Outils pour utilisateurs

Outils du site


ses:tes:chap5

Ceci est une ancienne révision du document !


Chapitre 5. Travail, emploi, chômage

I. Comment s'articulent marché du travail et gestion de l'emploi ?

Notions : Taux de salaire réel, salaire d'efficience, salaire minimum, contrat de travail, conventions collectives, partenaires sociaux, segmentation du marché du travail.

Acquis de première : salaire, marché, productivité, offre et demande, prix et quantité d'équilibre, asymétries d'information.

Indications complémentaires :

En se limitant à une présentation graphique simple et en insistant sur les déterminants de l'offre et de la demande, on expliquera l'analyse néo-classique du fonctionnement du marché du travail. Pour rendre compte de la spécificité de la relation salariale, on montrera l'intérêt de relâcher les hypothèses du modèle de base en introduisant principalement les hypothèses d'hétérogénéité du facteur travail et d'asymétrie d'information. À partir de quelques exemples, on montrera que le taux de salaire dépend également du résultat de négociations salariales et de l'intervention de l'État.

Quelques exemples de sujets du bac :
EC3 :
Montrez que le salaire ne dépend pas que du marché du travail. (Antilles-Guyane, 2013, rattrapage)
Vous présenterez les effets des asymétries d'information et de la segmentation du marché du travail sur le fonctionnement de ce marché. (Amérique du Nord, 2014)
Vous montrerez que la segmentation du marché du travail met en cause le fonctionnement de ce marché. (France métropolitaine, 2016, rattrapage)
Vous montrerez que les modes de détermination des salaires sont multiples. (Asie, 2017)

Dissertation :
Comment peut-on expliquer la fixation des salaires ? (Antilles-Guyane, 2014, rattrapage)
Quels sont les déterminants de la fixation des salaires ? (Antilles-Guyane, 2015)
Comment les salaires sont-ils déterminés ? (Antilles-Guyane, 2016, rattrapage)
Le salaire se détermine-t-il seulement sur le marché du travail ? (Amérique du Nord, 2017)
Comment le niveau des salaires est-il déterminé ? (Polynésie, 2017, rattrapage)


Avant toute chose, il faut être vigilant sur le vocabulaire utilisé et éviter ainsi certaines confusions :

  • Ne pas confondre travail et emploi :

⇒ Le travail désigne l’acte de travailler, la force de travail. Il y a une offre de travail (ceux qui offrent leur force de travail, les travailleurs) et une demande de travail (ceux qui utilisent la force de travail des autres, les producteurs).

⇒ L’emploi désigne l’ensemble des conditions dans lesquelles le travail s’accomplit : lieu, durée, nature du poste…

Ce sont les producteurs qui offrent des emplois.

Par exemple, les offres d’emplois publiées dans la presse écrite précisent les qualifications demandées, le lieu de travail, la rémunération proposée, le type de contrat…

En face, les demandeurs d’emploi sont les travailleurs (les individus) et se distinguent par leurs qualifications.

  • Ne pas confondre employé et un salarié :

⇒ Le salarié est celui qui perçoit un salaire. Autrement dit, il perçoit une rémunération en échange de son travail, donc de sa participation à l'activité productive de son entreprise.

⇒ L'employé est celui qui appartient à la PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) des employés. Cette PCS regroupe un ensemble de personnes travaillant dans le secteur tertiaire (activité de services), qui ont un niveau de qualification relativement faible (comparé à celui d'autres PCS), et appartiennent aux catégories populaires (niveau de revenu peu élevé).

On peut remarquer qu'un employé est un salarié, mais que l'inverse n'est pas vrai : un salarié n'est pas nécessairement un employé (il peut être « cadre », « professions intermédiaires », « ouvrier »…).

De nombreux éléments de cette partie ont déjà été abordés lors de l'étude de la croissance. Il est donc judicieux de revoir le chapitre 1…

1.1. L'analyse néoclassique du marché du travail

L'objectif est ici de présenter le fonctionnement du marché du travail tel qu'il apparaît dans l'analyse néoclassique. Pour cela, nous nous appuierons sur le modèle théorique du marché en situation de concurrence pure et parfaite (CPP) vu en 1ES.

Il est important ici d'avoir bien révisé le chapitre sur le marché de 1ES.

