Outils pour utilisateurs

Outils du site


ses:tes:chap4

Chapitre 4. Intégration, conflit, changement social

I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

Notions : Solidarité mécanique / organique, cohésion sociale.

Acquis de première : socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux.

Indications complémentaires :

Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes. On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne remet pas en cause l'intégration sociale.

Quelques exemples de sujets du bac :
EC3 :
Vous montrerez que la famille contribue à l'intégration sociale des individus. (Polynésie, 2013)
Vous montrerez que le rôle du travail comme instance d'intégration sociale s'est affaibli. (Liban, 2014)
Vous montrerez comment l'école en tant qu'instance d'intégration contribue à la cohésion sociale. (Antilles-Guyane, 2015)
Vous montrerez que l'école contribue à l'intégration sociale des individus. (Nouvelle-Calédonie, 2015)
Vous montrerez que la famille contribue à la cohésion sociale. (Polynésie, 2016)
Vous montrerez que les formes de solidarité ont évolué. (France métropolitaine, 2018)
Vous montrerez que la famille est une instance d'intégration importante. (Polynésie, 2018)

Dissertation :
Quelle est la contribution de l'école à la cohésion sociale en France aujourd'hui ? (France métropolitaine, 2012)
Comment les sociétés où s'affirme le primat de l'individu parviennent-elles à créer du lien social ? (France métropolitaine, 2013)
En France, aujourd'hui, le lien social repose-t-il seulement sur la solidarité organique ? (Amérique du Nord, 2014)
Les évolutions de la famille remettent-elles en cause son rôle dans l'intégration sociale ? (Autres centres étrangers, 2014)
Les évolutions de la famille remettent-elles en cause son rôle d'intégration sociale ? (Nouvelle-Calédonie, 2016)
Y a-t-il une remise en cause de l'intégration sociale aujourd'hui ? (Antilles-Guyane, 2016)
Peut-on dire que les évolutions de la famille remettent en cause son rôle dans l'intégration sociale aujourd'hui ? (Liban, 2017)
Les instances d'intégration sont-elles toujours source de cohésion sociale ? (France métropolitaine, 2017)
Dans quelle mesure la famille favorise-t-elle l'intégration sociale aujourd'hui ? (Antilles-Guyane, 2018, rattrapage)

Introduction

La question du lien social est centrale pour les fondateurs de la sociologie comme Émile Durkheim (sociologue français, 1858-1917) dont la pensée s’élabore au moment où émerge ce que l'on va nommer la société moderne, c'est-à-dire celle issue des transformations de la fin du XIXe siècle notamment : augmentation de la population, urbanisation, industrialisation, etc.

Comme vous l'avez vu en 1ES, qui dit lien social, dit relations sociales entre individus ou groupes sociaux, relations sociales qui permettent aux individus de se socialiser et donc de s'intégrer à la société. Au sens large, le lien social comprend donc les relations familiales, amicales, celles qui se nouent au cours d’activités associatives ou religieuses, mais aussi les relations économiques, politiques…

Document. Liens & ruptures des liens sociaux chez Serge Paugam

version odp

Lorsque ces liens sont forts, que les individus partagent des valeurs et des normes communes, qu'ils ont un sentiment d'appartenance à la société, qu'ils se sentent intégrés, solidaires les uns des autres, on parlera de cohésion sociale (par opposition à une situation où ces liens se trouveraient affaiblis, conduisant à une crise du lien social).

Rappel :

Valeurs

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions)

Les valeurs sont un ensemble de principes, de croyances, de modes de pensée auxquels adhèrent des individus ou des groupes et qui guident leurs comportements. Elles représentent un « idéal », un critère de choix du comportement à adopter. Les valeurs trouvent leur expression dans des normes.
Exemples : l'attachement à la famille, la croyance religieuse, l'amitié, le travail, etc.
Les valeurs évoluent selon les époques.
Exemple : le travail, considéré négativement pendant longtemps.
Les valeurs peuvent également varier en fonction des catégories sociales et des sociétés.
Exemple : les goûts alimentaires qui diffèrent d'une catégorie sociale à l'autre.

⇒ Au sens économique, voir Prix relatif.

 
Normes

(Programme 1ES 2010, Notions)

Les normes sont un ensemble de règles et d'usages qui découlent des valeurs en vigueur au sein d'une société ou d'un groupe social. Elles sont partagées par les individus qui en sont membres et s'imposent à eux.
Les normes peuvent être formelles ou être informelles :
- dans le cas de normes formelles, elles prennent la forme de règles formalisées et objectivées. Exemples : code pénal français, règlement intérieur d'un lycée, etc.
- dans le cas de normes informelles, elles prennent la forme de traditions, d'us et coutumes ou encore d'habitudes. Exemples : règles de politesse (comme celles liées la salutation ou à l'expression d'une requête), manières de table (posture, ordre du service, utilisation des couverts…), protocole (règles de présentation, de préséance…).
Elles peuvent donner lieu à des sanctions (ou du moins à la réprobation) lorsqu'elles ne sont pas respectées.
Comme les valeurs, les normes varient dans le temps et l'espace.

