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Chapitre 5. Travail, emploi, chômage

I. Comment s'articulent marché du travail et gestion de l'emploi ?

Notions : Taux de salaire réel, salaire d'efficience, salaire minimum, contrat de travail, conventions collectives, partenaires sociaux, segmentation du marché du travail.

Acquis de première : salaire, marché, productivité, offre et demande, prix et quantité d'équilibre, asymétries d'information.

Indications complémentaires :

En se limitant à une présentation graphique simple et en insistant sur les déterminants de l'offre et de la demande, on expliquera l'analyse néo-classique du fonctionnement du marché du travail. Pour rendre compte de la spécificité de la relation salariale, on montrera l'intérêt de relâcher les hypothèses du modèle de base en introduisant principalement les hypothèses d'hétérogénéité du facteur travail et d'asymétrie d'information. À partir de quelques exemples, on montrera que le taux de salaire dépend également du résultat de négociations salariales et de l'intervention de l'État.

Quelques exemples de sujets du bac :
EC1 :
Montrez que le salaire n'est pas seulement déterminé par la rencontre entre l'offre et la demande de travail. (Autres centres étrangers, 2014)
Quelle est l'influence du salaire d'efficience sur le fonctionnement du marché du travail ? (Antilles-Guyane, 2014)
Comment les partenaires sociaux contribuent-ils à la détermination des salaires ? (Amérique du Sud, 2014)
Expliquez pourquoi, en présence d'asymétries d'information sur le marché du travail, le salaire peut être différent du salaire d'équilibre. (Amérique du Nord, 2015)
Montrez que la détermination du salaire peut dépendre de l'intervention de l'État. (Polynésie, 2015, rattrapage)
Montrez, à partir d'un exemple, comment l'État intervient dans la fixation des salaires. (Polynésie, 2016)
Comment peut-on expliquer l'existence d'un salaire d'efficience ? (Amérique du Sud, 2016)
Montrez que la fixation des salaires dépend d'autres facteurs que la seule rencontre entre l'offre et la demande sur le marché du travail. (France métropolitaine, 2017, rattrapage)
Montrez, en illustrant votre réponse par un graphique, comment la rencontre de l'offre et de la demande sur le marché du travail peut déterminer le salaire. (Amérique du Sud, 2017)
Montrez que le marché du travail est segmenté. (Nouvelle-Calédonie, 2017)
Quel est l'effet de la segmentation du marché du travail sur son fonctionnement ? (Pondichéry, 2018)
Vous montrerez l'intérêt de la notion de segmentation du marché du travail pour rendre compte de la spécificité de la relation salariale. (Amérique du Sud, 2018)
Montrez à l'aide de deux arguments que le salaire n'est pas seulement déterminé par la rencontre entre l'offre et la demande de travail. (Nouvelle-Calédonie, 2018)

EC3 :
Montrez que le salaire ne dépend pas que du marché du travail. (Antilles-Guyane, 2013, rattrapage)
Vous présenterez les effets des asymétries d'information et de la segmentation du marché du travail sur le fonctionnement de ce marché. (Amérique du Nord, 2014)
Vous montrerez que la segmentation du marché du travail met en cause le fonctionnement de ce marché. (France métropolitaine, 2016, rattrapage)
Vous montrerez que les modes de détermination des salaires sont multiples. (Asie, 2017)

Dissertation :
Comment peut-on expliquer la fixation des salaires ? (Antilles-Guyane, 2014, rattrapage)
Quels sont les déterminants de la fixation des salaires ? (Antilles-Guyane, 2015)
Comment les salaires sont-ils déterminés ? (Antilles-Guyane, 2016, rattrapage)
Le salaire se détermine-t-il seulement sur le marché du travail ? (Amérique du Nord, 2017)
Comment le niveau des salaires est-il déterminé ? (Polynésie, 2017, rattrapage)
Le salaire résulte-t-il uniquement de la confrontation de l'offre et de la demande sur le marché du travail ? (France métropolitaine, 2018)


Avant toute chose, il faut être vigilant sur le vocabulaire utilisé et éviter ainsi certaines confusions :

  • Ne pas confondre travail et emploi :

⇒ Le travail désigne l’acte de travailler, la force de travail. Il y a une offre de travail (ceux qui offrent leur force de travail, les travailleurs) et une demande de travail (ceux qui utilisent la force de travail des autres, les producteurs).

