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Ce que Adam Smith nommait « cette opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peuple » (dans son célèbre ouvrage de 1776, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations) reste, encore aujourd'hui, au cœur des préoccupations. La croissance économique, à l'origine de cette opulence, est ainsi un sujet central d'étude pour les économistes.
On retient le plus souvent la définition de François Perroux (économiste français, 1903-1987) de la croissance économique :
« C’est l’augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimension significatif : pour une nation, le produit global brut ou net en termes réels ».
Source : François Perroux, L'économie du XXe siècle, PUF, 1961.
C’est donc un phénomène de long terme, c’est-à-dire durable. Par son caractère durable, la croissance se distingue de l’expansion (accroissement momentané et réversible de la production qui concerne donc le court terme, c'est-à-dire une phase temporaire de la conjoncture).
C’est un phénomène quantitatif (on ne s’intéresse pas ici à l’augmentation du bien-être, au développement ou encore aux inégalités, par exemple). L’indicateur généralement retenu pour le mesurer est le PIB (Produit intérieur brut), principal agrégat de la comptabilité nationale. La croissance est alors assimilée au taux de croissance du PIB. Il peut s'agir, plus rarement, du RNB (Revenu national brut).
Que dit le programme officiel de TES ?
Notions : Produit intérieur brut (PIB), Indice de développement humain (IDH), investissement, progrès technique, croissance endogène, productivité globale des facteurs (PGF), facteur travail, facteur capital.
Acquis de première : facteurs de production, production marchande et non marchande, valeur ajoutée, productivité, institutions, droits de propriété, externalités.
Indications complémentaires :
« En s'appuyant sur le programme de première, on s'interrogera sur l'intérêt et les limites du PIB. L'étude de séries longues permettra de procéder à des comparaisons internationales. À partir d'une présentation simple de la fonction de production, on exposera la manière dont la théorie économique analyse le processus de croissance. On fera le lien entre la productivité globale des facteurs et le progrès technique et on introduira la notion de croissance endogène en montrant que l'accumulation du capital sous ses différentes formes participe à l'entretien de la croissance. On mettra l'accent sur le rôle des institutions et des droits de propriété. »
Quelques exemples de sujets du bac :
Dissertation :
Comment le progrès technique contribue-t-il à la croissance ? (Liban, 2014)
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ? (France métropolitaine, 2014)
EC :
Vous montrerez comment le progrès technique favorise la croissance économique. (France métropolitaine, 2012)
Vous montrerez comment l'augmentation du capital physique contribue à la croissance. (Asie, 2013)
Présentez le lien entre productivité globale des facteurs et progrès technique. (France métropolitaine, 2013)
En quoi l'approche en termes d'IDH complète-t-elle celle en termes de PIB ? (Pondichéry, 2014)
Montrez comment le progrès technique stimule la croissance économique. (Polynésie, 2014)
Montrez que la productivité globale des facteurs est source de croissance économique. (Amérique du Sud, 2014)
Présentez deux limites dans l'utilisation du PIB comme indicateur de la croissance économique. (Liban, 2015)
Vous montrerez que le processus de croissance a un caractère endogène. (France métropolitaine, 2015)
Anciens sujets du bac :
Vous expliquerez comment l'investissement est source de croissance économique (France métropolitaine, 2004)
Vous analyserez les effets des gains de productivité sur la croissance (Amérique du Sud, 2005)
Vous analyserez les liens entre la population active et la croissance économique (Polynésie, 2008)
Après avoir présenté la contribution du travail et du capital à la croissance économique, vous montrerez que ces deux facteurs ne suffisent pas à l’expliquer. (Amérique du Sud, 2008)
Commençons par nous intéresser à la mesure de la croissance économique et donc à son principal indicateur, le PIB :
(Programme TES 2011, Notions)
Le produit intérieur brut aux prix du marché représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. […]
Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) »1), § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.
Le PIB sert à mesurer l'activité économique d'un pays, au travers de la richesse créée par les agents économiques résidents sur le territoire. Son taux de variation est le principal indicateur de la croissance économique. Il peut se définir de trois façons différentes : selon l'optique de la production, selon l'optique des dépenses et selon l'optique du revenu.
Remarque : Produit intérieur net (PIN) = PIB - consommation de capital fixe du PIB.
le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d’activité). C’est aussi le solde du compte de production de l’économie totale.
Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.
Cette définition peut s'écrire sous la forme de l'égalité suivante :
PIB = somme des valeurs ajoutées brutes des producteurs résidents + impôts perçus sur les produits - subventions reçues sur les produits.