Rappels et définitions préalables :

Le marché est un lieu de rencontre, réel ou fictif, entre l'offre et la demande de biens et services économiques qui aboutit à la fixation du prix et de la quantité auxquels se réalisent l’échange.
Le prix y agit comme un signal, car il véhicule l'information et permet ainsi la coordination des comportements de demande et d’offre qui n’auraient aucune raison de s’ajuster autrement.
L'échange s'effectue sur le marché au moyen d'un média particulier : la monnaie.

 

La théorie à l'origine de la construction du modèle dit de concurrence pure et parfaite (CPP) a été développée à la fin du XIXème siècle, notamment sous l'égide de l'économiste français Léon Walras (1834-1910). Ce courant théorique tient aujourd'hui une place essentielle dans la pensée économique malgré les critiques auxquelles il est parfois soumis.

Ce modèle repose sur un ensemble de cinq hypothèses, trois hypothèses dites de la concurrence « pure » et deux dites de la concurrence « parfaite », hypothèses qui sont « relâchées » (donc ne sont pas respectées) en concurrence imparfaite :

Version ODP

Le marché du travail est donc le lieu de rencontre entre l'offre et la demande de travail. La quantité de travail se mesure généralement en heures. Le prix du travail correspond au salaire réel.

Pour les néoclassiques, le travail est considéré comme une marchandise comme les autres. Il fait l'objet d'un échange sur un marché de CPP où sont fixés le prix et les quantités échangées.

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions)

Le salaire est la rémunération perçue en échange du travail fourni par le travailleur, donc de sa participation à l'activité productive.
Il est défini par le contrat de travail et est perçu à intervalle régulier (le salaire est le plus souvent mensuel en France, mais il peut être hebdomadaire…).
Il peut être fixe (c'est généralement le cas) ou variable. Dans ce second cas, il dépend notamment des performances du travailleur.

Le salaire brut correspond à la rémunération perçue, cotisations sociales salariales incluses. Le salaire net correspond au salaire brut dont on a déduit les cotisations sociales (y compris la CSG, contribution sociale généralisée, et la CRDS, contribution au remboursement de la dette sociale).
Remarque : on parle parfois de salaire super-brut pour désigner le montant correspondant au salaire brut auquel on ajoute les cotisations sociales patronales (versées par l'employeur pour le salarié mais non perçues), c'est-à-dire le coût salarial.

Le salaire nominal est celui qui est perçu par le travailleur, tel qu'il figure sur la feuille de paye (on retient généralement le salaire net). Le salaire réel correspond au salaire nominal déflaté.

 

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux de salaire réel correspond au rapport entre le taux de salaire nominal (le salaire perçu – net des cotisations sociales – tel qu'il figure sur la feuille de paye) et le niveau général des prix (indicateur de l'inflation). Il est donc un indicateur du pouvoir d’achat du salaire. C'est ce taux qui équilibre le marché du travail.

 

1.1.1. L'offre de travail

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

L'offre est la quantité d'un bien ou d'un service qu'un agent économique souhaite vendre sur le marché à un prix donné.
En règle générale1), l'offre est une fonction croissante du prix : plus les prix augmentent, plus la quantité de produits offerte augmente. Les coûts de production jouent en sens inverse sur l'offre des producteurs.

Les offreurs sont essentiellement les ménages et les entreprises. Les ménages offrent du travail, de l'épargne ; Les entreprises offrent des biens et services marchands.

 

L'offre de travail désigne donc la quantité de travail que les agents économiques (la population active en l’occurrence) désirent vendre sur le marché du travail pour un salaire réel donné (elle correspond donc à la demande d'emploi)2).
Exemples : Les “chômeurs découragés” en période de crise qui reviennent sur le marché du travail lors de la reprise, les individus qui ne sont plus comptabilisés lorsqu'ils ne s'inscrivent pas à Pôle Emploi, les individus embauchés « au noir », etc.

Dans l'analyse néoclassique, cette offre de travail est le résultat d'un arbitrage en travail et loisir : elle est déterminée par l'utilité relative du travail (par rapport au loisir).

Rappel :

(Programme 1ES 2010, Notions)

L'utilité désigne l'aptitude d'un bien ou d'un service à satisfaire les besoins d'un agent économique. Répondre à un besoin augmente donc l'utilité de l'agent économique.

Remarque : le terme « satisfaction » est souvent utilisé comme synonyme d'utilité.

