York.\\
 - Toute économie-monde se partage en zones successives. Le coeur, c'est-à-dire la région qui s'étend autour du centre : les Provinces-Unies (mais pas toutes les Provinces-Unies) quand Amsterdam domine le monde au XVIIe siècle ; l'Angleterre (mais pas toute l'Angleterre) quand Londres, à partir des années 1780 a définitivement supplanté Amsterdam. Puis viennent des zones intermédiaires, autour du pivot central. Enfin, très larges, des marges qui, dans la division du travail qui caractérise l'économie-monde, se trouvent subordonnées et dépendantes, plus que participantes. Dans ces zones périphériques, la vie des hommes évoque souvent le Purgatoire, ou même l'Enfer. Et la raison suffisante en est, bel et bien, leur situation géographique. - Toute économie-monde se partage en zones successives. Le coeur, c'est-à-dire la région qui s'étend autour du centre : les Provinces-Unies (mais pas toutes les Provinces-Unies) quand Amsterdam domine le monde au XVIIe siècle ; l'Angleterre (mais pas toute l'Angleterre) quand Londres, à partir des années 1780 a définitivement supplanté Amsterdam. Puis viennent des zones intermédiaires, autour du pivot central. Enfin, très larges, des marges qui, dans la division du travail qui caractérise l'économie-monde, se trouvent subordonnées et dépendantes, plus que participantes. Dans ces zones périphériques, la vie des hommes évoque souvent le Purgatoire, ou même l'Enfer. Et la raison suffisante en est, bel et bien, leur situation géographique.
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-''Source : Fernand Braudel, //La dynamique du capitalisme//, coll. Champs, Flammarion, 2000 (1ère édition : 1985).''+''Source : Fernand Braudel, //La dynamique du capitalisme//, coll. Champs, Flammarion, 2000 (1re édition : 1985).''
  
 Très tôt, Adam Smith et David Ricardo (voir plus bas) ont mis en avant les effets positifs de la spécialisation internationale et de l'abolition des barrières à l'échange (autrement dit, du **libre-échange**). David Ricardo était ainsi un farouche opposant aux //Corn Laws// (mesures protectionnistes mises en place en 1815 au Royaume-Uni pour protéger la production nationale de blé et abolies en 1846).\\ Très tôt, Adam Smith et David Ricardo (voir plus bas) ont mis en avant les effets positifs de la spécialisation internationale et de l'abolition des barrières à l'échange (autrement dit, du **libre-échange**). David Ricardo était ainsi un farouche opposant aux //Corn Laws// (mesures protectionnistes mises en place en 1815 au Royaume-Uni pour protéger la production nationale de blé et abolies en 1846).\\
-Néanmoins, c'est depuis la fin du XIXe siècle et surtout à la suite de la Seconde guerre mondiale, le commerce international connaît une nette accélération : recherche de nouveaux débouchés pour une production devenue intensive grâce au progrès technique et aux gains de productivité qui en découlent, développement des moyens de transports et de communication qui en abaisse les coûts, multiplication des accords commerciaux destinés à assurer à la fois une paix durable et des gains à l'échange, développement des FMN/FTN et des institutions internationales favorisant les échanges... autant de raisons qui expliquant que le le commerce international s'intensifie et le marché devient « globalisé », c'est-à-dire mondial.\\+Néanmoins, c'est depuis la fin du XIXe siècle et surtout à la suite de la Seconde Guerre mondiale, le commerce international connaît une nette accélération : recherche de nouveaux débouchés pour une production devenue intensive grâce au progrès technique et aux gains de productivité qui en découlent, développement des moyens de transports et de communication qui en abaisse les coûts, multiplication des accords commerciaux destinés à assurer à la fois une paix durable et des gains à l'échange, développement des FMN/FTN et des institutions internationales favorisant les échanges... autant de raisons qui expliquent que le commerce international s'intensifie et le marché devient « globalisé », c'est-à-dire mondial.\\
 Ces transformations sont favorisées par la disparition -- du moins la diminution -- progressive des barrières aux échanges, qu'il s'agisse des **barrières tarifaires** (droits de douane notamment) ou des **barrières non tarifaires** (normes imposées aux produits importés, quotas voire embargos sur certains produits...). Ces transformations sont favorisées par la disparition -- du moins la diminution -- progressive des barrières aux échanges, qu'il s'agisse des **barrières tarifaires** (droits de douane notamment) ou des **barrières non tarifaires** (normes imposées aux produits importés, quotas voire embargos sur certains produits...).
  
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   - La **globalisation** qui, à partir des années 1980, voit apparaître un marché mondial de plus en plus intégré, avec l'extension des réseaux mondiaux de production, de capitaux (on parle souvent de globalisation financière) et d’information (NTIC).   - La **globalisation** qui, à partir des années 1980, voit apparaître un marché mondial de plus en plus intégré, avec l'extension des réseaux mondiaux de production, de capitaux (on parle souvent de globalisation financière) et d’information (NTIC).
  