 

Pour Durkheim, la façon dont est organisée la société influe fortement sur les relations sociales et donc sur la forme de solidarité entre individus qui en découle. Il distingue ainsi deux types de société et par conséquent deux formes de solidarité : aux sociétés dites traditionnelles est attachée la solidarité mécanique quand les sociétés modernes se caractérisent par la solidarité organique.

1.1. De la solidarité mécanique à la solidarité organique

La solidarité mécanique

Dans son ouvrage De la division du travail social (1893), Durkheim montre que la solidarité mécanique est spécifique aux sociétés traditionnelles. Ces dernières sont des sociétés homogènes qui se caractérisent à la fois par une division du travail faible et par une conscience collective forte et engendrent une solidarité fondée sur les ressemblances fortes entre les individus (“qui se ressemble s'assemble”…).

En effet, les sociétés traditionnelles sont d'abord peu peuplées et peu urbanisées : le nombre d’individus sur un territoire donné (ce que Durkheim nomme la densité matérielle) est faible ; de ce fait, l’intensité des communications et des échanges entre les individus (ce que Durkheim nomme la densité morale) est faible elle aussi.
De plus, étant peu développées (on parle souvent de sociétés préindustrielles), ces sociétés rendent moins nécessaires les interactions et la division sociale du travail y est faible.
Bref, moins les individus sont nombreux sur un territoire, moins les échanges entre les individus sont fréquents et moins la division du travail est développée.

Parce que les individus sont peu spécialisés, ils se différencient peu (leurs fonctions sociales sont similaires) et ont tendance à adopter les mêmes croyances les mêmes normes et valeurs (ils existent parce qu'ils appartiennent à un groupe) : ils se caractérisent par une similitude des consciences. C'est d'autant plus vrai que les instances de socialisation (la famille ou le clan, les institutions religieuses notamment) sont peu nombreuses et contribuent, souvent de manière complémentaire, à transmettre le système de valeurs communes.

Document. La solidarité mécanique propre aux sociétés traditionnelles

La première [sorte de solidarité] ne peut être forte que dans la mesure où les idées et les tendances communes à tous les membres de la société dépassent en nombre et en intensité celles qui appartiennent personnellement à chacun d'eux. Elle est d'autant plus énergique que cet excédent est plus considérable. Or, ce qui fait notre personnalité, c'est ce que chacun de nous a de propre et de caractéristique, ce qui le distingue des autres. Cette solidarité ne peut donc s'accroître qu'en raison inverse de la personnalité. Il y a dans chacune de nos consciences, avons-nous dit, deux consciences : l'une, qui nous est commune avec notre groupe tout entier, qui, par conséquent, n'est pas nous-mêmes, mais la société vivant et agissant en nous ; l'autre qui ne représente au contraire que nous dans ce que nous avons de personnel et de distinct, dans ce qui fait de nous un individu. La solidarité qui dérive des ressemblances est à son maximum quand la conscience collective recouvre exactement notre conscience totale et coïncide de tous points avec elle : mais, à ce moment, notre individualité est nulle. […] Au moment où cette solidarité exerce son action, notre personnalité s'évanouit, peut-on dire, par définition ; car nous ne sommes plus nous-mêmes, mais l'être collectif.

Les molécules sociales qui ne seraient cohérentes que de cette seule manière ne pourraient donc se mouvoir avec ensemble que dans la mesure où elles n'ont pas de mouvements propres, comme font les molécules des corps inorganiques. C'est pourquoi nous proposons d'appeler mécanique cette espèce de solidarité. […] Ce qui achève de justifier cette dénomination, c'est que le lien qui unit ainsi l'individu à la société est tout à fait analogue à celui qui rattache la chose à la personne. La conscience individuelle, considérée sous cet aspect, est une simple dépendance du type collectif et en suit tous les mouvements, comme l'objet possédé suit ceux que lui imprime son propriétaire. Dans les sociétés où cette solidarité est très développée, l'individu ne s'appartient pas, nous le verrons plus loin ; c'est littéralement une chose dont dispose la société.

Source : Émile Durkheim, De la division du travail social, 1893.

Le texte de Durkheim montre bien que la conscience collective – vue comme l’ensemble des croyances, des sentiments communs aux membres d’une société – propre à ces sociétés est d'autant plus forte que les individus ont une conscience individuelle faible.
Pour prendre une image différente de celle des “molécules”, les individus sont un peu comme des pièces de dominos, pièces qui sont peu différentes, mais qui forment un tout cohérent en se tenant les unes aux autres.