Utilité marginale

L'utilité marginale désigne l'utilité de la dernière unité consommée, c'est-à-dire la satisfaction supplémentaire apportée par la consommation d’une unité supplémentaire de bien ou service. L’utilité marginale est généralement considérée comme une fonction décroissante des quantités consommées. Exemple : L'utilité apportée par la consommation d'un carreau de chocolat, aussi forte puisse-t-elle être au départ, diminue au fur et à mesure qu'un individu en consomme davantage. L'utilité du dernier carreau sera donc la plus faible constatée.

 

Dans l'analyse néoclassique, le travail ne procure pas une satisfaction en soi. En effet, le travail fait diminuer l'utilité (il est source de désutilité) car il exige un effort durant un temps donné. Cependant, il permet également d’obtenir un revenu, le salaire réel, qui permet d'accéder à la consommation, elle-même source d'utilité.
À l’inverse, le loisir est source d'utilité en soi (il procure du plaisir et augmente donc la satisfaction) et ce d'autant plus qu'il n'a pas nécessairement de coût monétaire (par exemple, aller se promener en forêt, se baigner ou bronzer à la plage… sont bien des activités de loisir tout en étant gratuites). Par contre, il coûte à l’individu ce qu’il aurait pu gagner en travaillant durant le temps qui lui est consacré.
Le raisonnement se fait donc en terme de coût d'opportunité.

Rappel :

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

Dans une situation d'arbitrage, le coût d’opportunité est le coût de renoncement aux possibilités non retenues d'un choix. Il correspond donc à la valeur attribuée à ces dernières et qu'elles auraient apportées si elles avaient choisies. Si ce coût peut être financier, il ne s'y réduit pas. Il peut, par exemple, se mesurer en terme de déplaisir.
Exemple : Si un élève doit arbitrer entre consacrer deux heures de son temps à la révision de son DST de SES ou à une séance de cinéma, choisir de réviser son DST implique un coût correspondant à la perte de plaisir qu'aurait apporté la séance de cinéma.

 

Par exemple, travailler une heure implique de renoncer à une heure de loisir. Un individu n'acceptera donc de travailler cette heure que si son gain (le salaire réel) est pour lui supérieur à son coût (le renoncement au loisir).

L’offre de travail augmente lorsque le salaire réel augmente, car les salariés considèrent alors que l’utilité apportée par le travail a augmenté relativement à celle apportée par le loisir. Inversement, l'offre de travail baisse lorsque le salaire réel baisse.
Les individus raisonnent en terme de salaire réel car ce qui les intéresse est le pouvoir d'achat du salaire et non le salaire nominal indiqué sur leur feuille de paye (autrement dit, ils ne sont pas victimes de “l'illusion monétaire”).

Au niveau macroéconomique, l'offre totale de travail est le résultat de l'agrégation de l'ensemble des offres de travail individuelles.
Au final, nous avons vu que l'offre de travail est une fonction croissante du prix du travail, donc plus le taux de salaire réel est élevé, plus les ménages sont disposés à sacrifier leur temps de loisir pour offrir du facteur travail.

1.1.2. La demande de travail

Rappel :

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

La demande est la quantité d'un bien ou d'un service qu'un agent économique souhaite acquérir à un prix donné.
En règle générale3), la demande est une fonction décroissante du prix (la demande évolue en sens inverse du prix). Si celui-ci augmente, elle diminue. En revanche, elle évolue le plus souvent dans le même sens que le revenu : si celui-ci augmente, elle augmente aussi.

Tous les agents (entreprises, ménages, administrations publiques, ISBLSM) ont besoin de biens et services qu'ils ne produisent pas eux-mêmes et sont de potentiels demandeurs.

 

La demande de travail désigne donc la quantité de travail que les agents économiques (les employeurs) désirent acquérir sur le marché du travail.

La demande de travail étant une fonction décroissante du prix du travail : les producteurs sont d'autant plus disposés à embaucher des travailleurs que le taux de salaire réel est bas ; si les salaires s'élèvent, les entreprises préfèrent substituer du capital au travail. Ainsi, la demande de travail diminue lorsque le salaire réel augmente, car les employeurs considèrent que les salariés coûtent alors plus cher que ce qu’ils rapportent.

