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Chapitre 1. Sources et limites de la croissance économique

I. Quelles sont les sources de la croissance ?

Que dit le programme officiel de TES ?
Notions : Produit intérieur brut (PIB), Indice de développement humain (IDH), investissement, progrès technique, croissance endogène, productivité globale des facteurs (PGF), facteur travail, facteur capital.
Acquis de première : facteurs de production, production marchande et non marchande, valeur ajoutée, productivité, institutions, droits de propriété, externalités.
Indications complémentaires :

« En s'appuyant sur le programme de première, on s'interrogera sur l'intérêt et les limites du PIB. L'étude de séries longues permettra de procéder à des comparaisons internationales. À partir d'une présentation simple de la fonction de production, on exposera la manière dont la théorie économique analyse le processus de croissance. On fera le lien entre la productivité globale des facteurs et le progrès technique et on introduira la notion de croissance endogène en montrant que l'accumulation du capital sous ses différentes formes participe à l'entretien de la croissance. On mettra l'accent sur le rôle des institutions et des droits de propriété. »

Quelques exemples de sujets du bac :
Dissertation :
Comment le progrès technique contribue-t-il à la croissance ? (Liban, 2014)
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ? (France métropolitaine, 2014)
EC1 :
Présentez le lien entre productivité globale des facteurs et progrès technique. (France métropolitaine, 2013)
En quoi l'approche en termes d'IDH complète-t-elle celle en termes de PIB ? (Pondichéry, 2014)
Montrez que la productivité globale des facteurs est source de croissance économique. (Amérique du Sud, 2014)
Présentez deux limites dans l'utilisation du PIB comme indicateur de la croissance économique. (Liban, 2015)
En quoi l'IDH est-il un indicateur qui complète le PIB ? (Nouvelle-Calédonie, 2015)
Montrez, à l'aide d'un exemple, comment le progrès technique peut contribuer à la croissance économique. (Nouvelle-Calédonie, 2015, remplacement)
En quoi l'IDH se distingue-t-il du PIB ? (France métropolitaine, 2016, remplacement)
Présentez deux limites à l'utilisation du PIB comme indicateur de la croissance économique. (Liban, 2017)
Montrez à l'aide d'un exemple comment la croissance économique s'auto- entretient. (France métropolitaine, 2018)
En vous appuyant sur un exemple, montrez que les droits de propriété favorisent la croissance économique. (Antilles-Guyane, 2018, remplacement)
EC3 :
Vous montrerez comment le progrès technique favorise la croissance économique. (France métropolitaine, 2012)
Vous montrerez comment l'augmentation du capital physique contribue à la croissance. (Asie, 2013)
Montrez comment le progrès technique stimule la croissance économique. (Polynésie, 2014)
Vous montrerez que le processus de croissance a un caractère endogène. (France métropolitaine, 2015)
Vous montrerez que le progrès technique est facteur de croissance. (Liban, 2016)
Vous montrerez que les institutions et les droits de propriété jouent un rôle dans la croissance économique. (Asie, 2016)
Vous montrerez que le progrès technique est source de croissance économique. (Nouvelle-Calédonie, 2016, remplacement)
Vous montrerez que le PIB est un indicateur imparfait. (Nouvelle-Calédonie, 2017)
Vous montrerez comment le facteur travail contribue à la croissance économique. (Antilles-Guyane, 2019)
Anciens sujets du bac :
Vous expliquerez comment l'investissement est source de croissance économique (France métropolitaine, 2004)
Vous analyserez les effets des gains de productivité sur la croissance (Amérique du Sud, 2005)
Vous analyserez les liens entre la population active et la croissance économique (Polynésie, 2008)
Après avoir présenté la contribution du travail et du capital à la croissance économique, vous montrerez que ces deux facteurs ne suffisent pas à l’expliquer. (Amérique du Sud, 2008)

Commençons par nous intéresser à la mesure de la croissance économique et donc à son principal indicateur, le PIB :

1. Intérêt & limites du PIB

1.1. Définition du PIB

La définition générale du PIB

(Programme TES 2011, Notions)

Le produit intérieur brut aux prix du marché représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. […]

Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) »1), § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.

Le PIB sert à mesurer l'activité économique d'un pays, au travers de la richesse créée par les agents économiques résidents sur le territoire. Son taux de variation est le principal indicateur de la croissance économique. Il peut se définir de trois façons différentes : selon l'optique de la production, selon l'optique des dépenses et selon l'optique du revenu.

Remarque : Produit intérieur net (PIN) = PIB - consommation de capital fixe du PIB.

Le PIB selon l'optique de la production

le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d’activité). C’est aussi le solde du compte de production de l’économie totale.

Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.

Cette définition peut s'écrire sous la forme de l'égalité suivante :
PIB = somme des valeurs ajoutées brutes des producteurs résidents + impôts perçus sur les produits - subventions reçues sur les produits.
C'est, le plus souvent, cette première définition que l'on retient.

Le PIB selon l'optique des dépenses

« le PIB est égal à la somme des emplois finals de biens et de services par les unités institutionnelles résidentes (consommation finale et formation brute de capital), plus les exportations, moins les importations de biens et services. »

Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.

Cette définition peut s'écrire :
PIB = dépenses de consommation finale + formation brute de capital + exportations franco à bord - importations franco à bord 2).
ou
PIB = dépenses de consommation finale + FBCF + variation des stocks + acquisitions moins cessions d’objets de valeur + exportations franco à bord - importations franco à bord.
avec Formation brute de capital = formation brute de capital fixe (FBCF, dépenses d'investissement) + variation des stocks + acquisitions moins cessions d’objets de valeur.