⇒ L’emploi désigne l’ensemble des conditions dans lesquelles le travail s’accomplit : lieu, durée, nature du poste…

Ce sont les producteurs qui offrent des emplois.
Par exemple, les offres d’emplois publiées dans la presse écrite précisent les qualifications demandées, le lieu de travail, la rémunération proposée, le type de contrat…
En face, les demandeurs d’emploi sont les travailleurs (les individus) et se distinguent par leurs qualifications.

  • Ne pas confondre employé et un salarié :

⇒ Le salarié est celui qui perçoit un salaire. Autrement dit, il perçoit une rémunération en échange de son travail, donc de sa participation à l'activité productive de son entreprise.

⇒ L'employé est celui qui appartient à la PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) des employés. Cette PCS regroupe un ensemble de personnes travaillant dans le secteur tertiaire (activité de services), qui ont un niveau de qualification relativement faible (comparé à celui d'autres PCS), et appartiennent aux catégories populaires (niveau de revenu peu élevé).

On peut remarquer qu'un employé est un salarié, mais que l'inverse n'est pas vrai : un salarié n'est pas nécessairement un employé (il peut être « cadre », « professions intermédiaires », « ouvrier »…).

De nombreux éléments de cette partie ont déjà été abordés lors de l'étude de la croissance. Il est donc judicieux de revoir le chapitre 1…

1.1. L'analyse néoclassique du marché du travail

L'objectif est ici de présenter le fonctionnement du marché du travail tel qu'il apparaît dans l'analyse néoclassique. Pour cela, nous nous appuierons sur le modèle théorique du marché en situation de concurrence pure et parfaite (CPP) vu en 1ES.

Il est important ici d'avoir bien révisé le chapitre sur le marché de 1ES.

Rappels et définitions préalables :

Le marché est un lieu de rencontre, réel ou fictif, entre l'offre et la demande de biens et services économiques qui aboutit à la fixation du prix et de la quantité auxquels se réalisent l’échange.
Le prix y agit comme un signal, car il véhicule l'information et permet ainsi la coordination des comportements de demande et d’offre qui n’auraient aucune raison de s’ajuster autrement.
L'échange s'effectue sur le marché au moyen d'un média particulier : la monnaie.

 

La théorie à l'origine de la construction du modèle dit de concurrence pure et parfaite (CPP) a été développée à la fin du XIXème siècle, notamment sous l'égide de l'économiste français Léon Walras (1834-1910). Ce courant théorique tient aujourd'hui une place essentielle dans la pensée économique malgré les critiques auxquelles il est parfois soumis.

Ce modèle repose sur un ensemble de cinq hypothèses, trois hypothèses dites de la concurrence « pure » et deux dites de la concurrence « parfaite », hypothèses qui sont « relâchées » (donc ne sont pas respectées) en concurrence imparfaite :

Version ODP

Le marché du travail est donc le lieu de rencontre entre l'offre et la demande de travail. La quantité de travail se mesure généralement en heures. Le prix du travail correspond au salaire réel.

 
Pour les néoclassiques, le travail est considéré comme une marchandise comme les autres. Il fait l'objet d'un échange sur un marché de CPP où sont fixés le prix et les quantités échangées.

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions)

Le salaire est la rémunération perçue en échange du travail fourni par le travailleur, donc de sa participation à l'activité productive.
Il est défini par le contrat de travail et est perçu à intervalle régulier (le salaire est le plus souvent mensuel en France, mais il peut être hebdomadaire…).
Il peut être fixe (c'est généralement le cas) ou variable. Dans ce second cas, il dépend notamment des performances du travailleur.

Le salaire brut correspond à la rémunération perçue, cotisations sociales salariales incluses. Le salaire net correspond au salaire brut dont on a déduit les cotisations sociales (y compris la CSG, contribution sociale généralisée, et la CRDS, contribution au remboursement de la dette sociale).
Remarque : on parle parfois de salaire super-brut pour désigner le montant correspondant au salaire brut auquel on ajoute les cotisations sociales patronales (versées par l'employeur pour le salarié mais non perçues), c'est-à-dire le coût salarial.

Le salaire nominal est celui qui est perçu par le travailleur, tel qu'il figure sur la feuille de paye (on retient généralement le salaire net). Le salaire réel correspond au salaire nominal déflaté.