C'est, le plus souvent, cette première définition que l'on retient.
« le PIB est égal à la somme des emplois finals de biens et de services par les unités institutionnelles résidentes (consommation finale et formation brute de capital), plus les exportations, moins les importations de biens et services. »
Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.
Cette définition peut s'écrire :
PIB = dépenses de consommation finale + formation brute de capital + exportations franco à bord - importations franco à bord 2).
ou
PIB = dépenses de consommation finale + FBCF + variation des stocks + acquisitions moins cessions d’objets de valeur + exportations franco à bord - importations franco à bord.
avec Formation brute de capital = formation brute de capital fixe (FBCF, dépenses d'investissement) + variation des stocks + acquisitions moins cessions d’objets de valeur.
« le PIB est égal à la somme des emplois du compte d’exploitation de l’économie totale (rémunération des salariés, impôt sur la production et les importations moins subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte de l’économie totale). »
Source : « Système européen de comptes 2010 (SEC 2010) », § 8.89, Eurostat, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2013, p. 305.
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Cette définition peut s'écrire :
PIB = rémunération des salariés + impôts sur la production et les importations - subventions sur la production et les importations + revenu mixte brut + Excédent brut d'exploitation (EBE).
Il peut être utile de consulter également les définitions suivantes (qui correspondent également à des indicateurs de la croissance) :
Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2010. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832646/t_1101.xls & https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832646/t_1102.xls
Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2010. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832646/t_1102.xls (Version ods)
Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2010. Disponible en ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832646/t_1101.xls & https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832646/t_1102.xls
Note : PIB par habitant en dollars internationaux Geary-Khamis de 1990.
Remarque : on utilise le produit par tête pour donner une mesure de la croissance qui annule l’effet de population (2 pays peuvent avoir le même PIB, mais l’un est beaucoup plus peuplé que l’autre).
Source : The Maddison-Project, http://www.ggdc.net/maddison/maddison-project/home.htm, version 2013.
Note : PIB par habitant en dollars internationaux Geary-Khamis de 1990.
Source : The Maddison-Project, http://www.ggdc.net/maddison/maddison-project/home.htm, version 2013.
Source : Données sur les comptes nationaux de la Banque mondiale et fichiers de données sur les comptes nationaux de l'OCDE. Disponible en ligne : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.MKTP.CD/countries/1W?display=default
.
Comme vous l'avez vu en Première, le PIB est un agrégat de la comptabilité nationale dont la construction, comme celle de tous les indicateurs statistiques, est loin d'être parfaite. Par conséquent, la mesure de la croissance économique qui en résulte n'est qu'un reflet partiel –– et en partie biaisé –– de la réalité économique.
Pour commencer, le PIB ne permet qu'une mesure incomplète de la production dans la mesure où une partie de celle-ci échappe à la comptabilité nationale. C'est vrai notamment pour :
Ensuite, la mesure en valeur du PIB ne permet pas de distinguer l'évolution liée à l'inflation de celle liée à une hausse réelle de la richesse. Les données ainsi obtenues ne sont donc pas réellement comparables dans le temps : l’inflation est trompeuse (Keynes parle d'une « illusion monétaire »), car l'augmentation des prix fait mécaniquement augmenter le PIB en valeur alors qu'il n'y a pas nécessairement de hausse de la valeur ajoutée. Il faut ainsi raisonner sur l'évolution en volume, c'est-à-dire en termes de monnaie constante, et donc « déflater » la monnaie pour retirer l’inflation. Autrement dit, il faut calculer le PIB réel.
(Programme 2nde 2010, Notions (effets externes) ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)
Les externalités ou effets externes sont les conséquences d’une action individuelle sur un autre acteur, qui ne sont pas prises en compte par le marché ou le système de prix. Il est usuel de dire qu'elles sont le « résultat non voulu d'une action voulue ».
Elles peuvent être positives (exemples : l'implantation de ruches à proximité d'un verger, la vaccination, la recherche) ou négatives (exemples : la pollution, la dégradation de ressources naturelles, le bruit).
Leur existence est donc à l'origine d'une défaillance du marché et justifie l’intervention publique, permettant d’ « internaliser » les externalités (c’est-à-dire faire en sorte qu’elles soient prises en compte par les agents économiques dans leurs calculs coût/avantage).
Exemples : instauration par l'État d’une taxe sur les produits polluants (souvent nommée taxe « Pigou »), subventions à la recherche, vaccination gratuite et obligatoire, etc.
Il ne tient notamment pas compte du bien-être et du développement.