-<note warning>**Attention** : « globalisation » (en français) et « globalization » (avec un « z » en anglais) sont en réalité de faux amis, le terme anglais désignant le phénomène de la mondialisation quand le terme français ne désigne qu'un aspect de celle-ci (intégration des marchés).</note> +<note warning>**Attention** : « globalisation » (en français) et « //globalization// » (avec un « z » en anglais) sont en réalité de faux amis, le terme anglais désignant le phénomène de la mondialisation quand le terme français ne désigne qu'un aspect de celle-ci (intégration des marchés).</note>
- +
-Plusieurs grandes tendances sont à l'oeuvre concernant le commerce international : +
-  * Bien sûr, une augmentation quantitative des échanges, augmentation dont l'on peut voir qu'elle est sensible aux fluctuations économiques internationales (autrement dit, il existe une corrélation positive forte entre la progression des échanges internationaux et l'augmentation du niveau de la production mondiale). +
-  * Une transformation progressive de la structure des échanges : d'abord essentiellement constituées de produits agricoles, de matières premières et de produits peu transformés, elle laisse peu à peu la place à un essor des produits manufacturés (notamment après la seconde guerre mondiale), puis à un développement plus récent des échanges de services. +
-  * D'abord le fait d'un échange entre pays, voire entre régions du monde, elle est de plus en plus le fait d'un échange entre entreprises et même à l'intérieur de celles-ci. +
-  * Si l'on constate bien une spécialisation internationale relative de certains pays, c'est le commerce intra-branche qui domine (notamment concernant les pays industrialisés). +
-  * Enfin, le commerce international est inégal. S'il ne se résume pas  des échanges entre pays développés -- ou des pays développés vers les pays en développement -- tous ne réussissent pas à s'y intégrer (surtout chez les pays les moins avancés). On constate néanmoins que les pays émergents on su s'y forger une place de plus en plus importante ces dernières années.+
  
 === 1.2. Panorama statistique du commerce international === === 1.2. Panorama statistique du commerce international ===
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 {{page>ses:lexique_de_ses#commerce_exterieur&noheader}} {{page>ses:lexique_de_ses#commerce_exterieur&noheader}}
  
-Le commerce extérieur représente une part importante de l'économie françaisePour autant, ces dernières années, sa contribution à la croissance économique de la France est plus négative que positive. En janvier 2017, les exportations françaises de biens s'élèvent à 37,2 milliards d'euros mais les importations atteignent 45,1 milliards d'euros occasionnant un solde extérieur négatif (déficit extérieur) de -7,9 milliards d'euros.+== Rappel : DocumentLes composantes de la balance des paiements ==
  
-Sur le moyen/long terme, la situation de la France a eu tendance à se dégrader :+{{:ses:schemabalancedespaiements.png?600|}}{{:ses:schemabalancedespaiements.odp |Version odp}} 
 + 
 +Que constate-t-on ? 
 + 
 +Plusieurs grandes tendances sont à l’œuvre concernant le commerce international : 
 + 
 +  * Tout d'abord, et malgré des périodes de repli, il est aisé de constater une augmentation quantitative des échanges, notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale, augmentation dont l'on peut voir qu'elle est sensible aux fluctuations économiques internationales. Autrement dit, il existe une **corrélation positive** forte entre la progression des échanges internationaux et l'augmentation du niveau de la production mondiale. Cette augmentation s'explique par la montée du **libre-échange** (voir plus bas). 
 + 
 +== Document. Évolution des exportations mondiales de biens et services de 1960 à 2017 == 
 + 
 +{{:ses:exportationspibmonde.png?800|}}{{ :ses:exportationspibmonde.ods|Version ods}} 
 + 
 +''Unité : $ US courants.\\ 
 +Champ : Monde (WLD).\\ 
 +Banque Mondiale, //Indicateurs du développement dans le monde//, Last Updated: 03/21/2019. Disponible en ligne : https://donnees.banquemondiale.org/theme/echanges-commerciaux & https://donnees.banquemondiale.org/theme/economie-et-croissance'' 
 + 
 +Le commerce extérieur représente ainsi une part importante de l'économie française. Pour autant, ces dernières années, sa contribution à la croissance économique de la France est plus négative que positive. En janvier 2019, les exportations françaises de biens s'élèvent à 42,5 milliards d'euros, mais les importations atteignent 46,7 milliards d'euros occasionnant un solde extérieur négatif (déficit extérieur) de -4,2 milliards d'euros. 
 + 
 +Sur le moyen/long terme, la situation de la France a eu tendance à se dégrader :
  
 {{:ses:soldecommercialettauxcouverture.png?800|}} {{:ses:soldecommercialettauxcouverture.png?800|}}
  