 

1.1.1. L'offre de travail

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

L'offre est la quantité d'un bien ou d'un service qu'un agent économique souhaite vendre sur le marché à un prix donné.
En règle générale1), l'offre est une fonction croissante du prix : plus les prix augmentent, plus la quantité de produits offerte augmente. Les coûts de production jouent en sens inverse sur l'offre des producteurs.

Les offreurs sont essentiellement les ménages et les entreprises. Les ménages offrent du travail, de l'épargne ; Les entreprises offrent des biens et services marchands.

 

L'offre de travail désigne donc la quantité de travail que les agents économiques (la population active en l’occurrence) désirent vendre sur le marché du travail pour un salaire réel donné (elle correspond donc à la demande d'emploi)2).
Exemples : Les “chômeurs découragés” en période de crise qui reviennent sur le marché du travail lors de la reprise, les individus qui ne sont plus comptabilisés lorsqu'ils ne s'inscrivent pas à Pôle Emploi, les individus embauchés « au noir », etc.

Dans l'analyse néoclassique, cette offre de travail est le résultat d'un arbitrage en travail et loisir : elle est déterminée par l'utilité relative du travail (par rapport au loisir).

Rappel :

(Programme 1ES 2010, Notions)

L'utilité désigne l'aptitude d'un bien ou d'un service à satisfaire les besoins d'un agent économique. Répondre à un besoin augmente donc l'utilité de l'agent économique.

Remarque : le terme « satisfaction » est souvent utilisé comme synonyme d'utilité.

Utilité marginale

L'utilité marginale désigne l'utilité de la dernière unité consommée, c'est-à-dire la satisfaction supplémentaire apportée par la consommation d’une unité supplémentaire de bien ou service. L’utilité marginale est généralement considérée comme une fonction décroissante des quantités consommées. Exemple : L'utilité apportée par la consommation d'un carreau de chocolat, aussi forte puisse-t-elle être au départ, diminue au fur et à mesure qu'un individu en consomme davantage. L'utilité du dernier carreau sera donc la plus faible constatée.

 

Dans l'analyse néoclassique, le travail ne procure pas une satisfaction en soi. En effet, le travail fait diminuer l'utilité (il est source de désutilité) car il exige un effort durant un temps donné. Cependant, il permet également d’obtenir un revenu, le salaire réel, qui permet d'accéder à la consommation, elle-même source d'utilité.
À l’inverse, le loisir est source d'utilité en soi (il procure du plaisir et augmente donc la satisfaction) et ce d'autant plus qu'il n'a pas nécessairement de coût monétaire (par exemple, aller se promener en forêt, se baigner ou bronzer à la plage… sont bien des activités de loisir tout en étant gratuites). Par contre, il coûte à l’individu ce qu’il aurait pu gagner en travaillant durant le temps qui lui est consacré.
Le raisonnement se fait donc en terme de coût d'opportunité.

Rappel :

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

Dans une situation d'arbitrage, le coût d’opportunité est le coût de renoncement aux possibilités non retenues d'un choix. Il correspond donc à la valeur attribuée à ces dernières et qu'elles auraient apportées si elles avaient choisies. Si ce coût peut être financier, il ne s'y réduit pas. Il peut, par exemple, se mesurer en terme de déplaisir.
Exemple : Si un élève doit arbitrer entre consacrer deux heures de son temps à la révision de son DST de SES ou à une séance de cinéma, choisir de réviser son DST implique un coût correspondant à la perte de plaisir qu'aurait apporté la séance de cinéma.

 

Par exemple, travailler une heure implique de renoncer à une heure de loisir. Un individu n'acceptera donc de travailler cette heure que si son gain (le salaire réel) est pour lui supérieur à son coût (le renoncement au loisir).

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux de salaire réel correspond au rapport entre le taux de salaire nominal (le salaire perçu – net des cotisations sociales – tel qu'il figure sur la feuille de paye) et le niveau général des prix (indicateur de l'inflation). Il est donc un indicateur du pouvoir d’achat du salaire. C'est ce taux qui équilibre le marché du travail.

