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Joseph Schumpeter, progrès technique et évolution économique

Repères biographiques (1883-1950)

Vie personnelle :

Joseph Aloïs1) Schumpeter est né à Triesch en Moravie (Empire austro-hongrois, actuelle République Tchèque) en février2) 1883 (année de naissance de John Maynard Keynes et année de décès de Karl Marx). Il meurt le 8 janvier 1950 à Salisbury (Connecticut, États-Unis).

Il est le fils de Joseph Schumpeter père, industriel du textile, propriétaire d'une filature dans la région, et de Johanna Schumpeter, née Grüner, fille d'un physicien. Son père décède en 1887, alors qu'il avait quatre ans. Sa mère se remarie en 1893 à un officier haut-gradé, Sigismund von Kéler, proche de la cour de Vienne (Autriche). Éduqué par sa mère et son beau-père à Vienne, il reçoit une éducation élitiste, côtoyant l'aristocratie et la haute bourgeoisie viennoise.

Études :

En 1901, il entame des études de droit et d'économie à l'université de droit et sciences politiques de Vienne. Il y sera notamment l’élève de Böhm-Bawerk et fréquente certains membres de « l’école marginaliste autrichienne ». En 1906, il y obtiendra son doctorat.

Carrière :

En 1908, il publie son premier ouvrage, Nature et contenu principal de la théorie économique (Das Wesen und der Hauptinhalt der theoretischen Nationalökonomie). En 1909, il est nommé professeur à l'université de Czernowitz (aujourd'hui Tchernivtsi, Ukraine). À partir de 1911, il enseigne à l'université de Graz (Autriche). Il y côtoie Max Weber et Werner Sombart avec lesquels il dirige les Archives pour les sciences sociales (Archiv für Sozialwissenschaften) de 1911 à 1919. En 1912, paraît la Théorie de l'évolution économique : recherche sur le profit, le crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture (Theorie der wirtschaftlichen Entwicklung, édité en 1912 mais préface en 1911 ; deuxième édition en 1926).

En 1919, il devient ministre des Finances dans le gouvernement de Otto Bauer, composé de membres des partis social-démocrate et chrétien social. En 1921, il dirige une banque privée, la Biedermannbank de Vienne, jusqu'à sa faillite en 1924. Ces deux expériences seront des échecs.

Il reprend alors sa carrière universitaire à l'université de Bonn (Allemagne) en 1925. En 1932, fuyant la montée du nazisme, il rejoint l'université de Harvard (États-Unis), qu'il ne quittera plus. Il y écrit plusieurs de ses oeuvres majeures : Les Cycles d'affaires (Business Cycles: a Theoretical, Historical and Statistical Analysis of the Capitalist Process, 1939) ; Capitalisme, socialisme et démocratie (Capitalism, Socialism, and Democracy, 1942) ; Histoire de l'analyse économique (History of Economic Analysis, publié à titre posthume par sa femme en 1954).

L'innovation, au cœur de l'analyse de Joseph Aloïs Schumpeter

Les cinq formes de l'innovation
Innovation [Définition générale]

De façon générale, l'innovation peut se définir comme l’application économique d’une invention, c'est-à-dire l'application d'une invention à une fin industrielle ou commerciale.
Exemple : la découverte de la pression (invention) donne lieu à la création de la machine à vapeur (innovation).

C'est Joseph Schumpeter qui distingue 5 types différents d'innovation (il utilise le terme d'« évolution ») :

Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des consommateurs, ou d'une qualité nouvelle d'un bien.
Introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de la branche intéressée de l'industrie ; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une découverte scientifiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise.
Ouverture d'un débouché nouveau, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait existé avant ou non.
Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés ; à nouveau, peu importe qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on ne l'ait pas prise en considération ou qu'elle ait été tenue pour inaccessible.
Réalisation d'une nouvelle organisation3), comme la création d'une situation de monopole (par exemple la trustification4)) ou l'apparition brusque d'un monopole.

Source : Joseph Schumpeter, Théorie de l'évolution économique. Recherche sur le profit, le crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture, 1912 (traduction française, 1935).

Innovation de produit

Une innovation de produit désigne l’introduction sur le marché d’un nouveau bien ou d’un nouveau service ou l'amélioration d'un bien ou service existant. Elle peut affecter fortement la demande et avoir un impact important sur le mode de vie et le bien-être des individus.
Exemples : services de transport aériens ou ferroviaires, automobiles, téléphones mobiles, tablettes tactiles, micro-ondes, etc.

Innovation de procédé

Une innovation de procédé désigne l’ensemble des méthodes de production ou de commercialisation qui transforment le processus de production. Elle peut affecter fortement l'offre des producteurs.
Exemples : métier à tisser, utilisation de l'électricité, du pétrole, du laser ou encore du plastique dans la production, Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), etc.

 
1)
Aussi écrit « Aloys ».
2)
Selon les sources, la date de naissance mentionnée est le 3 ou le 8 février 1883 (plutôt le 8).
3)
Soulignés par nous.
4)
Un « trust » est une entreprise en situation de monopole ou de quasi-monopole et qui, de ce fait, exerce une domination sur le marché.
ses/joseph_schumpeter.txt · Dernière modification: 2016/10/25 09:53 de yam