Aussi existe-t-il d'autres indicateurs : c'est le cas, par exemple, de l'IDH, indicateur du développement.
Pour commencer, qu'est-ce que le développement ?
François Perroux définit le développement ainsi :
« Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global ».
Source : François Perroux, L'économie du XXe siècle, PUF, 1961.
Le développement est donc l'ensemble des transformations des structures démographiques, sociales, culturelles et politiques qui rendent possible une croissance économique stable. Autrement dit, pour François Perroux, le développement est fortement lié à la croissance, mais il s'en distingue nettement.
Le développement est ainsi :
Les étapes du développement :
Walt Whitman Rostow (Les étapes de la croissance économique, 1960) explique que tous les pays passent par cinq étapes pour arriver au développement :
Fondée sur l'évolution du taux d'investissement, son étude tend à montrer que les pays en développement sont simplement en retard sur les autres (il n'ont pas encore franchi l'étape du décollage). Autrement dit, il n'y aurait pas véritablement de cause structurelle au sous-développement qui puisse handicaper durablement les pays. De ce fait, accéder au développement revient, pour un pays, à un phénomène de rattrapage, plus ou moins long, mais inéluctable. Pour accélérer ce processus, il suffit d'ailleurs, pour Rostow, de favoriser le libre-échange et le développement de l'esprit d'entreprise.
Pour mesurer le niveau de développement, on utilise un indicateur économique différent du PIB, l’IDH (indicateur de développement humain). Il s'agit d'un indicateur plus qualitatif que le PIB dans la mesure où il n'intègre pas seulement des données économiques.
(Programme TES 2011, Notions)
L'IDH, Indice de développement humain, est l'indicateur du développement économique.
Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, Notes techniques, 2010, p. 239. Disponible en ligne
Pour chacun des indicateurs, on calcule, un indice dimensionnel :
Indice dimensionnel = (valeur utilisée – valeur minimale)/(valeur maximale – valeur minimale).
Remarque : pour l'éducation, on calcule la moyenne géométrique des deux indices.
L'IDH s'obtient, ensuite, en calculant la moyenne géométrique des trois dimensions :
IDH = ( Ilongévité1/3 . Iinstruction1/3 . Irevenu1/3 )
L'IDH prend donc en compte non seulement le niveau de vie, mais également la santé de la population et le niveau d'éducation.
Plus l'IDH se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé. Inversement, plus il est faible, plus le niveau de développement du pays est faible.
On classe chaque année les pays en quatre grandes catégories, selon que leur développement est : faible (< 0,55), moyen (0,55 =< IDH < 0,7), élevé (0,7 =< IDH < 0,8) ou très élevé (IDH > ou égal à 0,8).
Remarque : il admet lui aussi des limites dans la mesure où, par exemple, il ne prend pas en compte le niveau d’inégalités dans le pays (c'est pourquoi a été notamment crée l'IDHI, Indice de développement humain ajusté aux inégalités).
Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, Notes techniques, 2010, p. 241. Disponible en ligne
Source : PNUD. Disponible en ligne : Fichier Excel
Remarque : le rôle de la demande sera traité dans le II. du chapitre.
1. La productivité multifactorielle correspond ici à la notion de productivité globale des facteurs (PGF).
Source : Données extraites le 16 Sep 2016, 11h14 UTC (GMT), de OECD.Stat. Disponible en ligne : http://stats.oecd.org/Index.aspx?lang=fr&DataSetCode=PDB_GR#
Rappel de lecture : l'addition des différentes contributions – en points de pourcentage – permet d'obtenir le PIB – en pourcentage. Autrement dit, le PIB est décomposé en différentes contributions.
Le travail correspond au temps et à l'énergie humaine dépensés (effort fourni) contre une rémunération (salaire, primes… ou partie des profits pour les travailleurs indépendants). Pris comme facteur de production, il est, en quelque sorte, considéré comme une marchandise (qu'il s'agisse du travail manuel ou intellectuel) échangée contre une rémunération, donc contribue à la capacité productive.
Remarque : le travail domestique et clandestin (travail « au noir », c'est-à-dire non déclaré, ou illégal) n'est pas pris en compte dans la production.
Pour produire plus, il faut utiliser le facteur travail, il s’agit de la population active et de ce qu’on appelle le capital humain, c’est-à-dire le stock de qualifications et de connaissances possédées par la population.
— La croissance de la production dépend en partie de la quantité de travail utilisée :
Le travail est apporté par les hommes et les femmes appartenant à la population active occupée : si celle-ci augmente, la production augmente, toutes choses égales par ailleurs. Il y aura donc croissance économique.