 

De façon générale, l’offre de travail augmente lorsque le salaire réel augmente, car les salariés considèrent alors que l’utilité apportée par le travail a augmenté relativement à celle apportée par le loisir. Inversement, l'offre de travail baisse lorsque le salaire réel baisse. Les individus raisonnent en terme de salaire réel car ce qui les intéresse est le pouvoir d'achat du salaire et non le salaire nominal indiqué sur leur feuille de paye (autrement dit, ils ne sont pas victimes de “l'illusion monétaire”).
Une augmentation du taux de salaire réel entraine deux effets contradictoires :

  • Un effet de substitution : lorsque le taux de salaire réel augmente, le travailleur est incité à remplacer des heures de loisirs par davantage d'heures de travail (il y a donc substitution des heures de loisirs au profit des heures de travail). Cet effet tend donc à augmenter l'offre de travail.
  • Un effet revenu : lorsque le taux de salaire réel augmente, le travailleur bénéficie d'une hausse du revenu total de son travail. Il a donc moins besoin de travailler pour accéder au même niveau de consommation, ou, si il travaille autant, il peut augmenter son niveau de consommation. Cet effet tend donc à baisser l'offre de travail (d'autant plus que le travail est source de désutilité).

Pour les néoclassiques, au niveau macroéconomique, l'offre totale de travail est le résultat de l'agrégation de l'ensemble des offres de travail individuelles et c'est l'effet de substitution qui l'emporte sur l'effet revenu.
Au final, nous avons vu que l'offre de travail est une fonction croissante du prix du travail : plus le taux de salaire réel est élevé, plus les ménages sont disposés à sacrifier leur temps de loisir pour offrir du facteur travail.

1.1.2. La demande de travail

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

La demande est la quantité d'un bien ou d'un service qu'un agent économique souhaite acquérir à un prix donné.
En règle générale3), la demande est une fonction décroissante du prix (la demande évolue en sens inverse du prix). Si celui-ci augmente, elle diminue. En revanche, elle évolue le plus souvent dans le même sens que le revenu : si celui-ci augmente, elle augmente aussi.

Tous les agents (entreprises, ménages, administrations publiques, ISBLSM) ont besoin de biens et services qu'ils ne produisent pas eux-mêmes et sont de potentiels demandeurs.

 

La demande de travail désigne donc la quantité de travail que les agents économiques (les employeurs) désirent acquérir sur le marché du travail.

La demande de travail étant une fonction décroissante du prix du travail : les producteurs sont d'autant plus disposés à embaucher des travailleurs que le taux de salaire réel est bas ; si les salaires s'élèvent, les entreprises préfèrent substituer du capital au travail. Ainsi, la demande de travail diminue lorsque le salaire réel augmente, car les employeurs considèrent que les salariés coûtent alors plus cher que ce qu’ils rapportent.

La productivité marginale du travail est la variation de la production rapportée à la variation de la quantité de travail : elle détermine la variation de la production résultant d’une unité supplémentaire de travail. On a :
Pm du travail = variation de la production/variation du travail

Tant qu'elle n'est pas nulle, les producteurs sont susceptibles d'embaucher : l’employeur embauche tant que le salarié supplémentaire coûte moins cher que ce qu’il lui rapporte, c’est-à-dire tant que la productivité marginale du travail est supérieure au salaire.
Le dernier travailleur embauché sera donc celui dont le salaire est égal à la productivité marginale du travail.

1.1.2. Équilibre & déséquilibre du marché du travail

Dans l'analyse néoclassique (CCP), c'est la flexibilité (variation à la hausse ou à la baisse) du salaire réel qui permet l’équilibre entre l’offre et la demande de travail, donc de résorber les déséquilibres. Autrement dit, le marché s'autorégule (repensez à la “main invisible”/processus de tâtonnement).

Le chômage est ici un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail : offre > demande. Sur un marché en CPP, ce déséquilibre devrait se résorber par la baisse du prix, donc ici du salaire réel.
Les néoclassiques considèrent deux formes de chômage :

Le chômage frictionnel ou d'appariement résulte des délais d’ajustement qui existent entre l'offre et la demande de travail. Ces délais correspondent au temps nécessaire à la recherche d'emploi pour le travailleur (recherche et de consultation des offres d'emplois, rédaction et d'envoi de candidatures, préparation et passage d'entretiens d'embauche, etc.) et au recrutement pour l'employeur (rédaction d'un profil de poste, recours éventuel à un cabinet de recrutement, examen et sélection des candidatures, organisation et passage d'entretiens, etc.).
Il est quelquefois dit chômage de « plein emploi » dans la mesure où il s'agit d'un chômage incompressible, même lorsque l'on se trouve en situation de plein emploi sur le marché du travail.
Il l'est l'une des formes de chômage retenue dans l'analyse néoclassique.

