Le « strobiloïde » (du grec strobilos, toupie) est une « invention » du sociologue Henri Mendras, mais c'est Louis Chauvel qui, par ses travaux, contribue à formaliser et à populariser cet outil de représentation des inégalités.
Il s'agit de représenter sous forme graphique la répartition d'une variable permettant de mesurer les inégalités (en général le revenu et/ou le patrimoine). La forme que prend cette représentation donne alors une idée « visuelle » (toupie, cloche, sapin…) et relativement « intuitive » (la lecture d'un strobiloïde est simple) des inégalités (en terme de proportion comme de position relative des individus).
Le strobiloïde permet soit :
Sur l'axe vertical est représenté la variable sous forme d'indice croissant (plus on monte, plus le niveau de la variable est important !). L'indice 100 correspond à la médiane de la variable (revenu médian et/ou patrimoine médian).
Sur l'axe horizontal est représenté la proportion d'individus en pourcentage.
Le « renflement » (la largeur) du strobiloïde est donc proportionnel au nombre d'individus correspondant au revenu (resp. patrimoine). Le strobiloïde met ainsi en relation la proportion d'individus et le revenu (resp. patrimoine) détenu ou, pour le dire encore autrement, chacun des points de la courbe indique quelle proportion de la population touche quel revenu (resp. détient quel patrimoine).
Rappel : les « pauvres » sont définis, en France, comme les personnes qui perçoivent moins de la moitié du revenu médian (50 %). Les « classes moyennes » se situent entre 50% du revenu médian et 200 %. Les riches au-dessus de 200 %.
La forme du strobiloïde indique alors le type de répartition des inégalités (et donc de société) auquel on a à faire :
Source : Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », Revue de l'OFCE, n°79, 4/2001, p. 315. Disponible en ligne : www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2001-4-page-315.htm
Source : Louis Chauvel, « Sur les strobiloïdes, courbes de répartition : jalons pour une analyse comparative internationale et diachronique des inégalités économiques », Document de travail OFCE,1995, p.12. Disponible en ligne : http://louis.chauvel.free.fr/strobioloidesdoctravailINEGALI2.pdf
Note : à gauche est l’ancienne date (par exemple pour la Suède, il faut lire 1981), à droite la plus récente (pour la Suède 2011) en trait plein et les pointillés permettent de repérer les changements intervenus.
Source : Louis Chauvel, « Moyennisation ou polarisation ? La dynamique des classes moyennes en France dans un monde globalisé », Cahiers français, 2014, n°378, p. 24. Disponible en ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/libris/0900004037807/0900004037807_EX.pdf
Voir aussi l'exemple tiré de Louis Chauvel, « Classes moyennes, Le grand retournement », Le Monde, Focus, mercredi 3 mai 2006. Disponible en ligne : http://www.louischauvel.org/LeMondeclassesmoyennes.pdf