Le PIB selon l'optique du revenu

« le PIB est égal à la somme des emplois du compte d’exploitation de l’économie totale (rémunération des salariés, impôt sur la production et les importations moins subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte de l’économie totale). »

Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.'

Cette définition peut s'écrire :
PIB = rémunération des salariés + impôts sur la production et les importations - subventions sur la production et les importations + revenu mixte brut + Excédent brut d'exploitation (EBE).

 

Il peut être utile de consulter également les définitions suivantes (qui correspondent également à des indicateurs de la croissance) :

1.2. La mesure du PIB sur longue période : panorama statistique

Pour comprendre les documents suivants, il faut savoir faire la différence entre prix courants et prix constants.
Document. Le montant du PIB français à prix courants et constants en milliards d'euros
Le chiffre à retenir : En 2018, selon l'Insee, le PIB de la France à prix constants (en volume/réel/déflaté) est de 2 285,9 milliards d'euros (à prix courants, il est de 2 353,1 milliards d'euros).

Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2014. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/4131360/t_1101.xls & https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/4131360/t_1102.xls

Document. L'évolution du PIB français à prix constants en milliards d'euros

Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2014. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/3547369/t_1102.xls (Version ods)

Document. Le taux de croissance du PIB français à prix courants et constants
Document. L'évolution du PIB mondial en dollars par habitant de l'an un à 2010

Note : PIB par habitant en dollars internationaux Geary-Khamis de 1990.

Remarque : on utilise le produit par tête pour donner une mesure de la croissance qui annule l’effet de population (2 pays peuvent avoir le même PIB, mais l’un est beaucoup plus peuplé que l’autre).

Source : The Maddison-Project, http://www.ggdc.net/maddison/maddison-project/home.htm, version 2013.

Document. L'évolution du PIB de la Chine en dollars par habitant de l'an un à 2010

Note : PIB par habitant en dollars internationaux Geary-Khamis de 1990.

Source : The Maddison-Project, http://www.ggdc.net/maddison/maddison-project/home.htm, version 2013.

Pour aller plus loin : Document. Le PIB par pays en dollars américains courants

Data from World Bank

Source : Données sur les comptes nationaux de la Banque mondiale et fichiers de données sur les comptes nationaux de l'OCDE. Disponible en ligne : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.MKTP.CD/countries/1W?display=default.

1.3. Une croissance mesurable ?

1.3.1. Les limites du PIB

Comme vous l'avez vu en Première, le PIB est un agrégat de la comptabilité nationale dont la construction, comme celle de tous les indicateurs statistiques, est loin d'être parfaite. Par conséquent, la mesure de la croissance économique qui en résulte n'est qu'un reflet partiel –– et en partie biaisé –– de la réalité économique.

1. Une mesure incomplète

Pour commencer, le PIB ne permet qu'une mesure incomplète de la production dans la mesure où une partie de celle-ci échappe à la comptabilité nationale. C'est vrai notamment pour :

  • la production domestique, le plus souvent réalisée au sein du ménage, qui ne fait pas l'objet d'un échange sur le marché et n'a donc pas de prix. L'exemple typique étant celui du potager familial.
  • la production bénévole, réalisée à titre gratuit, donc ne pouvant être évaluée par son prix non plus.
  • la production souterraine (ou informelle). Il s'agit essentiellement l'activité non déclarée, qu'elle soit légale (comme le « travail au noir ») ou non (trafic, fraude et évasion fiscale). Elle peut faire l'objet d'une évaluation, mais le plus souvent approximative et sous-estimée.
  • la production non marchande. Les services non marchands ne peuvent être évalués à un prix de marché, car ils ne sont pas vendus. Par convention, cette production est alors évaluée au coût de production, c’est-à-dire le montant de la rémunération (salaires + les cotisations sociales). C'est par exemple le cas du travail des enseignants des établissements publics.
2. Une inflation trompeuse

Ensuite, la mesure en valeur du PIB ne permet pas de distinguer l'évolution liée à l'inflation de celle liée à une hausse réelle de la richesse. Les données ainsi obtenues ne sont donc pas réellement comparables dans le temps : l’inflation est trompeuse (Keynes parle d'une « illusion monétaire »), car l'augmentation des prix fait mécaniquement augmenter le PIB en valeur alors qu'il n'y a pas nécessairement de hausse de la valeur ajoutée. Il faut ainsi raisonner sur l'évolution en volume, c'est-à-dire en termes de monnaie constante, et donc « déflater » la monnaie pour retirer l’inflation. Autrement dit, il faut calculer le PIB réel.

3. Une comparaison des pouvoirs d’achat difficile
Une bonne illustration des différences de pouvoir d'achat et de consommation est donnée par les photos de Peter Menzel et Faith D'Aluisio. Il est possible d'en voir une sélection sur le site [/Social Studies School Service/|http://catalog.socialstudies.com/pdf/ZP384Psample.pdf ] ou sur le site de [Peter Menzel|http://www.menzelphoto.com/ ].
4. L'absence de prise en compte des externalités

Externalités

(Programme 2nde 2010, Notions (effets externes) ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Les externalités ou effets externes sont les conséquences d’une action individuelle sur un autre acteur, qui ne sont pas prises en compte par le marché ou le système de prix. Il est usuel de dire qu'elles sont le « résultat non voulu d'une action voulue ».

Elles peuvent être positives (exemples : l'implantation de ruches à proximité d'un verger, la vaccination, la recherche) ou négatives (exemples : la pollution, la dégradation de ressources naturelles, le bruit).

Leur existence est donc à l'origine d'une défaillance du marché et justifie l’intervention publique, permettant d’ « internaliser » les externalités (c’est-à-dire faire en sorte qu’elles soient prises en compte par les agents économiques dans leurs calculs coût/avantage).