-''Source : Le chiffre du commerce extérieur, n° 296 - Cadrage de Janvier 2017, mars 2017 Disponible en ligne : http://lekiosque.finances.gouv.fr/fichiers/nationales/revue/Chiffre_PDF.pdf''+''Source : Le chiffre du commerce extérieur, n° 320 - Cadrage de Janvier 2019, mars 2019. Disponible en ligne : http://lekiosque.finances.gouv.fr/fichiers/nationales/revue/Chiffre_PDF.pdf'' 
 + 
 +  * Une transformation progressive de la structure des échanges : d'abord essentiellement constituée de produits agricoles, de matières premières et de produits peu transformés, elle laisse peu à peu la place à un essor des produits manufacturés (notamment après la Seconde Guerre mondiale), puis à un développement plus récent des échanges de services.
  
 Les principaux secteurs dans lesquels la France se montre dynamique sont : Les principaux secteurs dans lesquels la France se montre dynamique sont :
-  * L'aéronautique (avec notamment Airbus) +  * Les transports avec l'automobile, l'industrie navale et aéronautique, l'aéronautique ; 
-  * l'agroalimentaire (la France reste un important producteur agricole) +  * la chimie, la cosmétique et la pharmacie ; 
-  * la pharmacie +  * l'agroalimentaire (la France reste un important producteur agricole, même si son poids en valeur baisse; 
-  * les produits de luxe (boissons comme les vins, champagne  et  cognac ; parfums et cosmétiques ; Maroquinerie ; bijouterie et joaillerie...)+  * les produits de luxe (boissons comme les vins, champagne  et  cognac ; parfums et cosmétiques ; maroquinerie ; bijouterie et joaillerie...)
 + 
 +D'autres secteurs, comme la métallurgie, sont en perte de vitesse mais restent importants. 
 + 
 +== Document. Principales contributions à la variation des exportations entre 2017 et 2018 en Milliards d'euros == 
 + 
 +{{:ses:contributionsechangescommerciauxfranceparsecteurs.png?400|}} 
 + 
 +''Source : //Commerce extérieur - Résultats 2018//, version Direction générale du Trésor, février 2019. Disponible en ligne : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/71ed3316-70c7-4a71-8d47-c8a671779cb4'' 
 + 
 +  * D'abord le fait d'un échange entre pays, voire entre régions du monde, elle est de plus en plus le fait d'un échange entre entreprises et même à l'intérieur de celles-ci.
  
 Les principaux partenaires commerciaux de la France : Les principaux partenaires commerciaux de la France :
  
-{{:ses:partenairesexportations2016.png?650|}} +== DocumentPart des principaux partenaires de la France dans ses exportations ==
-{{:ses:partenairesimportations2016.png?650|}} +
-{{:ses:partenairesechangestotaux2016.png?650|}}+
  
-''Source //Commerce extérieur - Résultats 2016//, Direction générale du Trésor, février 2017. Disponible en ligne http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433007''+{{:ses:partprincipauxpartenairesexportationsfrance.png?400|}}
  
-Les échanges de la France avec le reste du monde (RDM) sont davantage des échanges intra-branches qu'inter-branches :+''Source : //Commerce extérieur Synthèse des Résultats 2018//, Direction générale du Trésor, février 2019. Disponible en ligne https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/28b2e97b-cbc9-4fef-becf-550292cb1074''
  
-{{:ses:commerceexterieurparsecteur.png?800|}}+Pour mémoire, les principaux partenaires commerciaux de la France en 2016 : 
 + 
 +{{:ses:partenairesexportations2016.png?200|}} 
 +{{:ses:partenairesimportations2016.png?200|}} 
 +{{:ses:partenairesechangestotaux2016.png?200|}}
  