Les individus sont intégrés à la société parce qu'ils sont semblables et qu'ils se comportent en accord avec les valeurs et les normes communes. On comprend alors que dans ce type de société, les individus qui se distinguent des autres, qui sont déviants, sont mal acceptés dans la mesure où ils menacent la cohésion du groupe : il suffit d'une pièce pour faire s'écrouler le domino formé par la société…
Par conséquent, ces sociétés se caractérisent par un droit répressif : tout individu qui ne respecte pas les règles de la société est réprimé ou en est exclu.

La solidarité organique

Cependant, parce les sociétés évoluent, les formes de solidarité changent : parce que l'on passe des sociétés traditionnelles aux sociétés modernes, la solidarité organique va peu à peu se substituer à la solidarité mécanique.

Document. La solidarité organique propre aux sociétés où prévaut la division du travail

Il en est tout autrement de la solidarité que produit la division du travail. Tandis que la [solidarité] précédente implique que les individus se ressemblent, celle-ci suppose qu’ils diffèrent les uns des autres. La première n’est possible que dans la mesure où la personnalité individuelle est absorbée dans la personnalité collective ; la seconde n’est possible que si chacun a une sphère d’action qui lui est propre, par conséquent une personnalité. Il faut donc que la conscience collective laisse découverte une partie de la conscience individuelle, pour que s’y établissent ces fonctions spéciales qu’elle ne peut pas réglementer ; et plus cette région est étendue, plus est forte la cohésion qui résulte de cette solidarité. En effet, d’une part, chacun dépend d’autant plus étroitement de la société que le travail est plus divisé, et, d’autre part, l’activité de chacun est d’autant plus personnelle qu’elle est plus spécialisée. […]

À quelles causes sont dus les progrès de la division du travail ? […] La division du travail progresse d'autant plus qu'il y a plus d'individus qui sont suffisamment en contact pour pouvoir agir et réagir les uns sur les autres. Si nous convenons d'appeler densité dynamique ou morale ce rapprochement et le commerce actif qui en résulte, nous pourrons dire que les progrès de la division du travail sont en raison directe de la densité morale ou dynamique de la société. Mais ce rapprochement moral ne peut produire son effet que si la distance réelle entre les individus a elle-même diminué, de quelque manière que ce soit. […] La formation des villes et leur développement est un autre symptôme [de ce] phénomène.

Source : Émile Durkheim, De la division du travail social, 1893.

En effet, la fin du XIXe siècle connaît de nombreux changements :
Tout d'abord, la densité matérielle (ou démographique) et morale s'accroissent : l'augmentation de la population consécutive à la transition démographique (ceux qui suivent le cours d'économie approfondie se souviennent nécessairement de ce concept, les autres se rappellent certainement du processus démographique – vu en histoire-géographie – qui montre que parce que la population augmente du fait d'une baisse de la mortalité qui ne sera suivie que plus tard d'une baisse de la natalité…) et l'urbanisation augmente les occasions d'interaction entre les individus.
Cette densité plus forte oblige ensuite les individus à une division sociale du travail plus forte, seule à même de subvenir aux besoins de tous et d'éviter les conflits (on notera que la pensée de Durkheim ici n'est pas si différente de celle de Smith quand ce dernier montre que les individus deviennent plus interdépendants à l'image du boucher qui a besoin du cordonnier…)

Du fait de cette division sociale du travail, les individus deviennent à la fois plus interdépendants – elle oblige les individus à échanger des biens et des services, mais aussi à nouer des relations sociales plus étroites et plus régulières – et plus autonomes – en se spécialisant, l'individu va acquérir une conscience individuelle plus affirmée (c'est le développement de l'individualisme et l'affaiblissement de la conscience collective), liée à la multiplication des occasions et des lieux de socialisation.

Par conséquent, les individus sont désormais solidaires parce qu'ils sont complémentaires les uns des autres. C'est d'ailleurs de là que vient le nom donné par Durkheim à cette forme de solidarité, la solidarité organique : l'organisme vivant (la société) ne peut survivre privé de l'un de ses organes (les poumons, le cœur…).

Cette solidarité s'accompagne, d'un droit restitutif : le droit ne vise plus tant à réprimer les comportements déviants qu'à réparer les dommages éventuellement causés par les individus. On pensera ici à l'exemple de TIG (Travaux d'intérêt général) qui viennent parfois se substituer aux sanctions financières ou à des peines de prison.

Si la solidarité organique domine, la solidarité mécanique n'a pas pour autant disparu...