La productivité marginale du travail est la variation de la production rapportée à la variation de la quantité de travail : elle détermine la variation de la production résultant d’une unité supplémentaire de travail. On a :
Pm du travail = variation de la production/variation du travail

Tant qu'elle n'est pas nulle, les producteurs sont susceptibles d'embaucher : l’employeur embauche tant que le salarié supplémentaire coûte moins cher que ce qu’il lui rapporte, c’est-à-dire tant que la productivité marginale du travail est supérieure au salaire.
Le dernier travailleur embauché sera donc celui dont le salaire est égal à la productivité marginale du travail.

1.1.2. Équilibre & déséquilibre du marché du travail

Dans l'analyse néoclassique (CCP), c'est la flexibilité (variation à la hausse ou à la baisse) du salaire réel qui permet l’équilibre entre l’offre et la demande de travail, donc de résorber les déséquilibres. Autrement dit, le marché s'autorégule (repensez à la “main invisible”/processus de tâtonnement).

Le chômage est ici un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail : offre > demande. Sur un marché en CPP, ce déséquilibre devrait se résorber par la baisse du prix, donc ici du salaire réel.
Les néoclassiques considèrent deux formes de chômage :

Le chômage frictionnel ou d'appariement résulte des délais d’ajustement qui existent entre l'offre et la demande de travail. Ces délais correspondent au temps nécessaire à la recherche d'emploi pour le travailleur (recherche et de consultation des offres d'emplois, rédaction et d'envoi de candidatures, préparation et passage d'entretiens d'embauche, etc.) et au recrutement pour l'employeur (rédaction d'un profil de poste, recours éventuel à un cabinet de recrutement, examen et sélection des candidatures, organisation et passage d'entretiens, etc.).
Il est quelquefois dit chômage de « plein emploi » dans la mesure où il s'agit d'un chômage incompressible, même lorsque l'on se trouve en situation de plein emploi sur le marché du travail.
Il l'est l'une des formes de chômage retenue dans l'analyse néoclassique.

 

Le chômage volontaire :

Dans ce cadre d’analyse, si le chômage persiste, cela signifie que la baisse de son prix se heurte à des « rigidités », empêchant la flexibilité à la baisse du salaire réel.

Version odp

1.2. Les déterminants de l'offre et la demande de travail

Document. Évolution de l'emploi en France par secteur d'activité de 1970 à 2014

(p) : données provisoires pour 2014.
Note : données de 1970 à 2014 pour l'emploi total par statut, sexe et secteur ; données de 1954 à 2014 pour l'emploi total.
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, estimations d'emploi. Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocmartra15/dd/excel/irsocmartra15_t201.xls

Document. Évolution de l'emploi en France par sexe et secteur d'activité de 1970 à 2014

Version ods

(p) : données provisoires pour 2014.
Note : données de 1970 à 2014 pour l'emploi total par statut, sexe et secteur ; données de 1954 à 2014 pour l'emploi total.
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 ans et plus.

Source : Insee, estimations d'emploi. Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocmartra15/dd/excel/irsocmartra15_t201.xls

Rappel : les facteurs qui peuvent influer sensiblement sur le niveau de la population active future :

  • la poursuite du recul de l'âge d'entrée (du fait de l'allongement des études) et de sortie du marché du travail (consécutif aux réformes des régimes de retraites),
  • la variation de la fécondité (qui peut favoriser une augmentation de la population active future si elle augmente),
  • la variation du taux d'activité des femmes (le taux d'activité des femmes restant inférieur à celui des hommes – surtout aux âges intermédiaires – malgré une réduction de l'écart, il peut continuer d'augmenter),
  • la reprise ou non de l'immigration (via des politiques d'ouverture des frontières ou d'immigration dite choisie),
  • l'évolution du taux de mortalité (à la hausse ou à la baisse),
  • la conjoncture économique (qui décourage la recherche d'emploi lorsqu'elle est mauvaise et qui encourage le retour sur le marché du travail lorsqu'elle s'améliore).
Le SMIC ?

Smic horaire brut en euros en 2017 : 9,76 euros.
Smic mensuel brut en euros pour 151,67 heures de travail en 2017 : 1 480,27 euros.
Source : Insee. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1375188

1.3. Les nouvelles théories du marché du travail

La théorie du salaire d'efficience

Selon la théorie du salaire d’efficience, développée par Harvey Leibenstein, la productivité est une fonction croissante du salaire réel. Ainsi, c'est le niveau de salaire qui influence la productivité alors qu'à l'inverse, dans le modèle néoclassique de la CPP, c’est la productivité qui détermine le niveau de salaire.