 

Le chômage volontaire :

Dans ce cadre d’analyse, si le chômage persiste, cela signifie que la baisse de son prix se heurte à des « rigidités », empêchant la flexibilité à la baisse du salaire réel.

Version odp

1.2. Les déterminants de l'offre et la demande de travail

Document. Évolution de l'emploi en France par secteur d'activité de 1970 à 2014

(p) : données provisoires pour 2014.
Note : données de 1970 à 2014 pour l'emploi total par statut, sexe et secteur ; données de 1954 à 2014 pour l'emploi total.
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, estimations d'emploi. Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocmartra15/dd/excel/irsocmartra15_t201.xls

Document. Évolution de l'emploi en France par sexe et secteur d'activité de 1970 à 2014

Version ods

(p) : données provisoires pour 2014.
Note : données de 1970 à 2014 pour l'emploi total par statut, sexe et secteur ; données de 1954 à 2014 pour l'emploi total.
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, estimations d'emploi. Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocmartra15/dd/excel/irsocmartra15_t201.xls

Rappel : les facteurs qui peuvent influer sensiblement sur le niveau de la population active future :

  • la poursuite du recul de l'âge d'entrée (du fait de l'allongement des études) et de sortie du marché du travail (consécutif aux réformes des régimes de retraite),
  • la variation de la fécondité (qui peut favoriser une augmentation de la population active future si elle augmente),
  • la variation du taux d'activité des femmes (le taux d'activité des femmes restant inférieur à celui des hommes – surtout aux âges intermédiaires – malgré une réduction de l'écart, il peut continuer d'augmenter),
  • la reprise ou non de l'immigration (via des politiques d'ouverture des frontières ou d'immigration dite choisie),
  • l'évolution du taux de mortalité (à la hausse ou à la baisse),
  • la conjoncture économique (qui décourage la recherche d'emploi lorsqu'elle est mauvaise et qui encourage le retour sur le marché du travail lorsqu'elle s'améliore).
Le SMIC ?

Smic horaire brut en euros en 2020 : 10,15 euros.
Smic mensuel brut en euros pour 151,67 heures de travail en 2020 : 1 539,42 euros.
Source : Insee. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1375188

1.3. Les nouvelles théories du marché du travail : quand la réalité ne correspond pas au modèle...

La théorie du salaire d'efficience

Selon la théorie du salaire d’efficience, développée par Harvey Leibenstein (The prisoner's dilemma in the invisible hand : an analysis of intrafirm productivity4), American Economic Association, vol. 72(2), pages 92-97, mai 1982), la productivité est une fonction croissante du salaire réel. Ainsi, c'est le niveau de salaire qui influence la productivité alors qu'à l'inverse, dans le modèle néoclassique de la CPP, c’est la productivité qui détermine le niveau de salaire.

En l'absence de contrôle par l'employeur, et parce qu'il y a asymétrie d'information, le travailleur a la possibilité de moduler son effort.

Marchés interne/externe du travail

Les économistes américains Michael J. Piore et Peter Doeringer (Internal labor market and manpower analysis, 1971) montrent qu’il existe :

— un marché interne du travail qui regroupe les emplois protégés par un contrat stable au sein de l’entreprise (approche microéconomique) que l’on appelle marché primaire du travail au niveau macroéconomique. Ce marché représente le « noyau dur » du personnel de l’entreprise.
Peu exposés au chômage de longue durée, ces emplois concernent des salariés travaillant généralement à temps plein, qualifiés, bien rémunérés, bénéficiant des conventions collectives, accédant aisément à la formation et pouvant prétendre à des promotions.
Exemples : emplois de fonctionnaires, de cadres, de secteurs en pénurie de main-d'oeuvre, etc.

— un marché externe du travail dans l’entreprise ou marché secondaire du travail au niveau macroéconomique constitué des emplois atypiques, emplois qui ont comme caractéristique d’être précaires. Ils constituent une “variable d'ajustement” pour les entreprises.
Fortement exposés au chômage (chômage de longue durée, intermittence dans l'emploi), ces emplois atypiques se caractérisent par des rémunérations faibles, une absence d’ancienneté, de promotion ou d’avantages sociaux particuliers.
Exemples : emplois peu qualifiés, de secteurs en crise, etc.