Cependant, même de nos jours, la solidarité organique n’a pas fait disparaître totalement la solidarité mécanique : encore aujourd'hui, on trouve des formes de solidarité mécanique dans nos sociétés. Par exemple :

  • des liens familiaux ;
  • des liens sociaux nés de l’appartenance à une même nation, voire une même région (cas des Flamands, des Corses…) ;
  • aux liens qui reposent sur l’appartenance à un même groupe social (cas de la bande) ou religieux (cas de la paroisse voisine), voire à un même groupe ethnique ou culturel (cas des communautés résidant dans les Balkans…)…

Même si la solidarité organique domine nos sociétés, les liens sociaux ne sont pas fondés uniquement sur la complémentarité liée à la division sociale du travail, mais aussi sur le partage de valeurs et de croyances communes aux groupes sociaux. Un bon exemple de la manifestation de cette solidarité mécanique pourrait d'ailleurs être les phénomènes d'émeute de banlieues évoquées régulièrement par les journaux (par exemple, à Aulnay-sous-Bois, début 2017), dont les plus emblématiques restent celles de 2005.

1.2. Primat de l'individu et transformation des liens sociaux

Qui dit “primat de l'individu”, dit que l'individu occupe une place de premier plan dans nos sociétés relativement au collectif. Autrement dit, cela passe par l'individualisation croissante de nos sociétés, donc la montée de l'individualisme.

La question qu'il importe de se poser ici est celle de l'impact de la montée de l'individualisme sur les liens sociaux. Contribue-t-il au renforcement des liens sociaux – donc à la cohésion sociale – au sein de nos sociétés modernes ? Contribue-t-il, au contraire, à une remise en cause – et donc à une crise – du lien social ?

Durkheim (De la division du travail social, 1893) montre que les sociétés où le travail est divisé voient se développer une solidarité fondée sur la différenciation et la complémentarité des individus.

1.3. Instances de socialisation et transformation des liens sociaux

Rappels :

Socialisation

« Nous définissons la socialisation comme étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre. »

Source : Guy Rocher, Introduction à la Sociologie générale, volume 1, HMH, 1968.

Si l'on suit la définition donnée par Guy Rocher, plusieurs éléments permettent de caractériser la socialisation :

  • tout d'abord, il s'agit d'un processus : c'est un phénomène qui s'inscrit dans la durée, tout au long de la vie des individus et pas seulement durant l'enfance (quand ?).
  • la socialisation s'opère au sein d'instances (ou institutions) de socialisation auxquelles l'individu est confronté durant sa vie (où ? qui ?).
  • elle consiste à intérioriser les manières de sentir, de penser et d'agir, c'est-à-dire les valeurs et normes en vigueur dans la société à laquelle l'individu appartient (quoi ?).
  • elle permet aux individus de construire leur identité, donc de s'intégrer à la société en endossant leurs différents rôles et statuts (pourquoi ?).
 
Socialisation primaire/secondaire

(Programme 1ES 2010, Notions)

La socialisation primaire se déroule essentiellement au cours de l'enfance. L'enfant intériorise peu à peu les normes et les valeurs en vigueur dans la société à laquelle il appartient. Ce processus peut se faire par imitation, contrainte, réinterprétation ou même rejet. La famille et l'école jouent un rôle prépondérant durant la socialisation primaire.

La socialisation secondaire se poursuit tout au long de la vie au travers des diverses rencontres et expériences de l'individu. D'autres instances interviennent lors du processus de socialisation secondaire : groupe de pairs, sphère professionnelle, médias, etc.

 

La famille

L'école

L'État

Le travail

Document. Le processus d'exclusion : désaffiliation et disqualification sociales

L’exclusion est à la fois un défaut d’insertion ou d’intégration des individus, mais aussi le résultat d’un défaut de la cohésion sociale globale. […]

Robert Castel propose trois zones de cohésion sociale : « l’association travail stable/insertion relationnelle solide caractérise une zone d’intégration. À l’inverse, l’absence de participation à toute activité productive et l’isolement relationnel conjuguent leurs effets négatifs pour produire de l’exclusion, ou plutôt, de la désaffiliation. La vulnérabilité sociale est une zone intermédiaire, instable, qui conjugue la précarité du travail et la fragilité des supports de proximité »(1). Bien entendu, rien n’est mécanique, ni donné une fois pour toute. Ainsi, une précarité du travail peut être compensée par une forte relation familiale, de voisinage ou d’entraide forte (milieu populaire). De même, une structure corporatiste (de type artisanal ou agricole) peut compenser la faiblesse économique, alors que dans le cas des populations assistées, l’assurance d’un revenu ne compense pas l’absence des liens sociaux. Lors d’une crise, la zone de vulnérabilité se gonfle et se déverse dans la zone de désaffiliation : la cohésion du lien social dépend alors des « relations » entre ces trois zones. L’exclusion n’est donc pas un modèle statique : elle est pour Robert Castel l’aboutissement d’un processus qui génère de la désaffiliation. […]

Serge Paugam considère « la disqualification sociale » des individus comme étant « le discrédit de ceux dont on peut dire qu'ils ne participent pas pleinement à la vie sociale »(2)

1. Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Fayard, 1995.
2. Serge Paugam, La disqualification sociale : Essai sur la nouvelle pauvreté, PUF, 1991.
Source : Olivier Mazel, « L’exclusion », Ecoflash n°137-138, avril-mai 1999.