Exemples : instauration par l'État d’une taxe sur les produits polluants (souvent nommée taxe « Pigou »), subventions à la recherche, vaccination gratuite et obligatoire, etc.

 

5. Un indicateur strictement quantitatif

Il ne tient notamment pas compte du bien-être et du développement.

Aussi existe-t-il d'autres indicateurs : c'est le cas, par exemple, de l'IDH, indicateur du développement.

1.3.2. Développement & IDH : un exemple d'indicateur alternatif

Pour commencer, qu'est-ce que le développement ?

Développement

François Perroux définit le développement ainsi :

« Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global ».

Source : François Perroux, L'économie du XXe siècle, PUF, 1961.

Le développement est donc l'ensemble des transformations des structures démographiques, sociales, culturelles et politiques qui rendent possible une croissance économique stable. Autrement dit, pour François Perroux, le développement est fortement lié à la croissance, mais il s'en distingue nettement.

Le développement est ainsi :

  • un phénomène essentiellement qualitatif (à l'inverse de la croissance)3)
  • qui ne se réduit donc pas à la dimension économique (il affecte l'ensemble des structures d'un pays et pas seulement les richesses)
  • un phénomène de long terme.

Les étapes du développement :

Walt Whitman Rostow (Les étapes de la croissance économique, 1960) explique que tous les pays passent par cinq étapes pour arriver au développement :

  • la société traditionnelle : elle se caractérise par une prééminence de l'agriculture, une forte reproduction sociale et l'absence de mutations technologiques ;
  • les conditions préalables au développement : transition démographique, émergence des États et de la démocratie, transformation de l'agriculture et développement des marchés, développement de l'esprit d'entreprise ;
  • le décollage (take off) : c'est la phase la plus importante, mais aussi la plus courte. Elle se caractérise par l'augmentation de l'investissement et des innovations qui permettent la transformation du système productif, via l'apparition de « leading sector » (secteurs moteurs), et l'accélération de la croissance.
  • la maturité : cette phase voit le progrès technique se diffuser à l'ensemble de l'économie et devenir un processus auto-entretenu ;
  • la consommation de masse : dernière phase du développement, c'est celle de l'accès, pour le plus grand nombre, à la consommation de biens et de services produits en série et du développement de la protection sociale.

Fondée sur l'évolution du taux d'investissement, son étude tend à montrer que les pays en développement sont simplement en retard sur les autres (il n'ont pas encore franchi l'étape du décollage). Autrement dit, il n'y aurait pas véritablement de cause structurelle au sous-développement qui puisse handicaper durablement les pays. De ce fait, accéder au développement revient, pour un pays, à un phénomène de rattrapage, plus ou moins long, mais inéluctable. Pour accélérer ce processus, il suffit d'ailleurs, pour Rostow, de favoriser le libre-échange et le développement de l'esprit d'entreprise.

 

Pour mesurer le niveau de développement, on utilise un indicateur économique différent du PIB, l’IDH (indicateur de développement humain). Il s'agit d'un indicateur plus qualitatif que le PIB dans la mesure où il n'intègre pas seulement des données économiques.

(Programme TES 2011, Notions)

L'IDH, Indice de développement humain, est l'indicateur du développement économique.

Depuis le 20e anniversaire du Rapport du développement humain du PNUD, la méthodologie de calcul de l'IDH a changé. Ainsi, pour mesurer le niveau d'éducation, ce n'est plus le taux d’alphabétisation des adultes (en % de la population de + de 15 ans) et le taux brut de scolarisation combiné (du primaire au supérieur) qui sont pris en compte, mais, désormais, la durée moyenne de scolarisation et la durée attendue de scolarisation. De même, pour mesurer le niveau de vie, ce n'est plus le PIB par habitant (US$ PPA), mais le RNB par habitant (US$ PPA).
Document. Le nouveau calcul de l'IDH :

Schéma des nouvelles composantes de l'IDH

Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, Notes techniques, 2010, p. 239. Disponible en ligne

Pour chacun des indicateurs, on calcule, un indice dimensionnel :

Indice dimensionnel = (valeur utilisée – valeur minimale)/(valeur maximale – valeur minimale).

Remarque : pour l'éducation, on calcule la moyenne géométrique des deux indices.

L'IDH s'obtient, ensuite, en calculant la moyenne géométrique des trois dimensions :

IDH = ( Ilongévité1/3 . Iinstruction1/3 . Irevenu1/3 )

L'IDH prend donc en compte non seulement le niveau de vie, mais également la santé de la population et le niveau d'éducation.

Plus l'IDH se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé. Inversement, plus il est faible, plus le niveau de développement du pays est faible.

C'est nouveau : depuis le rapport 2014 du PNUD, les seuils ont changé. Ils sont désormais de 0,55 ; 0,7 ; 0,8 et seront valables pour 5 ans.

On classe chaque année les pays en quatre grandes catégories, selon que leur développement est : faible (< 0,55), moyen (0,55 =< IDH < 0,7), élevé (0,7 =< IDH < 0,8) ou très élevé (IDH > ou égal à 0,8).

Remarque : il admet lui aussi des limites dans la mesure où, par exemple, il ne prend pas en compte le niveau d’inégalités dans le pays (c'est pourquoi a été notamment crée l'IDHI, Indice de développement humain ajusté aux inégalités).

Document. Exemple de calcul de l'IDH :

Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, Notes techniques, 2010, p. 241. Disponible en ligne

Dernières données du PNUD sur l'IDH.

 
Document. Le classement IDH des pays

Source : PNUD. Disponible en ligne : Fichier Excel

2. Théorie économique & croissance : en quoi les facteurs de production contribuent-ils à la croissance économique ?

Remarque : le rôle de la demande sera traité dans le II. du chapitre.