— La croissance peut aussi provenir d’un travail plus productif :
Il est possible d’accroître la production sans augmenter la quantité de travail utilisée, à condition d’améliorer l’efficacité du travail (productivité du travail). Cela se traduit essentiellement par une augmentation du capital humain.
La main-d’œuvre nécessaire à la production est fournie par la population active du pays.
La population totale peut être répartie entre la population en âge de travailler, en mesure de se positionner sur le marché du travail et généralement située entre 15 et 64 ans, et le reste de la population.
La population en âge de travailler de la France est séparée par l'Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) en deux parties : la population active et la population inactive. Autrement dit :
Population totale en âge de travailler = population active + population inactive.
Définissons-les :
La population inactive est l'ensemble des personnes, les inactifs, n'exerçant pas d'activité professionnelle rémunérée et n'en recherchant pas. C'est ici que sont classés : les femmes au foyer, les étudiants, les retraités, les bénévoles, les personnes qui exercent une activité illicite (qui est condamnée par la loi) ou clandestine (« travail au noir »), etc.
La population active est l'ensemble des personnes en âge de travailler, les actifs, qui déclarent exercer (population active occupée) ou rechercher (chômeurs, que l'on peut aussi appeler population active inoccupée) une activité professionnelle rémunérée. Elle est donc constituée de deux éléments : la population active occupée et les chômeurs. Autrement dit :
Population active = Population active occupée + chômeurs (population active inoccupée).
Définissons-les :
La population active occupée est une des composantes de la population active. Elle regroupe les personnes en âge de travailler déclarant exercer une activité professionnelle rémunérée. Cette activité peut être salariée ou indépendante.
La population active inoccupée, les chômeurs, est la seconde composante de la population active. Elle regroupe les personnes en âge de travailler sans activité professionnelle rémunérée, mais qui déclarent en rechercher une.
Il faut donc retenir trois choses :
— Population active et population inactive réunies constituent la population totale en âge de travailler d'un pays.
— Ce qui sépare la population inactive de la population active, c'est le fait que l'activité soit professionnelle (elle participe à la production d'un pays) ou non (activité domestique, bénévole, etc.) et rémunérée (salaires, primes, etc.).
— Ce qui sépare la population active occupée des chômeurs, c'est le fait d'avoir un emploi ou non.
Le taux d'activité est un instrument de mesure de la proportion de la population totale qui exerce ou recherche un emploi (part de la population totale qui est active). Il permet de mesurer l'importance de la population active, donc le comportement d’offre de travail d’une population particulière.
De façon générale, le taux d'activité est le résultat du rapport entre le nombre total de personnes dans la population active et le nombre total de personnes dans la population en âge de travailler. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.
Jusqu'ici cela paraît simple, mais… :
Par convention, l'Insee considère que les personnes actives sont nécessairement des personnes qui ont plus de 15 ans et qui ne sont pas à la retraite (donc qui ont moins de 65 ans), c'est-à-dire des personnes de 15-64 ans.
On peut donc réécrire la formule générale de calcul comme suit :
Taux d'activité = Population active/Population totale en âge de travailler (x 100)
Le calcul du taux d'activité peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'activité se calcule en effectuant le rapport entre la population active de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.
Ainsi, le taux global d’activité se calcule en divisant la population active totale par la population totale de référence.
Pour le taux d'activité par sexe, il suffit de prendre pour chaque ensemble uniquement les hommes ou les femmes. Par exemple, le taux d'activité féminin est :
Taux d'activité des femmes = (population active féminine/population totale des femmes en âge de travailler) x 100.
Si l'on considère le taux d'activité d'un groupe d'âge, on opère de la même manière. Par exemple, le taux d'activité des 15-24 ans est :
Taux d'activité des 15-24 ans = (population active âgée de 15-24 ans/population totale âgée de 15-24 ans) x 100.
Remarque : ne pas confondre taux d’activité d'une catégorie et proportion de cette catégorie dans la population active (population active de la catégorie considérée/population de référence * 100).
Le taux d'activité peut donc se mesurer de deux façons :
— En faisant le rapport entre la population active et la population totale en âge de travailler.
— En faisant le rapport entre le nombre d'actifs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre total d'individus en âge de travailler appartenant à cette catégorie.
(Programme TES 2011, Notions)
Le taux d'emploi est un instrument de mesure de la proportion d'une population donnée qui exerce un emploi. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage.
De façon générale, le taux d'emploi est le résultat du rapport entre le nombre de personnes qui occupent un emploi – actifs occupés – et le nombre total de personnes en âge de travailler.