Pour visualiser les données de la Banque mondiale sur le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le monde : http://iresearch.worldbank.org/PovcalNet/povDuplicateWB.aspx

Traduction des mesures proposées :
Poverty line : correspond au seuil de pauvreté en 2011 en PPA (parité de pouvoir d'achat – PPP en anglais – le taux de change PPA calculé étant celui des dépenses de consommation finale des ménages) par jour. Le seuil de pauvreté par défaut est de 1,9 USD par jour.
Headcount : correspond à l'effectif en % de la population des ménages ayant une consommation ou un revenu par personne inférieur au seuil de pauvreté.
Poverty Gap : l'écart de pauvreté correspond à l'écart moyen (ou distance moyenne) entre le revenu et le seuil de pauvreté. La moyenne est calculée sur l'ensemble de la population en considérant que les ménages qui ne sont pas pauvres ont un écart au seuil de pauvreté de zéro. L'écart moyen est exprimé en pourcentage du seuil de pauvreté.
Squared poverty gap: l'écart de pauvreté au carré (ou écart quadratique de pauvreté) correspond à l'écart moyen (ou distance moyenne) entre le revenu et le seuil de pauvreté au carré. La moyenne est calculée sur l'ensemble de la population en considérant que les ménages qui ne sont pas pauvres ont un écart au seuil de pauvreté de zéro. L'écart moyen est exprimé en pourcentage du seuil de pauvreté mis au carré.
Mean : la moyenne correspond au revenu mensuel moyen ou aux dépenses mensuelles moyennes de consommation par tête des ménages, en PPA.
Median : correspond à la médiane du revenu mensuel ou des dépenses de consommation par tête des ménages, en PPA.
Survey year, Reference year, Survey coverage : la première correspond à l'année de collecte des données, la deuxième à l'année de référence, la troisième à la part de la population couverte par les données disponibles sur la période de référence.
Watts' poverty index : Indice de pauvreté de Watts correspond à la moyenne sur l'ensemble de la population des écarts de pauvreté proportionnels, telle que mesurée par le logarithme du rapport du seuil de pauvreté au revenu. La moyenne est calculée sur l'ensemble de la population en considérant que les ménages qui ne sont pas pauvres ont un écart au seuil de pauvreté de zéro. Gini index : correspond à l'indice ou coefficient de Gini (voir le chapitre sur les inégalités), indicateur d'inégalité, 0 étant la situation où tout le monde a le même revenu et 100 celle où la personne la plus riche a tout le revenu.
MLD (mean log deviation) index : correspond à l'écart logarithmique moyen (ou écart de log moyen), indicateur d'inégalité, c'est-à-dire à la moyenne sur l'ensemble de la population du logarithme du revenu moyen des ménages rapporté au revenu individuel (autrement dit, [(1/N) Σ ln(x-barre/xi)]).
Spatial CPI : correspond à un indice de prix (IPC, CPI en anglais) spatial, c'est-à-dire un indice reflétant les différences de prix rencontrées à différents endroits à la même date.
Weighted national mean : correspond à la moyenne nationale pondérée, c'est-à-dire la moyenne pour l'ensemble de l'économie, intégrant les pondérations statistiques requises par le plan de sondage pour obtenir une estimation non biaisée de la moyenne de la population.

II. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ?

Que dit le programme officiel de TES ?
Notions : Conflits sociaux, mouvements sociaux, régulation des conflits, syndicat.
Acquis de première : conflit.

Indications complémentaires :

« On montrera que les conflits peuvent être appréhendés à partir de grilles de lecture contrastées : comme pathologie de l'intégration ou comme facteur de cohésion ; comme moteur du changement social ou comme résistance au changement. On s'intéressera plus particulièrement aux mutations des conflits du travail et des conflits sociétaux en mettant en évidence la diversité des acteurs, des enjeux, des formes et des finalités de l'action collective. »