 
Schéma de la segmentation du marché du travail

Schéma de la segmentation du marché du travailVersion odp

Les travaux de Assar Lindbeck et Dennis J. Snower, The Insider-Outsider Theory of Employment and Unemployment, 1989, qui adoptent une vision microéconomique, reprennent cette idée d'un marché coupé en deux, sauf que ce sont les insiders qui, en cherchant à préserver leur position, sont responsables du chômage.

II. Quelles politiques pour l'emploi ?

Notions : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage, taux d'emploi, qualification, demande anticipée, salariat, précarité, pauvreté.

Acquis de première : chômage, productivité, demande globale, politique monétaire, politique budgétaire, rationnement.

Indications complémentaires :

Afin de montrer que la diversité des formes et des analyses du chômage explique la pluralité des politiques, on analysera les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage keynésien, les politiques d'allégement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique, les politiques de formation et de flexibilisation pour réduire la composante structurelle du chômage. On soulignera que les politiques de l'emploi sont aussi fondées sur la prise en compte du rôle du travail et de l'emploi dans l'intégration sociale. On se demandera en quoi ce lien entre travail et intégration sociale est fragilisé par certaines évolutions de l'emploi.

Quelques exemples de sujets du bac :
EC3 :
Vous montrerez que certaines évolutions de l'emploi fragilisent le lien entre travail et intégration sociale. (Amérique du Sud, 2015)
Vous montrerez que les évolutions de l'emploi fragilisent le lien entre travail et intégration sociale. (France métropolitaine, 2016)

Dissertation :
Le chômage remet-il nécessairement en cause l'intégration sociale ? (Asie, 2013)
Montrez que la diversité des formes du chômage peut orienter les politiques de l'emploi. (Amérique du Sud, 2013)
Dans quelle mesure la baisse du coût du travail permet-elle de réduire le chômage ? (Polynésie, 2014, rattrapage)
Les politiques visant à renforcer la flexibilité du marché du travail sont-elles suffisantes pour lutter contre le chômage ? (Nouvelle-Calédonie, 2015)


1. L'évolution du marché du travail

La 1ère question qui se pose lorsque l'on traite de la situation du marché du travail est celle de la mesure de l'emploi et du chômage.
Nous avons vu précédemment que le niveau de l'offre de travail dépendait notamment des variables démographiques (solde naturel et solde migratoire). Une population en âge de travailler abondante offre un potentiel de main d’œuvre (donc d'offre de travail) importante. À l'inverse, une population en âge de travailler déclinante a un impact négatif sur ce potentiel.

Parmi cette main d’œuvre potentielle, combien sont disposés à offrir leur travail ? C'est ce que mesure le taux d'activité :

Taux d'activité

Le taux d'activité est un instrument de mesure de la proportion de la population totale qui exerce ou recherche un emploi (part de la population totale qui est active). Il permet de mesurer l'importance de la population active, donc le comportement d’offre de travail d’une population particulière.
De façon générale, le taux d'activité est le résultat du rapport entre le nombre total de personnes dans la population active et le nombre total de personnes dans la population en âge de travailler. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.

Jusqu'ici cela paraît simple, mais… :
Par convention, l'Insee considère que les personnes actives sont nécessairement des personnes qui ont plus de 15 ans et qui ne sont pas à la retraite (donc qui ont moins de 65 ans), c'est-à-dire des personnes de 15-64 ans.
On peut donc réécrire la formule générale de calcul comme suit :
Taux d'activité = Population active/Population totale en âge de travailler (x 100)

Le calcul du taux d'activité peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'activité se calcule en effectuant le rapport entre la population active de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.
Ainsi, le taux global d’activité se calcule en divisant la population active totale par la population totale de référence.

Pour le taux d'activité par sexe, il suffit de prendre pour chaque ensemble uniquement les hommes ou les femmes. Par exemple, le taux d'activité féminin est :
Taux d'activité des femmes = (population active féminine/population totale des femmes en âge de travailler) x 100.

Si l'on considère le taux d'activité d'un groupe d'âge, on opère de la même manière. Par exemple, le taux d'activité des 15-24 ans est :
Taux d'activité des 15-24 ans = (population active âgée de 15-24 ans/population totale âgée de 15-24 ans) x 100.