Document. La contribution des facteurs de production et de la productivité à la croissance de quelques pays

1. La productivité multifactorielle correspond ici à la notion de productivité globale des facteurs (PGF).

Source : Données extraites le 16 Sep 2016, 11h14 UTC (GMT), de OECD.Stat. Disponible en ligne : http://stats.oecd.org/Index.aspx?lang=fr&DataSetCode=PDB_GR#

Rappel de lecture : l'addition des différentes contributions – en points de pourcentage – permet d'obtenir le PIB – en pourcentage. Autrement dit, le PIB est décomposé en différentes contributions.

 

2.1. La contribution des facteurs travail et capital à la croissance

2.1.1. La contribution du facteur travail à la croissance


Travail

Le travail correspond au temps et à l'énergie humaine dépensés (effort fourni) contre une rémunération (salaire, primes… ou partie des profits pour les travailleurs indépendants). Pris comme facteur de production, il est, en quelque sorte, considéré comme une marchandise (qu'il s'agisse du travail manuel ou intellectuel) échangée contre une rémunération, donc contribue à la capacité productive.

Remarque : le travail domestique et clandestin (travail « au noir », c'est-à-dire non déclaré, ou illégal) n'est pas pris en compte dans la production.

 

Pour produire plus, il faut utiliser le facteur travail, il s’agit de la population active et de ce qu’on appelle le capital humain, c’est-à-dire le stock de qualifications et de connaissances possédées par la population.

— La croissance de la production dépend en partie de la quantité de travail utilisée :

Le travail est apporté par les hommes et les femmes appartenant à la population active occupée : si celle-ci augmente, la production augmente, toutes choses égales par ailleurs. Il y aura donc croissance économique.

— La croissance peut aussi provenir d’un travail plus productif :

Il est possible d’accroître la production sans augmenter la quantité de travail utilisée, à condition d’améliorer l’efficacité du travail (productivité du travail). Cela se traduit essentiellement par une augmentation du capital humain.

2.1.1.1. La croissance peut aussi provenir d’une main-d’œuvre plus abondante

La main-d’œuvre nécessaire à la production est fournie par la population active du pays.


Population active
Population totale, population active & population inactive

La population totale peut être répartie entre la population en âge de travailler, en mesure de se positionner sur le marché du travail et généralement située entre 15 et 64 ans, et le reste de la population.

La population en âge de travailler de la France est séparée par l'Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) en deux parties : la population active et la population inactive. Autrement dit :
Population totale en âge de travailler = population active + population inactive.

Définissons-les :
La population inactive est l'ensemble des personnes, les inactifs, n'exerçant pas d'activité professionnelle rémunérée et n'en recherchant pas. C'est ici que sont classés : les femmes au foyer, les étudiants, les retraités, les bénévoles, les personnes qui exercent une activité illicite (qui est condamnée par la loi) ou clandestine (« travail au noir »), etc.

La population active est l'ensemble des personnes en âge de travailler, les actifs, qui déclarent exercer (population active occupée) ou rechercher (chômeurs, que l'on peut aussi appeler population active inoccupée) une activité professionnelle rémunérée. Elle est donc constituée de deux éléments : la population active occupée et les chômeurs. Autrement dit :
Population active = Population active occupée + chômeurs (population active inoccupée).

Définissons-les :
La population active occupée est une des composantes de la population active. Elle regroupe les personnes en âge de travailler déclarant exercer une activité professionnelle rémunérée. Cette activité peut être salariée ou indépendante.

La population active inoccupée, les chômeurs, est la seconde composante de la population active. Elle regroupe les personnes en âge de travailler sans activité professionnelle rémunérée, mais qui déclarent en rechercher une.

Il faut donc retenir trois choses :
— Population active et population inactive réunies constituent la population totale en âge de travailler d'un pays.
— Ce qui sépare la population inactive de la population active, c'est le fait que l'activité soit professionnelle (elle participe à la production d'un pays) ou non (activité domestique, bénévole, etc.) et rémunérée (salaires, primes, etc.).
— Ce qui sépare la population active occupée des chômeurs, c'est le fait d'avoir un emploi ou non.

Taux d'activité

Le taux d'activité est un instrument de mesure de la proportion de la population totale qui exerce ou recherche un emploi (part de la population totale qui est active). Il permet de mesurer l'importance de la population active, donc le comportement d’offre de travail d’une population particulière.
De façon générale, le taux d'activité est le résultat du rapport entre le nombre total de personnes dans la population active et le nombre total de personnes dans la population en âge de travailler. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.

Jusqu'ici cela paraît simple, mais… :
Par convention, l'Insee considère que les personnes actives sont nécessairement des personnes qui ont plus de 15 ans et qui ne sont pas à la retraite (donc qui ont moins de 65 ans), c'est-à-dire des personnes de 15-64 ans.
On peut donc réécrire la formule générale de calcul comme suit :
Taux d'activité = Population active/Population totale en âge de travailler (x 100)

Le calcul du taux d'activité peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'activité se calcule en effectuant le rapport entre la population active de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.
Ainsi, le taux global d’activité se calcule en divisant la population active totale par la population totale de référence.

Pour le taux d'activité par sexe, il suffit de prendre pour chaque ensemble uniquement les hommes ou les femmes. Par exemple, le taux d'activité féminin est :
Taux d'activité des femmes = (population active féminine/population totale des femmes en âge de travailler) x 100.

Si l'on considère le taux d'activité d'un groupe d'âge, on opère de la même manière. Par exemple, le taux d'activité des 15-24 ans est :
Taux d'activité des 15-24 ans = (population active âgée de 15-24 ans/population totale âgée de 15-24 ans) x 100.