Marchés interne/externe du travail

Les économistes américains Michael J. Piore et Peter Doeringer (Internal labor market and manpower analysis, 1971) montrent qu’il existe :

— un marché interne du travail qui regroupe les emplois protégés par un contrat stable au sein de l’entreprise (approche microéconomique) que l’on appelle marché primaire du travail au niveau macroéconomique. Ce marché représente le « noyau dur » du personnel de l’entreprise.
Peu exposés au chômage de longue durée, ces emplois concernent des salariés travaillant généralement à temps plein, qualifiés, bien rémunérés, bénéficiant des conventions collectives, accédant aisément à la formation et pouvant prétendre à des promotions.
Exemples : emplois de fonctionnaires, de cadres, de secteurs en pénurie de main-d'oeuvre, etc.

— un marché externe du travail dans l’entreprise ou marché secondaire du travail au niveau macroéconomique constitué des emplois atypiques, emplois qui ont comme caractéristique d’être précaires. Ils constituent une “variable d'ajustement” pour les entreprises.
Fortement exposés au chômage (chômage de longue durée, intermittence dans l'emploi), ces emplois atypiques se caractérisent par des rémunérations faibles, une absence d’ancienneté, de promotion ou d’avantages sociaux particuliers.
Exemples : emplois peu qualifiés, de secteurs en crise, etc.

 
Schéma de la segmentation du marché du travail

Schéma de la segmentation du marché du travailVersion odp

Les travaux de Assar Lindbeck et Dennis J. Snower, The Insider-Outsider Theory of Employment and Unemployment, 1989, qui adoptent une vision microéconomique, reprennent cette idée d'un marché coupé en deux, sauf que ce sont les insiders qui, en cherchant à préserver leur position, sont responsables du chômage.

II. Quelles politiques pour l'emploi ?

Notions : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage, taux d'emploi, qualification, demande anticipée, salariat, précarité, pauvreté.

Acquis de première : chômage, productivité, demande globale, politique monétaire, politique budgétaire, rationnement.

Indications complémentaires :

Afin de montrer que la diversité des formes et des analyses du chômage explique la pluralité des politiques, on analysera les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage keynésien, les politiques d'allégement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique, les politiques de formation et de flexibilisation pour réduire la composante structurelle du chômage. On soulignera que les politiques de l'emploi sont aussi fondées sur la prise en compte du rôle du travail et de l'emploi dans l'intégration sociale. On se demandera en quoi ce lien entre travail et intégration sociale est fragilisé par certaines évolutions de l'emploi.

Quelques exemples de sujets du bac :
EC3 :
Vous montrerez que certaines évolutions de l'emploi fragilisent le lien entre travail et intégration sociale. (Amérique du Sud, 2015)
Vous montrerez que les évolutions de l'emploi fragilisent le lien entre travail et intégration sociale. (France métropolitaine, 2016)

Dissertation :
Le chômage remet-il nécessairement en cause l'intégration sociale ? (Asie, 2013)
Montrez que la diversité des formes du chômage peut orienter les politiques de l'emploi. (Amérique du Sud, 2013)
Dans quelle mesure la baisse du coût du travail permet-elle de réduire le chômage ? (Polynésie, 2014, rattrapage)
Les politiques visant à renforcer la flexibilité du marché du travail sont-elles suffisantes pour lutter contre le chômage ? (Nouvelle-Calédonie, 2015)


Salariat

(Programme TES 2011, Notions)

Le salariat est une relation contractuelle et hiérarchique entre une personne physique (le salarié) et une personne physique ou morale (l'employeur), relation dans laquelle le salarié accepte le lien de subordination à l'employeur qui découle du contrat et de fournir son travail en contrepartie d’une rémunération et des droits attachés au contrat.

Emploi salarié/non salarié

Un salarié est une personne qui travaille pour un employeur contre une rémunération, le salaire, prévue à l'avance dans le contrat de travail. Le contrat de travail définit les droits et obligations du salarié.

Les non-salariés sont les indépendants, les employeurs ou les aides familiaux. Les non-salariés perçoivent des honoraires ou des profits.

Les indépendants sont des personnes qui travaillent à leur propre compte.