Quelques exemples de sujets du bac :
EC3 :
Vous montrerez que les conflits sociaux peuvent favoriser la cohésion sociale. (Amérique du Nord, 2013)
Vous montrerez que la conflictualité joue un rôle important dans la cohésion sociale. (Amérique du Sud, 2013)
Vous montrerez que les conflits sociaux se sont transformés en France depuis les années 1970. (Asie, 2014)
Vous montrerez que les conflits sociaux peuvent être un facteur de cohésion sociale. (Antilles-Guyane, 2014)
Vous montrerez que les conflits sociaux ont tendance à se diversifier. (Pondichéry, 2017)
Vous montrerez que les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion. (Autres centres étrangers, 2017)
Vous montrerez que les conflits sociaux sont un facteur de changement social. (France métropolitaine, 2017, rattrapage)

Dissertation :
Quels rôles jouent les conflits sociaux dans le changement social ? (Antilles-Guyane, 2013, rattrapage)
Quels peuvent-être les effets des conflits sociaux sur le changement social ? (Liban, 2016)
Comment la conflictualité sociale a-t-elle évolué en France ? (Nouvelle-Calédonie, 2017)

Il est utile ici de mobiliser les connaissances acquises dans les autres chapitres, en particulier, celles liées à l'étude des inégalités, de la justice sociale et du travail.

Pour commencer, qu'est-ce qu'un conflit social ?

Rappel :

Comme vous l'avez vu en 1ES, le conflit désigne un affrontement, une lutte, entre des individus et/ou des groupes.
Il est ouvert, déclaré. Il n'est donc pas seulement l'expression d'un désaccord ou d'une opposition latente.
Il est explicite à la fois dans ses enjeux et dans ses formes.

Ce qui nous intéresse désormais, c'est le conflit dans sa dimension sociale, donc collective.

Un conflit social est ainsi une situation d'affrontement – ouvert et explicite, mais aussi potentiel – entre des acteurs sociaux (individus ou groupes sociaux).
Ainsi, Robinson Crusoë sur son île ne peut s'engager dans un conflit social. C'est parce qu'il y a une relation d'interdépendance entre les individus qu'il peut y avoir conflit.
Les acteurs sociaux engagés dans un conflit social peuvent s'opposer par le système de valeurs qui guide leurs actions, par la nature de leurs intérêts.
Lorsque le conflit est déclaré, cette situation se manifeste par la rupture de leurs relations habituelles.
Attention : cela ne veut pas dire une rupture totale des relations d'autant que le conflit peut lui-même être considéré comme une forme particulière de relation.
Elle se manifeste également par l'utilisation de divers moyens – les formes (cf. notion de mouvement social) – de pression (plus ou moins légaux et/ou violents) pour atteindre leurs buts – les enjeux/finalités.
Remarque : on peut faire le lien ici, avec la notion de “répertoire d'action” vue en Sciences politiques. Enfin, les objectifs poursuivis peuvent également varier de la volonté d'accession au pouvoir à la modification du rapport de force en leur faveur dans le cadre d'une négociation.

Un conflit social est donc un affrontement entre acteurs sociaux ayant des différences d’intérêts, d’opinions et/ou d’idéologie, chacun cherchant à imposer ses vues par différents moyens.

Lorsque l'on étudie les conflits sociaux, deux questions principales se posent, que l'on peut exprimer sous forme d'oppositions :

1. Les conflits sociaux sont-ils signe de pathologie de l'intégration sociale ou de cohésion sociale ?
2. Les conflits sociaux sont-ils un moteur du changement social ou l'expression d'une résistance au changement ?

Un mouvement social se caractérise par :

  • un ensemble d'actions collectives qui peuvent varier dans leurs formes, que celles-ci soient institutionnalisées (conventionnelles) ou non ;
  • un groupe d'acteurs rassemblés dans un objectif commun et organisés dans ce but ;
  • une volonté de contestation et/ou de transformation.

2.1. Conflits sociaux et intégration sociale

Les conflits sociaux peuvent être vus comme une pathologie (au sens de maladie) de l'intégration sociale. Ici, une situation “pathologique” doit être comprise comme l'opposé d'une situation “normale”. C'est ce que vont montrer Émile Durkheim (1858-1917) et Talcott Parsons (1902-1979).

⇒ La société, lorsqu'elle va “bien”, ne présente pas (ou peu) de conflits sociaux.
⇒ Lorsqu'il y a défaut d'intégration, les conflits sociaux se multiplient.

⇒ Un premier problème posé par ce point de la vue est que l'on constate, dans les faits, une persistance des conflits. Le conflit social est alors un fait social “normal”.

⇒ Le second problème est que cela revient à considérer les conflits sociaux comme une “menace” pour la survie de la société. Dans une version radicale cela peu conduire à la répression des conflits sociaux.
Exemple : loi Le Chapelier de 1791 qui interdit toute forme d'association et qui ne sera remise en cause qu'avec la loi Waldeck Rousseau de 1884 qui autorise les syndicats.

À l'inverse, en suivant Georg Simmel (1858-1918), il est possible de considérer les conflits sociaux comme source de cohésion sociale (cf. définition dans la partie précédente).