Remarque : ne pas confondre taux d’activité d'une catégorie et proportion de cette catégorie dans la population active (population active de la catégorie considérée/population de référence * 100).

Le taux d'activité peut donc se mesurer de deux façons :
— En faisant le rapport entre la population active et la population totale en âge de travailler.
— En faisant le rapport entre le nombre d'actifs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre total d'individus en âge de travailler appartenant à cette catégorie.

Taux d'emploi

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux d'emploi est un instrument de mesure de la proportion d'une population donnée qui exerce un emploi. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.
De façon générale, le taux d'emploi est le résultat du rapport entre le nombre de personnes qui occupent un emploi – actifs occupés – et le nombre total de personnes en âge de travailler. 4)

Taux d'emploi = Population active occupée/Population totale en âge de travailler (x 100)

Le calcul du taux d'emploi peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'emploi se calcule en effectuant le rapport entre la population active occupée de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.

 

La population active a notablement évolué, à la fois du point de vue quantitatif et de celui de sa structure.

L’évolution de la population active
Document. Population active au sens du BIT par tranche d'âge

Remarque : La population active « au sens du Bureau International du Travail » (BIT) est la somme de l'emploi et du chômage « au sens du BIT ».

Note : données de 1975 à 2013, corrigées pour les ruptures de série.

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee). Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=0&ref_id=ir-irsocmartra14&page=irweb/irsocmartra14/dd/irsocmartra14_paq1.htm (Version Excel)

Document. Taux d’activité par sexe

Remarque : La population active « au sens du Bureau International du Travail » (BIT) est la somme de l'emploi et du chômage « au sens du BIT ».

Note : données de 1975 à 2013, corrigées pour les ruptures de série.

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee). Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=0&ref_id=ir-irsocmartra14&page=irweb/irsocmartra14/dd/irsocmartra14_paq1.htm (Version Excel)

Document. Projection de population active en moyenne annuelle selon le scénario central

* provisoire.

Champ : population des ménages de 15 ans et plus de France métropolitaine en âge courant.

Source : Insee, projections de population active 2010-2060 in Olivier Filatriau, « Projections à l’horizon 2060 : Des actifs plus nombreux et plus âgés », Insee Première N° 1345 - avril 2011.

La croissance du nombre d'actifs au sens du BIT devrait connaître un ralentissement d'ici 2025, passant de 28,35 millions en 2010 à 30 millions en 2025, à un rythme moyen de 110 000 personnes par an. À partir de 2035, ce rythme ne serait plus que de 45 000 personnes par an. Le nombre d'actifs passerait ainsi à 31,2 millions en 2060, soit une relative stabilisation.

Cependant, la structure par âge de la population active se modifierait dans le sens d'un vieillissement. Ainsi, la part des plus de 55 ans dans la population active passerait de 12,4 % en 2010 à 17,9 % en 2060. À l'inverse, la part des 25-54 ans passerait de 77,2 % en 2010 à 72 % en 2060. Celle des moins de 25 ans passerait de 10,4 % à 10,1 %, donc resterait stable.

De plus, la population française continuant à vieillir sur la période, le rapport actifs/inactifs de 60 ans ou plus diminuerait, passant de 2,1 en 2010 à 1,5 en 2060.

Remarque : Pour autant, ces tendances peuvent s'infléchir sous l'effet des comportements d'activité futurs (à la hausse ou à la baisse).

En particulier, peuvent influer sensiblement sur le niveau de la population active future :

  • la poursuite du recul de l'âge d'entrée (du fait de l'allongement des études) et de sortie du marché du travail (consécutif aux réformes des régimes de retraites),
  • la variation de la fécondité (qui peut favoriser une augmentation de la population active future si elle augmente),
  • la variation du taux d'activité des femmes (le taux d'activité des femmes restant inférieur à celui des hommes – surtout aux âges intermédiaires – malgré une réduction de l'écart, il peut continuer d'augmenter),
  • la reprise ou non de l'immigration (via des politiques d'ouverture des frontières ou d'immigration dite choisie),
  • l'évolution du taux de mortalité (à la hausse ou à la baisse),
  • la conjoncture économique (qui décourage la recherche d'emploi lorsqu'elle est mauvaise et qui encourage le retour sur le marché du travail lorsqu'elle s'améliore).
 
2.1.1.2. La croissance peut aussi provenir d’une main-d’œuvre plus productive

Remarque : Nous verrons dans la section suivante que cette efficacité peut-être décuplée par l’utilisation d'innovations et l’augmentation des connaissances.

Rappel : la productivité du travail est le rapport entre la quantité produite et la quantité de facteur travail. Celui-ci peut être mesuré par le nombre de personnes, par la durée de travail ou par le coût du travail.

Remarque : Pour plus de détails sur la notion de productivité, se reporter au TD.

Les gains de productivité, lorsqu'ils ne trouvent pas leur origine directement dans l'innovation, sont principalement dus à l'amélioration de l'organisation du travail et des qualifications.


En travaux

a. Organisation du travail et spécialisation

Une meilleure organisation du travail peut être à l'origine de gains de productivité. Parmi les moyens d'améliorer cette organisation, on trouve principalement la division technique du travail.

Définition :

La division technique du travail est la répartition entre plusieurs travailleurs des différentes phases de fabrication d’un produit. Chaque travailleur est spécialisé dans une seule tâche. On divise donc le travail entre autant de travailleurs qu’il y a de tâches dans la production.

Comment cette division augmente-t-elle la productivité ?