Exemple : comme les médecins, les avocats, les artisans…

Les aides familiaux sont des personnes qui aident un membre de leur famille qui travaille à son compte (exploitant agricole, artisan commerçant, industriel, profession libérale) sans être salariées (elles partagent leurs honoraires ou profits).

 

Chômage

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Chômage [Définition générale]

De façon générale, le chômage peut se définir comme l'ensemble des personnes en âge de travailler, qui n'exercent pas d'activité professionnelle rémunérée et en recherchent une.
En pratique, pour pouvoir mesurer le chômage, plusieurs définitions sont retenues : en France, il s'agit, d'une part, de la définition selon le BIT (Bureau International du Travail) et, d'autre part, la définition selon le Pôle Emploi (ex-ANPE, Agence Nationale pour l'Emploi) et la Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, qui dépend du Ministère du Travail).
L'existence de plusieurs définitions différentes s'explique en partie par des raisons historiques et statistiques (notamment la nécessité de produire des indicateurs permettant les comparaisons internationales). Cependant, le choix d'une définition plutôt qu'une autre n'est pas sans conséquence. En particulier, selon la définition retenue, la mesure du chômage peut considérablement varier.

Chômage au sens du Pôle Emploi et de la Dares

Le Pôle Emploi recense le nombre des Demandeurs d'Emploi en Fin de Mois (DEFM), c'est-à-dire l'ensemble des personnes à la recherche d'un emploi, qu'elles en aient un ou non en Fin de Mois. Il distingue ces demandeurs d'emploi en fonction de leur disponibilité (immédiate ou non), du type d'emploi recherché (CDI, CDD ou mission d'intérim), de l'exercice d'une activité (aucune activité, activité réduite “courte” inférieure ou égale à 78 heures par mois, activité réduite “longue” de plus de 78 heures par mois) et de la quotité de temps de travail souhaité (temps plein, temps partiel).

Depuis 2008, le Pôle Emploi présente les statistiques portant sur les demandeurs d'emploi selon une nouvelle méthodologie, qui conduit à les répartir en cinq catégories :

  • la catégorie A regroupe les demandeurs d'emploi qui sont sans emploi (ils n'ont pas d'activité, même réduite) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 1, 2, 3, hors activité réduite) ;
  • la catégorie B regroupe les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 1, 2, 3 ayant une activité réduite) ;
  • la catégorie C regroupe les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 6, 7, 8) ;
  • la catégorie D regroupe les demandeurs d'emploi sans emploi et non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie…) (ancienne catégorie 4) ;
  • la catégorie E regroupe les demandeurs d'emploi en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés) et non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (ancienne catégorie 5).

Le nombre de demandeurs généralement retenu (notamment dans les enquêtes de la Dares) correspond alors aux catégories A, B, C, c'est-à-dire aux personnes : exerçant ou ayant exercé le mois précédent une activité réduite, disponibles immédiatement pour travailler, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi (en particulier être inscrit sur les listes de Pôle Emploi).

En particulier, la catégorie A est très proche de la définition du chômage au sens du BIT.

Pour aller plus loin : Dares, « Les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi », les mots du chômage. Disponible en ligne : http://www.travail-solidarite.gouv.fr/etudes-recherche-statistiques-de,76/statistiques,78/chomage,79/les-mots-du-chomage,1413/les-demandeurs-d-emploi-inscrits-a,9576.html

Pour mémoire, voici les anciennes catégories utilisées par l'ANPE :

  • Catégorie 1 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps plein ;
  • Catégorie 2 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps partiel ;
  • Catégorie 3 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier ;
  • Catégorie 4 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi ;
  • Catégorie 5 : personnes pourvues d'emploi à la recherche d'un autre emploi ;
  • Catégorie 6 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps plein ;
  • Catégorie 7 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps partiel ;
  • Catégorie 8 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier.

Chômage au sens du BIT

Selon la définition du BIT (Bureau International du Travail) de 1982, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi, c'est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant la semaine de référence ;
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
  • chercher activement un emploi ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement.

L'Insee mesure la Population Sans Emploi à la Recherche d'un Emploi (PSERE). C'est l'ensemble des personnes qui correspondent aux 3 critères du BIT cités plus haut. Elle s'en distingue cependant par le fait que les personnes qui ont trouvé un travail qui débute ultérieurement ne sont pas comptabilisées. C'est celle qui est la plus utilisée dans les statistiques publiques.