 ''Source : //Commerce extérieur - Résultats 2016//, Direction générale du Trésor, février 2017. Disponible en ligne : http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433007'' ''Source : //Commerce extérieur - Résultats 2016//, Direction générale du Trésor, février 2017. Disponible en ligne : http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433007''
 +
 +== Document. Les grandes entreprises représentent plus de la moitié de nos exportations, contre un tiers pour les PME ==
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 +{{:ses:poidsentreprisesdansexportationsfrancepartaille.png?400|}}
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 +''Source : //Commerce extérieur - Résultats 2018//, version Direction générale du Trésor, février 2019. Disponible en ligne : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/71ed3316-70c7-4a71-8d47-c8a671779cb4''
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 +  * Si l'on constate bien une spécialisation internationale relative de certains pays, c'est le commerce intrabranche qui domine (notamment concernant les pays industrialisés).
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 +Les échanges de la France avec le reste du monde (RDM) sont davantage des échanges intrabranches qu'interbranches :
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 +== Répartition des exportations par grands secteurs en 2008 et 201 en % du total CAF/FAB hors militaire ==
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 +{{:ses:echangescommerciauxfranceparsecteurs.png?600|}}
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 +''Source : //Commerce extérieur - Résultats 2018//, version Direction générale du Trésor, février 2019. Disponible en ligne : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/71ed3316-70c7-4a71-8d47-c8a671779cb4''
 +
 +  * Enfin, le commerce international est inégal. S'il ne se résume pas à des échanges entre pays développés --- ou des pays développés vers les pays en développement --- tous ne réussissent pas à s'y intégrer (surtout les pays les moins avancés). On constate néanmoins que les pays émergents ont su s'y forger une place de plus en plus importante ces dernières années.
 +
 +== Document. Économies par volume du commerce des biens en 2017 ==
 +
 +{{:ses:cartevolumecommercebiens2017.png?600|}}
 +
 +''Source : OMC, //Examen statistique du commerce mondial//, 2018, p.24. Disponible en ligne : https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts18_toc_f.htm  [[https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts2018_f.pdf|version pdf]]''
 +
 +== Document. Économies par volume du commerce des services en 2017 ==
 +
 +{{:ses:cartevolumecommerceservices2017.png?600|}}
 +
 +''Source : OMC, //Examen statistique du commerce mondial//, 2018, p.25. Disponible en ligne : https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts18_toc_f.htm  [[https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts2018_f.pdf|version pdf]]''
 +
 +**Pour aller plus loin :**
 +
 +OMC, //Examen statistique du commerce mondial//, 2018. Disponible en ligne : https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts18_toc_f.htm  [[https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/wts2018_f/wts2018_f.pdf|version pdf]]
 +
 +https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/28b2e97b-cbc9-4fef-becf-550292cb1074
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 +https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/b78e55a8-45d1-4c06-93ea-75162d2734cc/files/71ed3316-70c7-4a71-8d47-c8a671779cb4
  
 ==== 2. Les fondements théoriques de la mondialisation ==== ==== 2. Les fondements théoriques de la mondialisation ====
  
-Les économistes classiques se sont très tôt intéressés aux vertus du libre-échange. En particulier, on doit à Adam Smith, avec la théorie des avantages absolus, et à David Ricardo, avec la théorie des avantages relatifs, d'avoir montré que le libre-échange pouvait être source de richesse pour les économies, à l'opposé des théories mercantilistes qui dominent encore la pensée à leur époque.+Les économistes classiques se sont très tôt intéressés aux vertus du libre-échange.  
 + 
 +{{page>ses:lexique_de_ses#libre-echange}} 
 + 
 +En particulier, on doit à Adam Smith, avec la théorie des avantages absolus, et à David Ricardo, avec la théorie des avantages relatifs, d'avoir montré que le libre-échange pouvait être source de richesse pour les économies, à l'opposé des théories mercantilistes qui dominent encore la pensée à leur époque.
  
-Pour Adam Smith, les pays ont intérêt au libre-échange dès lors qu'ils disposent d’**avantages absolus**, c'est-à-dire quand ils sont plus efficaces dans la production d’un bien que les autres pays. Ainsi, Adam Smith explique qu'un pays gagne à l'échange dès lors qu'il est en capacité d'exporter un bien qu'il peut produire de façon moins couteuse que les autres pays -- là où il est le plus compétitif -- et importer le/les bien(s) moins couteux à produire à l'étranger que sur son territoire -- là où il est moins compétitif que les autres. Si deux pays ont chacun un avantage absolu, alors il est dans leur intérêt mutuel d’échanger entre eux.+Pour Adam Smith, les pays ont intérêt au libre-échange dès lors qu'ils disposent d’**avantages absolus**, c'est-à-dire quand ils sont plus efficaces dans la production d’un bien que les autres pays. Ainsi, Adam Smith explique qu'un pays gagne à l'échange dès lors qu'il est en capacité d'exporter un bien qu'il peut produire de façon moins coûteuse que les autres pays -- là où il est le plus compétitif -- et importer le/les bien(s) moins coûteux à produire à l'étranger que sur son territoire -- là où il est moins compétitif que les autres. Si deux pays ont chacun un avantage absolu, alors il est dans leur intérêt mutuel d’échanger entre eux.
  
