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L'élasticité sert à comparer l'évolution de deux variables économiques liées par une relation de cause à effet. Elle mesure l'impact de la variation d'une variable sur celle d'une autre variable. Si l'on nomme « e(x/y) » l'élasticité de la variable x par rapport à la variable y, le calcul pour l'obtenir est le suivant :
Parmi les élasticités « usuelles », on trouve :
l'élasticité-prix de la demande (élasticité de la demande d'un bien ou d'un service par rapport à son prix), l'élasticité-revenu de la demande, l'élasticité-croisée de 2 produits ;
l'élasticité prix de l'offre ;
l'élasticité des importations par rapport aux exportations, l'élasticité du PIB par rapport aux importations et l'élasticité du PIB par rapport aux exportations.
Remarque méthodologique :
Le calcul de l'élasticité n'a de sens que s'il existe une causalité (une relation de cause à effet) entre les variables comparées et non une simple corrélation (une liaison réciproque) ! 1)
Cependant, l'existence d'une causalité ne suffit pas à justifier le calcul de l'élasticité. Il faut faire attention au sens de la causalité.
Dans l'exemple du calcul de l'élasticité Demande/Revenu (au niveau microéconomique), l'objectif est de mesurer l'effet de la variation du revenu sur le niveau de la demande de biens et de services. L'inverse n'aurait guère de sens. En effet, les agents économiques déterminent le niveau de leur demande (ce qu'ils souhaitent consommer) en fonction du revenu dont ils disposent (leur budget). Par contre, le niveau du revenu qu'ils perçoivent n'est pas déterminé par la demande qu'ils expriment.
Dans celui du calcul de l'élasticité PIB/Exportations (au niveau macroéconomique), il s'agit de mesurer l'effet de la variation des exportations sur le niveau du PIB. Autrement dit, le calcul permet de savoir dans quelle mesure les exportations ont un impact sur la richesse nationale 2).
Lorsque l'on cherche à comparer deux variables économiques, il faut donc s'interroger sur la pertinence du calcul de l'élasticité.
De façon générale, on peut interpréter le résultat en fonction de la valeur de e(x/y) :
Dans ces 2 cas, on dit que « x est élastique à y ».
Dans ces 2 cas, on dit que « x est inélastique à y ».
Au sein de chaque cas, on distingue des degrés d'élasticité/d'inélasticité (forte, faible…).
Selon l'élasticité étudiée, l'interprétation des résultats peut varier sensiblement. Si l'on reprend l'exemple de l'élasticité Demande/Revenu d'un bien (ou service), on ne retiendra le plus souvent que trois cas de figure :
L'étude de l'élasticité Demande/Revenu renvoie à la loi d'Engel :
C'est le statisticien et économiste allemand Ernst Engel (1821-1896) qui est à l'origine de cette loi.
C'est la loi selon laquelle, lorsque le niveau de vie augmente, la demande des ménages se porte successivement :
Ainsi, plus un individu, un ménage voire une population sont pauvres, plus grand est le pourcentage de leur revenu qu’ils doivent consacrer à leur entretien physique (dont la nourriture représente la part la plus importante). Le corollaire de cette loi est que lorsque le revenu augmente, la part consacrée aux biens alimentaire diminue (l’élasticité des biens alimentaires est donc inférieure à 1).
Autre cas à retenir, celui qui concerne le calcul de l'élasticité Demande/Prix, l'effet Veblen et les biens Giffen :
Ces deux cas particuliers, effet Veblen et biens Giffen, s'appliquent à des biens ou des services dont l'élasticité Demande/Prix est supérieure à 1 (donc des biens dont la consommation augmente plus vite que leur prix).
L'effet Veblen :
Lorsque Thorstein Bunde Veblen écrit Théorie de la classe de loisir (1899), il souligne l'émergence d'une nouvelle catégorie de la population qui se caractérise par des comportements de « consommation ostentatoire » : elle ne consomme pas pour satisfaire ses besoins mais pour se distinguer socialement des autres (ce qui correspond, pour Veblen, à un « gaspillage »). D'où « l'effet Veblen » (on parle aussi de « bien Veblen ») : lorsque le prix d'un bien augmente, la proportion de personnes pouvant l'acheter diminue. Le posséder permet alors de signaler aux autres que l'on appartient à cette catégorie de personnes, ce qui explique l'augmentation de sa consommation. A l'inverse, lorsque le prix de ce bien diminue, il ne constitue plus une « bonne » façon de montrer son appartenance sociale, sa consommation diminue alors (on peut rapprocher cette notion de celle de biens « supérieurs » et, bien sûr, du cours sur la stratification sociale).
Les biens Giffen :
C'est Alfred Marshall, dans Principes d'économie politique (1890), qui donne une postérité à Robert Giffen, statisticien et économiste, en définissant ce que l'on nommera les biens Giffen (ou biens de Giffen) :
« […] Comme Sir R. Giffen l'a signalé une élévation dans le prix du pain draine à tel point les ressources des familles ouvrières pauvres, et élève tellement l'utilité-limite de la monnaie pour elles, qu'elles sont obligées de réduire leur consommation en viande et en farineux les plus coûteux : et, le pain étant encore la nourriture la moins chère qu'elles puissent consommer, bien loin d'en consommer moins, elles en consomment davantage. »
Source : Alfred Marshall, Principes d'économie politique, 1890 (traduction française en 1906), Tome I, Livre IV.
Autrement dit, lorsque le prix de ces biens augmente, les individus substituent ces biens à d'autres plus chers et donc en consomment davantage (on peut, cette fois, rapprocher cette notion de celle de biens « inférieurs »).