C'est ce que va montrer Adam Smith dans son célèbre exemple de la manufacture d’épingles :

Document. La manufacture d'épingles : division du travail et gains de productivité

Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse et de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail. […]

Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail, cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers. Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l'objet de deux ou ­trois opérations séparées : la frapper est une besogne parti­culière; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où, par conséquent, quelques-uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais, quoique la fabrique fût fort pauvre et, par cette raison, mal outillée, cependant, quand ils se mettaient en train, ils ve­naient à bout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour : or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne. Ainsi, ces dix ou­vriers pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers d'épingles dans une journée ; donc chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut être considéré comme faisant dans sa journée quatre mille huit cents épingles. Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

Cette grande augmentation dans la quantité d'ouvrage qu'un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circons­tances différentes :

- premièrement, à un accroissement d’habileté chez chaque ouvrier individuellement ;

- deuxièmement, à l’épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à une autre ;

- et troisièmement enfin, à l'invention d'un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.

Source : Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776. URL : http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/smith_adam.html

Que retenir ?

Version odp

Schéma de synthèse sur le taylorisme et le fordismeVersion odp

b. Qualification et capital humain

Qualification

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)

La qualification est un ensemble de capacités possédées par un travailleur ou requises pour occuper un emploi. Elle se matérialise sous forme de diplôme, validation de l'expérience (VAE), certification, grille de qualifications, etc.

Il est d'usage de distinguer la qualification individuelle de la qualification de l'emploi :

  • La qualification individuelle correspond aux capacités propres au travailleur. Ces capacités lui permettent d'occuper son poste de travail, mais ne s'y réduisent pas (le travailleur peut posséder des capacités autres que celles nécessaires à son emploi). La qualification individuelle est généralement acquise au cours de la formation initiale et se nourrit de l'expérience ou encore de la formation continue.
  • La qualification de l'emploi correspond aux capacités requises pour occuper un poste de travail. Elle évolue sous l'effet de la transformation de la structure économique et du progrès technique (elle peut notamment se traduire par une déqualification de certains emplois ou, au contraire, par une requalification).
 


Capital humain

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)

La notion de capital humain a été rendue célèbre par Gary Stanley Becker (microéconomiste, Prix Nobel d'économie 1992, 1930-2014).
Gary S. Becker définit le capital humain de la façon suivante :

« […] Schooling, a computer training course, expenditures on medical care, and lectures on the virtues of punctuality and honesty are capital too in the sense that they improve health, raise earnings, or add to a person’s appreciation of literature over much of his lifetime. Consequently, it is fully in keeping with the capital concept as traditionally defined to say that expenditures on education, training, medical care, etc., are investments in capital. However, these produce human, not physical or financial, capital because you cannot separate a person from his knowledge, skills, health, or values the way it is possible to move financial and physical assets while the owner stay put. […] »

Source : Gary S. Becker, Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education, University of Chicago Press, 3ème édition, 1993 (édition originale : 1964), pp. 15-16.

Le capital humain désigne ainsi l’ensemble des connaissances, des qualifications et des aptitudes acquises par les individus (il est donc un résultat de la production).
Il détermine leur capacité à participer efficacement à l'activité productive (il est donc un facteur de production) et à en tirer un revenu.
Il peut être accumulé (augmenter) grâce à des investissements, c'est-à-dire au travers de l’éducation et l’apprentissage (formation initiale), puis par la formation continue et l’expérience professionnelle.
Enfin, il est sensible au phénomène d'obsolescence lorsqu'il n'est pas entretenu (voir l'idée d'employabilité).

 

Remarque : pour plus de détail sur le rôle du travail, voir le chapitre « Travail, emploi, chômage ».

2.1.2. La contribution du facteur capital à la croissance


Le capital est, avant tout, un élément de la richesse, élément qui peut être « accumulé » pour augmenter le stock de richesses (d'où l'expression d' « accumulation du capital »). Le capital est donc un stock.

 
Capital technique

Le capital, pris comme facteur de production (on parle souvent de capital technique ou capital productif), est l'ensemble des moyens nécessaires à la production. Il est constitué du capital fixe et du capital circulant (ou consommations intermédiaires).
Il est à la fois facteur (il sert à produire) et résultat (il est donc un résultat de la production) de la production.

 
Capital fixe

Le capital fixe acquis par les agents économiques sert à la production durant une période relativement longue (généralement plusieurs cycles de production), il est donc durable. Il n'est pas détruit au cours de la production. Par contre, il s'use et/ou devient obsolète (il perd de sa valeur) et devra être remplacé au bout d'un certain temps (amortissement).
Exemples : bâtiments et ouvrages de génie civil, machines et équipements, mais aussi droits de propriété intellectuelle et, désormais, Recherche & Développement.

 
Capital circulant

Le capital circulant, ou consommations intermédiaires, sont les matières premières, l'énergie et les produits semi-finis qui sont « détruits » (ils disparaissent en tant que tels) ou transformés (utilisés) au cours du processus de production des biens et services.
Exemples : pièces détachées, fournitures (produits semi-finis), essence ou électricité (énergie), farine (matière première).

 

Comment accumuler davantage de capital ? Quel est l'effet de cette accumulation sur la croissance ? Pour répondre à ces questions, il faut nous intéresser à la notion d'investissement.

Investissement [définition générale]

(Programme TES 2011, Notions)

L’investissement, au sens économique du terme, est un flux qui vient accroître (investissement net) ou renouveler (amortissement) le stock de capital d’un agent économique, donc correspond à l’achat de biens de production durables (au sens strict, le capital fixe). Investir est donc synonyme d’accumulation de capital. On mesure l’investissement grâce à la FBCF (Formation brute de capital fixe).
Il peut être considéré comme un « détour » de production (l'expression est de Eugen von Böhm Bawerk, Théorie positive du capital, 1929) : Böhm Bawerk prend l'exemple du paysan qui commence par construire un système d'irrigation pour son champ (il « détourne » ce temps de la culture proprement dite) pour produire, ensuite, plus efficacement (le temps perdu au départ est compensé par le fait qu'il n'a plus besoin d'aller chercher l'eau à la source).