 {{page>ses:lexique_de_ses#gains_a_l_echange}} {{page>ses:lexique_de_ses#gains_a_l_echange}}
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 Dans ce cas, l’Angleterre donnerait le produit du travail de cent hommes en échange du produit du travail de quatre-vingts. Un pareil échange ne saurait avoir lieu entre les individus du même pays. On ne peut échanger le travail de cent Anglais pour celui de quatre-vingts autres Anglais ; mais le produit du travail de cent Anglais peut être échangé contre le produit du travail de quatre-vingts Portugais, de soixante Russes ou de cent vingt Asiatiques. Il est aisé d‘expliquer la cause de la différence qui existe à cet égard entre un pays et plusieurs : cela tient à l’activité avec laquelle un capital passe constamment, dans le même pays, d’une province à l’autre pour trouver un emploi plus profitable, et aux obstacles qui en pareil cas s’opposent au déplacement des capitaux d‘un pays à l’autre. Dans ce cas, l’Angleterre donnerait le produit du travail de cent hommes en échange du produit du travail de quatre-vingts. Un pareil échange ne saurait avoir lieu entre les individus du même pays. On ne peut échanger le travail de cent Anglais pour celui de quatre-vingts autres Anglais ; mais le produit du travail de cent Anglais peut être échangé contre le produit du travail de quatre-vingts Portugais, de soixante Russes ou de cent vingt Asiatiques. Il est aisé d‘expliquer la cause de la différence qui existe à cet égard entre un pays et plusieurs : cela tient à l’activité avec laquelle un capital passe constamment, dans le même pays, d’une province à l’autre pour trouver un emploi plus profitable, et aux obstacles qui en pareil cas s’opposent au déplacement des capitaux d‘un pays à l’autre.
-((Un pays qui, par sa supériorité dans les machines et l’habileté de ses ouvriers, fabrique avec une plus grande économie de main-d’œuvre que ses voisins, peut, avec les produits de son industrie, faire venir du dehors le blé nécessaire à sa consommation, lors même que son sol serait plus fertile, et que le blé y viendrait avec moins de travail que dans le pays d’où il tirerait son approvisionnement. Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un d‘eux peut exceller dans les deux métiers ; mais en faisant des chapeaux il ne l’emporte sur son rival que d’un cinquième, ou de 20 pour cent, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a sur lui un avantage d’un tiers, ou de 33 pour cent. Ne serait-il pas de l’intérêt de tous les deux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à celui de chapelier ?))+((Un pays qui, par sa supériorité dans les machines et l’habileté de ses ouvriers, fabrique avec une plus grande économie de main-d’œuvre que ses voisins, peut, avec les produits de son industrie, faire venir du dehors le blé nécessaire à sa consommation, lors même que son sol serait plus fertile, et que le blé y viendrait avec moins de travail que dans le pays d’où il tirerait son approvisionnement. Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un d‘eux peut exceller dans les deux métiers ; mais en faisant des chapeauxil ne l’emporte sur son rival que d’un cinquième, ou de 20 pour cent, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a sur lui un avantage d’un tiers, ou de 33 pour cent. Ne serait-il pas de l’intérêt de tous les deux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à celui de chapelier ?))
 </WRAP> </WRAP>
  
 ''Source : David Ricardo, //Des principes de l'économie politique et de l'impôt//, chapitre VII, 1817.[[http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.reo.rid.pri|Disponible en ligne]]'' ''Source : David Ricardo, //Des principes de l'économie politique et de l'impôt//, chapitre VII, 1817.[[http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.reo.rid.pri|Disponible en ligne]]''
  
-Si on suit Adam Smith, le Portugal détient un avantage absolu à la fois pour la drap et le vin. Il n'a donc à priori pas intérêt à l'échange.+Si on suit Adam Smith, le Portugal détient un avantage absolu à la fois pour le drap et le vin. Il n'a donc priori pas intérêt à l'échange.
  
 ==== 3. Bilan économique de la mondialisation ==== ==== 3. Bilan économique de la mondialisation ====
  
  
-==== 4. Les stratégies internationales des entreprises ====+==== 4. Les conséquences de la variation des taux de change sur les échanges internationaux ==== 
 + 
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 +==== 5. Les stratégies internationales des entreprises ==== 
 + 
 +Peu développées au début du XXe siècle (les exemples tels que ceux de la firme Singer durant la Révolution industrielle sont encore marginaux), les firmes multinationales (FMN) n'ont cessé de prendre de l'importance depuis.\\ 
 +Elles ont largement bénéficié des évolutions des échanges mondiaux constatées ces dernières années : grâce à la libéralisations des échanges, l'ouverture croissante des économies offrent de nouvelles perspectives de débouchés et de gains de productivité et le mouvement de déréglementation financière occasionne de nouvelles opportunités de financement des investissements sur les marchés mondiaux. 
 + 
 +== Document. Top 100 mondial des FMN non financières, classées par actifs étrangers, en 2017, en millions de dollars et en nombre de salariés == 
 + 
 +{{:ses:top100fmncnuced.png?600|}}{{:ses:top100fmncnuced.ods?400|Version ods}} 
 + 
 +''Source : CNUCED, 06 Jun 2018. Disponible en ligne : https://unctad.org/Sections/dite_dir/docs/WIR2018/WIR18_tab19.xlsx'' 
 + 
 +Le tableau ci-dessus illustre la domination, toujours d'actualité, des firmes issues des pays développés : sur les 100 premières firmes multinationales non financières, seules huit sont issues d'un pays en développement ou émergent (en l'occurrence de Hong-Kong, Chine, Corée & Singapour), l'essentiel d'entre elles étant issues de la « Triade » (Amérique du Nord, Union Européenne, Japon).
  