Remarque : ne pas confondre taux d’activité d'une catégorie et proportion de cette catégorie dans la population active (population active de la catégorie considérée/population de référence * 100).

Le taux d'activité peut donc se mesurer de deux façons :
— En faisant le rapport entre la population active et la population totale en âge de travailler.
— En faisant le rapport entre le nombre d'actifs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre total d'individus en âge de travailler appartenant à cette catégorie.

 

Lorsque le taux d'activité est faible, il est possible de penser que les individus ne sont pas incités à offrir leur travail. Pour reprendre le raisonnement néoclassique, ils font un arbitrage travail/loisir en faveur du loisir (et inversement si le taux d'activité est élevé).

Parmi cette main d’œuvre potentielle toujours, combien sont réellement utilisés par les producteurs ? C'est ce que mesure le taux d'emploi :

Rappelons de quoi nous parlons :

Emploi

(Programme 2nde 2010, Notions)

Au niveau d'une économie, l'emploi correspond au nombre total de personnes qui exercent une activité professionnelle rémunérée (par un salaire pour les salariés, par des honoraires pour une profession libérale, etc.).
Remarque : pour le BIT (organisme international chargé de l'étude et de la surveillance des questions liées au travail), ce sont toutes les personnes qui ont travaillé ne serait-ce qu'une heure, au cours d'une semaine dite de référence (celle où la personne est interrogée). C'est cette définition qui est généralement retenue par l'Insee.

Au niveau des agents économiques, un emploi est un contrat définissant essentiellement :

  • du côté de l'employeur (pour les salariés) ou du client (pour les indépendants), le travail à réaliser, les conditions de travail (notamment le lieu), la durée.
  • du côté du travailleur, la rémunération obtenue en échange.
 

Taux d'emploi

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux d'emploi est un instrument de mesure de la proportion d'une population donnée qui exerce un emploi. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.
De façon générale, le taux d'emploi est le résultat du rapport entre le nombre de personnes qui occupent un emploi – actifs occupés – et le nombre total de personnes en âge de travailler. 5)

Taux d'emploi = Population active occupée/Population totale en âge de travailler (x 100)

Le calcul du taux d'emploi peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'emploi se calcule en effectuant le rapport entre la population active occupée de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.

 

Si le taux d'emploi est faible, il est possible de penser que le potentiel n'est pas pleinement – voire mal – exploité (notamment s'il coexiste avec le constat de pénuries dans certains secteurs).

Enfin, parmi ceux qui offre leur travail, combien n'ont pas trouvés à être embauchés ? C'est ce que mesure le taux de chômage :

Rappelons de quoi nous parlons :

Chômage [Définition générale]

De façon générale, le chômage peut se définir comme l'ensemble des personnes en âge de travailler, qui n'exercent pas d'activité professionnelle rémunérée et en recherchent une.
En pratique, pour pouvoir mesurer le chômage, plusieurs définitions sont retenues : en France, il s'agit, d'une part, de la définition selon le BIT (Bureau International du Travail) et, d'autre part, la définition selon le Pôle Emploi (ex-ANPE, Agence Nationale pour l'Emploi) et la Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, qui dépend du Ministère du Travail).
L'existence de plusieurs définitions différentes s'explique en partie par des raisons historiques et statistiques (notamment la nécessité de produire des indicateurs permettant les comparaisons internationales). Cependant, le choix d'une définition plutôt qu'une autre n'est pas sans conséquence. En particulier, selon la définition retenue, la mesure du chômage peut considérablement varier.

 

Taux de chômage

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux de chômage est une mesure de la proportion de personnes sans emploi dans la population active. Autrement dit, il est un instrument de mesure du chômage. Il peut se calculer de deux façons :

  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active totale.
  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre d'actifs de cette catégorie.

Comme nous l'avons vu plus haut, il peut varier en fonction de la définition retenue.

 
Document. Taux de chômage au sens du BIT depuis 1975 en %

Version ods

Lecture : Au 4ème trimestre 2017, 8,6 % de la population active est au chômage au sens du BIT en France métropolitaine, 8,9 % si on inclut les DOM.
Champ : France métropolitaine & France métropolitaine et DOM, ensemble des personnes de 15 à 64 ans.