⇒ Les conflits sociaux sont, par eux-mêmes, une forme de relation sociale.

⇒ Les conflits sociaux contribuent à la construction des identités et renforcent l'intégration aux groupes.

⇒ Les conflits sociaux conduisent à construire ou transformer les règles sociales (les normes). D'une certaine façon, ce qui était pathologique devient normal.

Dans ce cadre, on peut parler de régulation des conflits dans la mesure où les conflits sont une des modalités de fonctionnement et de changement de la société. S'ils contribuent alors à la transformation des règles sociales, ils répondent alors eux-mêmes à des règles institutionnalisées. Par exemple, aujourd'hui, les conflits entre les syndicats (regroupement d'individus ayant pour objectif la défense d'intérêts professionnels communs) et les employeurs répondent à des règles (session de négociations régulières, déclaration de préavis de grève…).

2.2. Conflits sociaux et changement social

Les conflits sociaux peuvent être vus comme un moteur du changement social. C'est notamment le cas dans la pensée de Karl Marx (1818-1883).

⇒ Pour Marx, c'est la lutte des classes qui est le moteur de l'Histoire (cf. le cours sur la structure sociale).

Document. L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes...

L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. […]
A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. […]
L'existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l'accroissement du Capital ; la condition d'existence du capital, c'est le salariat.

Source : Karl Marx et Frederich Engels, Le Manifeste du Parti communiste, 1848.

 

⇒ Il faut cependant nuancer cette vision – radicale – de Marx. Sa prédiction de s'est pas réalisée, montrant que le capitalisme s'est certes transformé, mais n'a pas disparu.

⇒ Les conflits sociaux participent au changement social en ayant pour conséquence le progrès – du moins la transformation – des règles, des institutions…

Les conflits sociaux sont parfois l'expression d'une résistance au changement social.

⇒ Les conflits sociaux ont parfois pour objet de défendre les règles de fonctionnement de la société.

⇒ Les conflits sociaux sont parfois le résultat de changements vécus comme des menaces par les individus et les groupes.

⇒ C'est le cas enfin des conflits centrés sur la défense d'intérêts particuliers.

2.3. L'évolution des conflits sociaux

Chronologie de l'histoire sociale

En travaux.