 {{page>ses:lexique_de_ses#competitivite}} {{page>ses:lexique_de_ses#competitivite}}
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 Sans entrer dans le détail des évolutions historiques, on rappellera qu'en se dotant d'un grand marché intérieur et d'une monnaie unique, les pays européens mènent une expérience originale d'intégration plus étroite de leurs économies. On montrera que l'union monétaire revêt une importance particulière dans le contexte monétaire et financier international, et qu'elle renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des États membres. On s'interrogera sur les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne. Sans entrer dans le détail des évolutions historiques, on rappellera qu'en se dotant d'un grand marché intérieur et d'une monnaie unique, les pays européens mènent une expérience originale d'intégration plus étroite de leurs économies. On montrera que l'union monétaire revêt une importance particulière dans le contexte monétaire et financier international, et qu'elle renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des États membres. On s'interrogera sur les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne.
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 +
 +==== 1. Les caractéristiques de l'intégration européenne ====
 +
 +Le processus d’intégration européen, tel qu'il a été conçu au départ, n’était pas seulement un processus d’intégration **économique** mais c'était également un projet **politique** dont l’objectif était de créer une entité supranationale au dessus des pouvoirs nationaux, dans une logique fédéraliste.
 +
 +=== Un peu d'Histoire... ===
  
 {{page>ses:lexique_de_ses#union_economique_et_monetaire}} {{page>ses:lexique_de_ses#union_economique_et_monetaire}}
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 {{page>ses:union_europeenne}} {{page>ses:union_europeenne}}
  
-=== Les principales institutions européennes : ===+=== 1.1. Les principales institutions européennes : === 
 + 
 +Le fonctionnement de l'Union européenne dépend étroitement des institutions qui la composent et de leurs relations entre elles. 
 +Les principales institutions sont : 
 + 
 +  * Le **Parlement** européen détient un pouvoir législatif, de contrôle des institutions européennes et partage l’autorité budgétaire avec le Conseil de l'Union européenne. Son rôle est de représenter l'ensemble des citoyens de l’Union européenne. Ses 751 membres, les députés européens, sont élus au suffrage universel direct tous les cinq ans. 
 +  * Le **Conseil européen** est composé des chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’Union européenne, du président du Conseil européen (élu par les membres pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois) et du président de la Commission européenne. Il est charger de définir, par consensus entre ses membres, des grandes orientations et des priorités en terme de politique générale. 
 +  * Le **Conseil** (ou "Conseil de l'Union européenne" ou "Conseil des ministres") représente les gouvernements des États membres de l’Union européenne. Il possède, avec le Parlement, un pouvoir législatif. Il est également responsable de la politique étrangère et de sécurité(PESC), de coordonner les politiques des États membres, d'approuver le budget européen et de conclure des accords internationaux. Il est composé d'un ministre de chaque État membre, ministres qui se réunissent sur des thèmes spécifiques (par exemple, si le thème est l'éducation, ce sont les ministres de l'éducation de chacun des États membres qui sont présents). 
 +  * La **Commission** européenne est le principal détenteur du pouvoir exécutif (avec le Conseil). Elle est composée d'un commissaire par État membre (donc 28 membres). Elle est chargée de faire des propositions législatives, d’exécuter le budget européen et les politiques décidées, de veiller au respect des accords conclus et de représenter l'Union européenne sur la scène internationale.
  
 <note tip>Pour tout savoir sur les institutions de l'Union européenne, vous pouvez consulter le diaporama suivant : http://bookshop.europa.eu/fr/how-the-european-union-works-pbNA0414810/</note> <note tip>Pour tout savoir sur les institutions de l'Union européenne, vous pouvez consulter le diaporama suivant : http://bookshop.europa.eu/fr/how-the-european-union-works-pbNA0414810/</note>
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 +La logique de répartition des pouvoirs entre les institutions européennes et les États-membres répond au principe de subsidiarité :
  