 
Formation brute de capital fixe (FBCF)

En comptabilité nationale, la FBCF est le principal indicateur de l'investissement. Selon l'INSEE, « La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les acquisitions moins cessions d'actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d'autres processus de production pendant au moins un an. »

La FBCF mesure un investissement brut, car l'amortissement, donc l'investissement de remplacement, n'est pas déduit. Si l'amortissement est enlevé, on parle d'investissement net.

Attention : la FBCF est un indicateur imparfait. Elle prend en compte les investissements matériels, mais pas tous les investissements immatériels. En particulier, elle inclut les achats ou créations de logiciels, les dépenses de prospection minière et pétrolière, les œuvres artistiques ou littéraires originales, mais pas les dépenses en formation et la publicité, qui font partie des consommations intermédiaires alors que leur effet sur la production est durable.

Depuis l'entrée en vigueur du SEC 2010, les dépenses de Recherche & Développement sont désormais comptabilisées dans la FBCF.

Taux d'investissement pour une entreprise = FBCF/valeur ajoutée (VA) x 100. Ce taux mesure l’effort d’investissement des entreprises.

Taux d'investissement de la nation = FBCF de l'ensemble des secteurs institutionnels/PIB x 100. C'est donc la part de l'investissement dans le PIB. Il comprend l'investissement des entreprises, mais aussi des ménages et des APU.

 
Investissement de remplacement, de capacité et de productivité

Il est possible de différencier les investissements selon leur objectif :

  • investissement de remplacement (ou de renouvellement) : son objectif est de compenser l'usure physique ou l'obsolescence du capital (et donc de maintenir la valeur du capital). Il implique donc l'amortissement.

Exemple : achat d’un nouvel ordinateur pour remplacer un ordinateur devenu obsolète.

L'amortissement est une provision (une somme d’argent épargnée chaque année) pour renouveler le capital fixe usé ou obsolète, donc pour couvrir la dépense future que cela représente. Cette somme est déduite du bénéfice des entreprises. C’est pourquoi dans certains secteurs, on renouvelle souvent son stock de capital pour pouvoir faire cette déduction et donc réduire les prélèvements obligatoires sur les bénéfices.

Lorsque les entreprises investissent au-delà de leurs besoins d’amortissement, elles augmentent leur stock de capital fixe, donc leur capacité productive. Elles réalisent donc un investissement net.

Investissement brut = investissement net + amortissement.

  • investissement de capacité (ou d'extension) : son objectif est d'augmenter les quantités produites en augmentant le stock de capital fixe.

Exemple : augmentation de la taille du parc informatique d'une entreprise.

  • investissement de productivité (ou de rationalisation ou de modernisation) : son objectif est d'améliorer l'efficacité de la production, donc de produire autant avec moins de facteurs de production (réduction de la quantité de facteurs de production nécessaires, autrement dit baisse des coûts unitaires de production). Il repose généralement sur l'incorporation du progrès technique.

Exemple : achat de matériel informatique pour réaliser des tâches précédemment traitées manuellement plus rapidement.

Remarque : cette distinction demeure théorique. Par exemple, quand une entreprise achète une nouvelle machine, c'est souvent parce qu'une de ses machines ne peut plus servir ou n'est plus adaptée. Il est cependant rare que l'entreprise rachète une machine identique, car elle en profite généralement pour en acheter une plus performante qui, à la fois, produira plus et mieux. Les trois types d'investissement sont donc souvent présents dans la même dépense.

 

Investissement matériel/immatériel

Il est possible de différencier les investissements selon leur nature.

Les investissements matériels (ou corporels) correspondent à l'acquisition de biens physiques alors que les investissements immatériels (ou incorporels) sont des dépenses de services et/ou de propriété intellectuelle qui servent à améliorer les performances productives de l'entreprise. Dans les deux cas, ce sont des dépenses qui permettent de maintenir ou d'accroître le potentiel de production de l'entreprise.

Différences entre investissements matériels et investissements immatériels :

  • les investissements matériels sont des biens (exemples : machines, bâtiments…) alors que les investissements immatériels sont des services (exemple : brevets logiciels, dépenses de R et D, dépenses de publicité, dépenses de formation des salariés, dépenses commerciales…)
  • les investissements matériels sont comptabilisés dans la FBCF alors que les investissements immatériels ne sont pris en compte que partiellement (achat de logiciels, achat d’œuvres littéraires et artistiques, frais de prospection minière et pétrolière).
 
Investissement public/privé

Il est possible de différencier les investissements selon le secteur institutionnel qui investit.

À côté des entreprises, les administrations publiques et les ménages réalisent également des investissements.

Les investissements des ménages et entreprises sont appelés investissements privés (les investissements des entreprises sont dits investissements productifs). Les investissements des administrations publiques sont appelés investissements publics.

Exemple pour une APU : Quand une région construit un lycée, elle investit, car elle fait construire un bâtiment qui va servir à produire un service.

Exemple pour un ménage : Quand un ménage achète un logement, il investit, car il pourra mettre cet appartement en location et produire un service. L'achat immobilier est d'ailleurs la seule forme d'investissement comptabilisée pour les ménages.

 

2.2. Une relation complexe entre progrès technique et croissance économique

Comment améliorer la productivité ?

Innovation [Définition générale]

De façon générale, l'innovation peut se définir comme l’application économique d’une invention, c'est-à-dire l'application d'une invention à une fin industrielle ou commerciale.
Exemple : la découverte de la pression (invention) donne lieu à la création de la machine à vapeur (innovation).