  • 1791 : La loi Le Chapelier interdit les associations de travailleurs et contraint ainsi les travailleurs à s’organiser dans la clandestinité ou sous d’autre formes. Décret d'Allarde : Le contrat de travail est librement négocié entre le salarié et l'employeur.
  • 1884 : Loi Waldeck-Rousseau autorisant les coalitions ouvrières et reconnaissant la liberté de création des syndicats (groupement de personnes qui se constitue librement dans le cadre d’une activité professionnelle donnée, pour défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres).
  • 1841 : Limitation de la durée du travail des enfants : Le travail des enfants est interdit pour les moins de 8 ans en 1841.
  • 1848 : Maximum de 12 heures par jour pour les ouvriers.
  • 1853 : Création des prud'hommes où siègent employeurs et salariés.
  • 1864 : Suppression du délit de coalition et dépénalisation de la grève (cela rend la grève licite mais elle peut donner lieu à un licenciement jusqu’en 1950).
  • 1874 : Le travail des enfants est interdit pour les moins de 13 ans. L’inspection du travail est créée. Elle est financée par les départements et ne s’est pas uniformément concrétisée.
  • 1880 : premier projet de loi sur les accidents de travail.
  • 1892 : Le travail des enfant de 13-18 ans est limité à 10 heures par jour et celui des femmes à 11 heures. L’inspection du travail devient un corps d’État.
  • 1895 : La Confédération générale du travail (CGT), née du courant révolutionnaire, est constituée.
  • 1898 : Loi sur les accidents du travail (indemnisation).
  • 1900 : journée de 10 heures dans l'Industrie.
  • 1904 : journée de travail limitée à 10 heures.
  • 1906 : instauration d’un jour de repos hebdomadaire obligatoire.
  • 1910-1927 : Une première version du code du travail fut élaborée.
  • 1919 : Loi instaurant la journée de 8 heures de travail (semaine de 48 heures) et première loi accordant un statut juridique aux conventions collectives. Elles sont mises en place au niveau des branches mais ne sont pas obligatoires pour les entreprises qui ne sont pas membres d’un syndicat d’employeurs. Création de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).
  • 1928 : Loi portant création des assurances sociales en cas de maladie, d'invalidité et pour la retraite ouvrière.
  • 1936 : Accords Matignon. Ils instaurent la semaine de 40h et deux semaines de congés payés (12 jours ouvrables). Ils prévoient la création d’un délégué du personnel, représentant élu, dans toutes les entreprises/établissements de plus de 10 salariés. C’est l’interlocuteur privilégié entre les employés et l’employeur : ils ont pour mission de présenter à l’employeur les réclamations individuelles et collectives relatives au salaire et au code du travail.. Généralisation des conventions collectives à tous les employeurs dès lors que les conventions sont signées par des syndicats représentatifs au niveau salarial et patronal.
  • 1945 : Lois et ordonnances de la Sécurité Sociale. Création également le comité d’entreprise pour toutes les entreprises de plus de 50 salariés. Les comités d’entreprise sont des institutions élues dans les entreprises d’au moins 50 salariés, qui gèrent les activités sociales et culturelles, et sont consultés sur la gestion de l’entreprise, sur l’emploi et les conditions de travail. C’est un organe de consultation auxquels les employeurs doivent faire part de toute décision. Création de la Confédération générale des cadres (CGC- CFE) qui défend les intérêts des cadres.
  • 1947 : Force ouvrière (CGT-FO) s’est séparée de la CGT au nom de l’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis politiques.
  • 1950 : La grève n'est plus une rupture du contrat de travail. Création du SMIG (ancêtre du SMIC). Création des conventions collectives négociables au niveau des entreprises et des établissements.
  • 1956 : Instauration d'une troisième semaine de congés payés.
  • 1958 : Création de l’assurance-chômage.
  • 1964 : Création de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), issue de la scission de la CFTC.
  • 1967 : Gestion paritaire entre Etat, syndicats patronaux et syndicats de salariés, de la Sécurité Sociale.
  • 1968 : Accord de Grenelle prévoient la création d'une section syndicale dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés. C’est lui qui est chargé de la négociation des conventions collectives entre les employés et les employeurs. 40 heures effectives dans la plupart des secteurs. Généralisation de la quatrième semaine de congés payés.
  • 1969 : Quatrième semaine de congés payés.
  • 1970 : Le SMIC remplace le SMIG.
  • 1971 : Loi sur la mensualisation des salaires et instituant la formation professionnelle continue.
  • 1973 : L’ensemble du droit a été refondu dans un nouveau Code du travail entré en vigueur le 23 novembre 1973.
  • 1982 : Cinquième semaine de congés payés. Semaine de 39 heures. Lois Auroux, qui développent les droits des institutions représentatives du personnel, la négociation collective et réent les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail : obligation faite de périodiquement négocier au niveau de la branche une nouvelle convention collective sur les salaires et les grilles salariales.
  • 1984 : séparation assurance/solidarité pour l'assurance chômage.
  • 1986 : Suppression de l'autorisation préalable de licenciement.
  • 1987 : Loi sur la flexibilité du travail.
  • 1988 : création du revenu minimum d'insertion (RMI) et de la contribution sociale généralisée (CSG).
  • 1993 : Loi quinquennale sur l’emploi, le travail et les relations professionnelles, qui introduit une plus grande flexibilité : annualisation du temps de travail et développement du travail à temps partiel. Réforme Balladur des retraites.
  • 1995 : Réforme de la Sécurité sociale (santé, retraite).
  • 1997 : création de la couverture maladie universelle (CMU). plan Juppé.
  • 1998 & 2000 : Lois Aubry : semaine de 35 heures = semaine de 35 heures en 2000 pour les entreprises de + de 20 salariés, en 2002 pour les entreprises de – de 20 salariés.
  • 1999 : création de l'allocation personnalisée à l'autonomie (APA).
  • 2003 : Réforme des retraites dans la fonction publique.
  • 4 mai 2004 : Réforme Fillon : Flexibilité du contrat de travail et possibilité de signer un accord collectif d’entreprise qui déroge à la loi ou à la convention collective de branche sur la durée légale du temps de travail (permet de supprimer légalement les 35 heures dans les petites entreprises) + réforme Fillon des retraites.
  • 2005 : réforme Douste-Blazy de l'assurance maladie.
  • 2007 : Remise en cause des 35 heures et réforme des régimes spéciaux de retraite.
  • 2010 : Réforme du statut du fonctionnaire et nouvelle réforme des retraites.
 
Document. Une syndicalisation en baisse en France depuis 50 ans

Source : OCDE. http://stats.oecd.org/

Document. Une diminution des conflits ?

Source : Dares.

Remarques :
- Jusqu'en 1996, il s'agit des conflits localisés dans les entreprises, y compris les entreprises publiques du secteur des transports (SNCF, RATP, Air France, etc.) ; de 1996 à 2004, il s'agit de données redressées portant sur les entreprises privées hors transports.
- de 1975 à 2004, les données sont exprimées en milliers. Ensuite, elles sont exprimées en nombre pour 1000 salariés en emploi.

Terminale ES

ses/tes/chap4.txt · Dernière modification: 2019/05/09 21:39 de yam