 == Le principe de subsidiarité == == Le principe de subsidiarité ==
  
-Le **principe de subsidiarité**, d'abord défini par le Traité sur l'Union européenne (dit « Traité de Maastricht », article 3B, 1992), a été établi dans le but de répartir, de la façon la plus efficace possible, les compétences partagées entre les différents niveaux de décisions de l'Union (européen, national, régional, local). Au terme de ce principe, est affirmé l'idée que les institutions européennes n'agissent que dans les domaines où leur action est indispensable :\\+Le **principe de subsidiarité**, d'abord défini par le Traité sur l'Union européenne (dit « Traité de Maastricht », article 3B, 1992), a été établi dans le but de répartir, de la façon la plus efficace possible, les compétences partagées entre les différents niveaux de décisions de l'Union (européen, national, régional, local). Au terme de ce principe, est affirmé l'idée que les institutions européennes n'agissent que dans les domaines où leur action est indispensable :\\
 « En vertu du principe de subsidiarité, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, l'Union intervient seulement si, et dans la mesure où, les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les États membres, tant au niveau central qu'au niveau régional et local, mais peuvent l'être mieux, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, au niveau de l'Union. » (Article 5, alinéa 3 du traité « modificatif » de Lisbonne). « En vertu du principe de subsidiarité, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, l'Union intervient seulement si, et dans la mesure où, les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les États membres, tant au niveau central qu'au niveau régional et local, mais peuvent l'être mieux, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, au niveau de l'Union. » (Article 5, alinéa 3 du traité « modificatif » de Lisbonne).
  
-==== La difficile conduite des politiques économiques et sociales ====+=== 1.2. Les principales étapes de l'intégration européennes ===
  
-=== Rappels sur les politiques économiques ===+Il est important de bien connaître les étapes de l'intégration européenne car elles permettent de comprendre certains des enjeux actuels du fonctionnement de l'Union. Il est possible de distinguer les différentes étapes de l'intégration européenne en suivant la typologie établie par Béla Balassa (//The Theory of Economic Integration//, 1961), un économiste hongrois. 
 +Les différents degrés de l’intégration économique de Béla Balassa : 
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 +== Document. Les différents degrés de l’intégration économique de Béla Balassa  =
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 +<WRAP box> 
 +{{:ses:schemaintegrationeuropeenne.png?800|}} 
 +</WRAP> 
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 +==== 2. La difficile conduite des politiques économiques et sociales ==== 
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 +=== 2.1. Rappels sur les politiques économiques ===
  
 La **politique économique ** est constituée de l'ensemble des mesures prises dans le but d'atteindre les objectifs fixés par les pouvoirs publics pour améliorer le fonctionnement de l'économie et résoudre les déséquilibres qu'elle peut subir.\\ La **politique économique ** est constituée de l'ensemble des mesures prises dans le but d'atteindre les objectifs fixés par les pouvoirs publics pour améliorer le fonctionnement de l'économie et résoudre les déséquilibres qu'elle peut subir.\\
 À la suite de Nicholas Kaldor, il est usuel de considérer que ces objectifs correspondent à ce qu'il nomme le « carré magique » : plein emploi, stabilité des prix, équilibre (voire excédent) extérieur, croissance économique. À la suite de Nicholas Kaldor, il est usuel de considérer que ces objectifs correspondent à ce qu'il nomme le « carré magique » : plein emploi, stabilité des prix, équilibre (voire excédent) extérieur, croissance économique.
 +
 +Richard Musgrave établit une typologie des fonctions de l'État. Elles sont au nombre de trois :
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 +  * La fonction d'**allocation des ressources** : elle concerne essentiellement les politiques structurelles et se traduit par des actions de l'État qui infléchissent l'allocation des ressources productives par rapport à l'allocation qui résulterait du jeu de marché. L'objectif est ici de favoriser la croissance et le développement économique. Exemples : nationalisations, aménagement du territoire, politique industrielle, etc.
 +  * La fonction de **redistribution** : elle vise à modifier la répartition des revenus primaires (qui résulte du marché) dans le but de lutter contre les inégalités et la pauvreté. Exemples : protection sociale, revenus de transferts, services collectifs, etc.
 +  * La fonction de **stabilisation** (ou **régulation**) : elle concerne la régulation conjoncturelle de l'activité économique. Ses objectifs renvoient aux quatre grands agrégats économiques : favoriser la croissance, obtenir des excédents extérieurs (solde extérieur positif), lutter contre l'inflation et le chômage. C'est ce que représente le "carré magique" (l'expression de « carré magique » est due à  Nicholas Kaldor, 1971).
  
 == Schéma sur les politiques économiques == == Schéma sur les politiques économiques ==
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 {{:ses:schemapolitiqueconjoncturelle.png?600|}} {{:ses:schemapolitiqueconjoncturelle.png?600|}}
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 +=== 2.2. Les politiques économiques et sociales dans l'Union européenne ===
  
 Au sein de l'Union européenne, la politique **monétaire** est confiée au SEBC : Banque centrale européenne (BCE) + Banques centrales nationales (BCN). La BCE et les BCN sont indépendantes des gouvernements nationaux et de la Commission.\\ Au sein de l'Union européenne, la politique **monétaire** est confiée au SEBC : Banque centrale européenne (BCE) + Banques centrales nationales (BCN). La BCE et les BCN sont indépendantes des gouvernements nationaux et de la Commission.\\
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 Le **//policy mix//** correspond aux différentes combinaisons possibles entre les politiques conjoncturelles, donc entre politique monétaire et budgétaire. Le **//policy mix//** correspond aux différentes combinaisons possibles entre les politiques conjoncturelles, donc entre politique monétaire et budgétaire.
  