Source : Insee, enquêtes Emploi. Disponible en ligne : https://insee.fr/fr/statistiques/serie/001688526 & https://insee.fr/fr/statistiques/serie/001688527

Document. Chômeurs et taux de chômage selon la durée, le sexe et l'âge en 2019

Lecture : en 2019, 2 506 000 personnes actives âgées de 15 ans ou plus sont au chômage, soit 8,4 % des personnes actives âgées de 15 ans ou plus.
Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes actives de 15 ans ou plus.
Source : Insee, enquête Emploi. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2417491

Qualification

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)

La qualification est un ensemble de capacités possédées par un travailleur ou requises pour occuper un emploi. Elle se matérialise sous forme de diplôme, validation de l'expérience (VAE), certification, grille de qualifications, etc.

Il est d'usage de distinguer la qualification individuelle de la qualification de l'emploi :

  • La qualification individuelle correspond aux capacités propres au travailleur. Ces capacités lui permettent d'occuper son poste de travail, mais ne s'y réduisent pas (le travailleur peut posséder des capacités autres que celles nécessaires à son emploi). La qualification individuelle est généralement acquise au cours de la formation initiale et se nourrit de l'expérience ou encore de la formation continue.
  • La qualification de l'emploi correspond aux capacités requises pour occuper un poste de travail. Elle évolue sous l'effet de la transformation de la structure économique et du progrès technique (elle peut notamment se traduire par une déqualification de certains emplois ou, au contraire, par une requalification).
 
Demande globale

(Programme 1ES 2010, Notions)

Au sens de la comptabilité nationale, la demande globale (ou agrégée) correspond aux « emplois » dans l'équation de l'équilibre emplois/ressources.

En économie ouverte, elle s'écrit :
Demande globale = C + I + X + variation des stocks
avec C = Consommation, I = Investissement, X = eXportations.

Toujours en économie ouverte, en isolant les dépenses réalisées par les administrations publiques des dépenses réalisées par les agents/institutions privés (ménages, ISBLSM, entreprises), elle s'écrit :
Demande globale = C + I + X + G + variation des stocks
avec C = consommation des agents/institutions privés, I =investissement des agents/institutions privés, X = exportations, ie. demande extérieure, G = dépenses de consommation et d'investissement des administrations publiques.

En économie fermée, elle s'écrit :
Demande intérieure globale = C + I + variation des stocks
ou
Demande intérieure globale = C + I + G + variation des stocks

Le plus souvent on néglige la variation des stocks. On obtient alors respectivement :

En économie ouverte :
Demande globale = C + I + X
ou
Demande globale = C + I + X + G

En économie fermée :
Demande intérieure globale = C + I
ou
Demande intérieure globale = C + I + G

 
Document. Les effets contrastés des gains de productivité sur l’emploi
Salariat

(Programme TES 2011, Notions)

Le salariat est une relation contractuelle et hiérarchique entre une personne physique (le salarié) et une personne physique ou morale (l'employeur), relation dans laquelle le salarié accepte le lien de subordination à l'employeur qui découle du contrat et de fournir son travail en contrepartie d’une rémunération et des droits attachés au contrat.

Emploi salarié/non salarié

Un salarié est une personne qui travaille pour un employeur contre une rémunération, le salaire, prévue à l'avance dans le contrat de travail. Le contrat de travail définit les droits et obligations du salarié.

Les non-salariés sont les indépendants, les employeurs ou les aides familiaux. Les non-salariés perçoivent des honoraires ou des profits.

Les indépendants sont des personnes qui travaillent à leur propre compte.

Exemple : comme les médecins, les avocats, les artisans…

Les aides familiaux sont des personnes qui aident un membre de leur famille qui travaille à son compte (exploitant agricole, artisan commerçant, industriel, profession libérale) sans être salariées (elles partagent leurs honoraires ou profits).

 
1) , 3)
cf. l'élasticité pour les exceptions.
2)
Les offreurs de travail ne font pas tous partie de la population active au sens statistique. Ils peuvent être considérés comme inactifs à un instant donné et décider de revenir plus tard sur le marché du travail si les conditions sont favorables.
4)
Le dilemme du prisonnier dans la main invisible : une analyse de la productivité au sein de l'entreprise
5)
Il peut être également rapporté à la population totale. Rapporté à la population active, il n'aurait pas d'intérêt car il serait alors le « complémentaire à 100 » du taux de chômage.
ses/tes/chap5.txt · Dernière modification: 2020/04/12 18:22 de yam