Pour aller plus loin :

Chômage frictionnel

Le chômage frictionnel ou d'appariement résulte des délais d’ajustement qui existent entre l'offre et la demande de travail. Ces délais correspondent au temps nécessaire à la recherche d'emploi pour le travailleur (recherche et de consultation des offres d'emplois, rédaction et d'envoi de candidatures, préparation et passage d'entretiens d'embauche, etc.) et au recrutement pour l'employeur (rédaction d'un profil de poste, recours éventuel à un cabinet de recrutement, examen et sélection des candidatures, organisation et passage d'entretiens, etc.).
Il est quelquefois dit chômage de « plein emploi » dans la mesure où il s'agit d'un chômage incompressible, même lorsque l'on se trouve en situation de plein emploi sur le marché du travail.
Il l'est l'une des formes de chômage retenue dans l'analyse néoclassique.

Taux de chômage

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux de chômage est une mesure de la proportion de personnes sans emploi dans la population active. Autrement dit, il est un instrument de mesure du chômage. Il peut se calculer de deux façons :

  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active totale.
  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre d'actifs de cette catégorie.

Comme nous l'avons vu plus haut, il peut varier en fonction de la définition retenue.

 
Document. Taux de chômage depuis 1975 en %

Version ods

Lecture : En moyenne, en 2014, 10 % de la population active est au chômage au sens du BIT.
Champ : France métropolitaine, ensemble des personnes de 15 à 64 ans.

Source : Insee, enquêtes Emploi. Disponible en ligne : http://www.bdm.insee.fr/bdm2/affichageSeries?idbank=001665003&codeGroupe=1471

Qualification

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)

La qualification est un ensemble de capacités possédées par un travailleur ou requises pour occuper un emploi. Elle se matérialise sous forme de diplôme, validation de l'expérience (VAE), certification, grille de qualifications, etc.

Il est d'usage de distinguer la qualification individuelle de la qualification de l'emploi :

  • La qualification individuelle correspond aux capacités propres au travailleur. Ces capacités lui permettent d'occuper son poste de travail, mais ne s'y réduisent pas (le travailleur peut posséder des capacités autres que celles nécessaires à son emploi). La qualification individuelle est généralement acquise au cours de la formation initiale et se nourrit de l'expérience ou encore de la formation continue.
  • La qualification de l'emploi correspond aux capacités requises pour occuper un poste de travail. Elle évolue sous l'effet de la transformation de la structure économique et du progrès technique (elle peut notamment se traduire par une déqualification de certains emplois ou, au contraire, par une requalification).
 
Demande globale

(Programme 1ES 2010, Notions)

Au sens de la comptabilité nationale, la demande globale (ou agrégée) correspond aux « emplois » dans l'équation de l'équilibre emplois/ressources.

En économie ouverte, elle s'écrit :
Demande globale = C + I + X + variation des stocks
avec C = Consommation, I = Investissement, X = eXportations.

Toujours en économie ouverte, en isolant les dépenses réalisées par les administrations publiques des dépenses réalisées par les agents/institutions privés (ménages, ISBLSM, entreprises), elle s'écrit :
Demande globale = C + I + X + G + variation des stocks
avec C = consommation des agents/institutions privés, I =investissement des agents/institutions privés, X = exportations, ie. demande extérieure, G = dépenses de consommation et d'investissement des administrations publiques.

En économie fermée, elle s'écrit :
Demande intérieure globale = C + I + variation des stocks
ou
Demande intérieure globale = C + I + G + variation des stocks

Le plus souvent on néglige la variation des stocks. On obtient alors respectivement :

En économie ouverte :
Demande globale = C + I + X
ou
Demande globale = C + I + X + G

En économie fermée :
Demande intérieure globale = C + I
ou
Demande intérieure globale = C + I + G

 
Document. Les effets contrastés des gains de productivité sur l’emploi
1) , 3)
cf. l'élasticité pour les exceptions.
2)
Les offreurs de travail ne font pas tous partie de la population active au sens statistique. Ils peuvent être considérés comme inactifs à un instant donné et décider de revenir plus tard sur le marché du travail si les conditions sont favorables.
ses/tes/chap5.1525791233.txt.gz · Dernière modification: 2018/05/08 14:53 de yam