-<note>Pour plus de détails sur les politiques économiques, voir le cours sur la crise des Subprimes.</note>+<note>Pour plus de détails sur les politiques économiques, voir le cours sur la crise des Subprimes, chapitre 1.</note>
  
-=== Contraintes et difficultés de la politique économique de l'Union européenne ===+=== 2.3. Contraintes et difficultés de la politique économique de l'Union européenne ===
  
-La politique conjoncturelle de l'Union européenne relève donc de niveau de décision différents (niveau de l'UE avec la BCE pour la politique monétaire, niveau des États-membres pour la politique budgétaire). Cela rend alors difficile la mise en place d'un //policy mix// efficace à l'échelle de l'Union européenne.\\+La politique conjoncturelle de l'Union européenne relève donc de niveaux de décision différents (niveau de l'UE avec la BCE pour la politique monétaire, niveau des États membres pour la politique budgétaire). Cela rend alors difficile la mise en place d'un //policy mix// efficace à l'échelle de l'Union européenne.\\
 D'une part, le budget de l'Union, codécidé par la Parlement et le Conseil de l'Union européenne (voir plus haut dans le cours), est très limité. Il est donc difficile d'envisager la mise en place d'une politique à l'échelle de l'Union.\\ D'une part, le budget de l'Union, codécidé par la Parlement et le Conseil de l'Union européenne (voir plus haut dans le cours), est très limité. Il est donc difficile d'envisager la mise en place d'une politique à l'échelle de l'Union.\\
 D'autre part, la coordination des différentes politiques budgétaires s'avère difficile, chaque pays cherchant avant tout à défendre ses intérêts nationaux. Or, comme nous l'avons vu précédemment, les pays peuvent subir des chocs asymétriques, nécessitant des politiques différentes, voire opposées.\\ D'autre part, la coordination des différentes politiques budgétaires s'avère difficile, chaque pays cherchant avant tout à défendre ses intérêts nationaux. Or, comme nous l'avons vu précédemment, les pays peuvent subir des chocs asymétriques, nécessitant des politiques différentes, voire opposées.\\
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 {{:ses:plansrelancecrisesubprimes.png?600|}} {{:ses:plansrelancecrisesubprimes.png?600|}}
  
-Enfin, la BCE étant indépendante, la politique monétaire qu'elle poursuit peut se trouver en opposer avec les politiques budgétaires des États-membres.\\+Enfin, la BCE étant indépendante, la politique monétaire qu'elle poursuit peut se trouver en opposer avec les politiques budgétaires des États membres.\\
 À noter, le rôle important de la BCE durant la crise de Subprimes, BCE qui a de fait joué le rôle de prêteur en dernier ressort. À noter, le rôle important de la BCE durant la crise de Subprimes, BCE qui a de fait joué le rôle de prêteur en dernier ressort.
  
-Un deuxième problème réside dans le caractère jugé rigides des règles de fonctionnement de l'UE :+Un deuxième problème réside dans le caractère jugé rigide des règles de fonctionnement de l'UE :
  
 => L'absence d'un objectif dual de la politique monétaire (comme celui de la FED)\\ => L'absence d'un objectif dual de la politique monétaire (comme celui de la FED)\\
-=> Un Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) particulièrement contraignant. Les principales critiques portent sur le critère de stabilité des prix (l'inflation ne doit pas dépasser de plus de 1.5 points la moyenne des trois meilleurs taux), le critère de déficit public (le déficit public ne doit pas excéder 3 % du PIB) et le critère de dette publique (elle ne doit pas dépasser 60 % du PIB).+=> Un Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) particulièrement contraignant. Les principales critiques portent sur le critère de stabilité des prix (l'inflation ne doit pas dépasser de plus de 1.5 point la moyenne des trois meilleurs taux), le critère de déficit public (le déficit public ne doit pas excéder 3 % du PIB) et le critère de dette publique (elle ne doit pas dépasser 60 % du PIB).
  
-Ces règles réduisent encore les marges de manoeuvre en matière de politique conjoncturelle et peuvent donc entraver son efficacité. Se pose alors la question d'une souplesse plus grande de ces critères qui rendrait possible le recours à des politique discrétionnaires.+Ces règles réduisent encore les marges de manoeuvre en matière de politique conjoncturelle et peuvent donc entraver son efficacité. Se pose alors la question d'une souplesse plus grande de ces critères qui rendrait possible le recours à des politiques discrétionnaires.
  
 **Rappel :** **Rappel :**
ses/tes/chap3.txt · Dernière modification: 2019/04/03 14:14 de yam