C'est Joseph Schumpeter qui distingue 5 types différents d'innovation (il utilise le terme d'« évolution ») :

Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des consommateurs, ou d'une qualité nouvelle d'un bien.
Introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de la branche intéressée de l'industrie ; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une découverte scientifiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise.
Ouverture d'un débouché nouveau, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait existé avant ou non.
Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés ; à nouveau, peu importe qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on ne l'ait pas prise en considération ou qu'elle ait été tenue pour inaccessible.
Réalisation d'une nouvelle organisation5), comme la création d'une situation de monopole (par exemple la trustification6)) ou l'apparition brusque d'un monopole.

Source : Joseph Schumpeter, Théorie de l'évolution économique. Recherche sur le profit, le crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture, 1912 (traduction française, 1935).

Innovation de produit

Une innovation de produit désigne l’introduction sur le marché d’un nouveau bien ou d’un nouveau service ou l'amélioration d'un bien ou service existant. Elle peut affecter fortement la demande et avoir un impact important sur le mode de vie et le bien-être des individus.
Exemples : services de transport aériens ou ferroviaires, automobiles, téléphones mobiles, tablettes tactiles, micro-ondes, etc.

Innovation de procédé

Une innovation de procédé désigne l’ensemble des méthodes de production ou de commercialisation qui transforment le processus de production. Elle peut affecter fortement l'offre des producteurs.
Exemples : métier à tisser, utilisation de l'électricité, du pétrole, du laser ou encore du plastique dans la production, Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), etc.

 
Document. Les dépenses intérieures de Recherche & Développement en France & dans le monde

Source : MENESR-DGESIP/DGRI-SIES. Disponible en ligne : https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/9/EESR9_R_27-l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france.php

Vous remarquerez que les montants de la DIRD en valeur et en volume sont identiques en 2010, car il s'agit de l'année de base.

Source : MENESR-DGESIP/DGRI-SIES ; OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, 2015-2. Disponible en ligne : https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/9/EESR9_R_27-l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france.php

Pour aller plus loin : Document. Nature & conséquences de quelques exemples historiques d'innovations

Source : Robert Boyer, « La « nouvelle économie » au futur antérieur : histoire, théories, géographie », n°2001- 13, Cahiers du Cepremap, août 2001, p. 52. Disponible en ligne : http://www.cepremap.fr/depot/couv_orange/co0113.pdf

2.3. Le rôle des institutions et des droits de propriété

Comme vous l'avez vu en 1ES, dans le cadre de la CPP, l'échange économique n'est pas envisageable sans droits de propriété.

Rappel :

(Programme 1ES 2010, Notions)

Les droits de propriété sont usuellement définis à partir de leurs trois composantes essentielles :

  • Usus, droit d'usage, c'est-à-dire capacité à utiliser librement ce que l'on possède
  • Fructus, droit de récolter les « fruits », autrement dit de récolter les résultats, revenus ou autre, que la possession est susceptible d'engendrer
  • Abusus, droit de disposer, qui se traduit par la possibilité de donner, vendre ou même détruire sa possession.
 

Or, pour que les droits de propriété soient garantis, il faut qu'il existe un système de contraintes pour les protéger. Celui-ci se matérialise dans les institutions.

L'exemple le plus connu de droit de propriété est le brevet.

L'objectif du brevet est de protéger les agents économiques à l'origine d'innovations de façon à leur permettre d'en rentabiliser le coût. En France, les brevets ont une durée de 20 ans à compter de la date de leu dépôt.

Pour tout savoir sur les brevets en France, vous pouvez visiter la page de l'INPI qui lui est consacrée : https://www.inpi.fr/fr/comprendre-la-propriete-intellectuelle/le-brevet

Rappel :

Les institutions sont définies par Douglass Cecil North (1920-2015), économiste et historien américain :

« Institutions are the humanly devised constraints that structure human interaction. They are made up of formal constraints (rules, laws, constitutions), informal constraints (norms of behavior, conventions, and self imposed codes of conduct), and their enforcement characteristics. Together they define the incentive structure of societies and specifically economies. »

Source : Douglass C. North, Prize Lecture: Economic Performance through Time, publié dans Economic Performance Through Time, The American economic review, vol. 84, n°3, 1994, p. 360. Il s'agit de sa Conférence pour le Prix de la Banque de Suède en l'honneur d'Alfred Nobel7) en 1993. Disponible en ligne : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/economic-sciences/laureates/1993/north-lecture.html

Les institutions sont les contraintes établies par les individus, contraintes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent :

  • de contraintes formelles : règles, lois, constitutions,
  • de contraintes informelles : normes de comportement, conventions, codes de conduite personnels,
  • des modalités d'application de ces contraintes.
 
1)
Le SEC 2010 sert de référence à l'Insee et Eurostat. Il repose sur le Système de comptabilité nationale 2008 (SCN 2008) des Nations unies, élaboré en partenariat avec Eurostat et la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et la Banque mondiale (BM).
2)
La valeur « franco à bord » correspond à la valeur des biens et services au moment où ils quittent le pays exportateur.
3)
Pour François Perroux, la croissance est celle de « quelque chose », un « indicateur de dimension », le développement celui de « quelqu'un », « tout l'homme et tous les hommes ». Voir François Perroux, L'économie du XXème siècle, PUF, 1961.
4)
Il peut être également rapporté à la population totale. Rapporté à la population active, il n'aurait pas d'intérêt car il serait alors le « complémentaire à 100 » du taux de chômage.
5)
Soulignés par nous.
6)
Un « trust » est une entreprise en situation de monopole ou de quasi-monopole et qui, de ce fait, exerce une domination sur le marché.
7)
The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel.
ses/tes/chap1/1.1570370550.txt.gz · Dernière modification: 2019/10/06 14:02 de yam