4)
Taux d'emploi = Population active occupée/Population totale en âge de travailler (x 100)
Le calcul du taux d'emploi peut s'appliquer à une catégorie particulière de la population : les femmes, les hommes, les 15-24 ans (les « jeunes »), les 50 ans et plus (les « séniors »), etc. Pour chaque catégorie d'actifs que l'on souhaite mesurer, le taux d'emploi se calcule en effectuant le rapport entre la population active occupée de la catégorie considérée et la population de référence en âge de travailler.
La population active a notablement évolué, à la fois du point de vue quantitatif et de celui de sa structure.
Remarque : La population active « au sens du Bureau International du Travail » (BIT) est la somme de l'emploi et du chômage « au sens du BIT ».
Note : données de 1975 à 2013, corrigées pour les ruptures de série.
Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.
Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee). Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=0&ref_id=ir-irsocmartra14&page=irweb/irsocmartra14/dd/irsocmartra14_paq1.htm (Version Excel)
Remarque : La population active « au sens du Bureau International du Travail » (BIT) est la somme de l'emploi et du chômage « au sens du BIT ».
Note : données de 1975 à 2013, corrigées pour les ruptures de série.
Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.
Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee). Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=0&ref_id=ir-irsocmartra14&page=irweb/irsocmartra14/dd/irsocmartra14_paq1.htm (Version Excel)
* provisoire.
Champ : population des ménages de 15 ans et plus de France métropolitaine en âge courant.
Source : Insee, projections de population active 2010-2060 in Olivier Filatriau, « Projections à l’horizon 2060 : Des actifs plus nombreux et plus âgés », Insee Première N° 1345 - avril 2011.
La croissance du nombre d'actifs au sens du BIT devrait connaître un ralentissement d'ici 2025, passant de 28,35 millions en 2010 à 30 millions en 2025, à un rythme moyen de 110 000 personnes par an. À partir de 2035, ce rythme ne serait plus que de 45 000 personnes par an. Le nombre d'actifs passerait ainsi à 31,2 millions en 2060, soit une relative stabilisation.
Cependant, la structure par âge de la population active se modifierait dans le sens d'un vieillissement. Ainsi, la part des plus de 55 ans dans la population active passerait de 12,4 % en 2010 à 17,9 % en 2060. À l'inverse, la part des 25-54 ans passerait de 77,2 % en 2010 à 72 % en 2060. Celle des moins de 25 ans passerait de 10,4 % à 10,1 %, donc resterait stable.
De plus, la population française continuant à vieillir sur la période, le rapport actifs/inactifs de 60 ans ou plus diminuerait, passant de 2,1 en 2010 à 1,5 en 2060.
Remarque : Pour autant, ces tendances peuvent s'infléchir sous l'effet des comportements d'activité futurs (à la hausse ou à la baisse).
En particulier, peuvent influer sensiblement sur le niveau de la population active future :
Remarque : Nous verrons dans la section suivante que cette efficacité peut-être décuplée par l’utilisation d'innovations et l’augmentation des connaissances.
Rappel : la productivité du travail est le rapport entre la quantité produite et la quantité de facteur travail. Celui-ci peut être mesuré par le nombre de personnes, par la durée de travail ou par le coût du travail.
Remarque : Pour plus de détails sur la notion de productivité, se reporter au TD.
Les gains de productivité, lorsqu'ils ne trouvent pas leur origine directement dans l'innovation, sont principalement dus à l'amélioration de l'organisation du travail et des qualifications.
En travaux
Une meilleure organisation du travail peut être à l'origine de gains de productivité. Parmi les moyens d'améliorer cette organisation, on trouve principalement la division technique du travail.
Définition :
La division technique du travail est la répartition entre plusieurs travailleurs des différentes phases de fabrication d’un produit. Chaque travailleur est spécialisé dans une seule tâche. On divise donc le travail entre autant de travailleurs qu’il y a de tâches dans la production.
Comment cette division augmente-t-elle la productivité ?
C'est ce que va montrer Adam Smith dans son célèbre exemple de la manufacture d’épingles :
Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse et de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail. […]
Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse et de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail. […]
Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail, cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers. Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où, par conséquent, quelques-uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais, quoique la fabrique fût fort pauvre et, par cette raison, mal outillée, cependant, quand ils se mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour : or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne. Ainsi, ces dix ouvriers pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers d'épingles dans une journée ; donc chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut être considéré comme faisant dans sa journée quatre mille huit cents épingles. Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.
Cette grande augmentation dans la quantité d'ouvrage qu'un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes :
- premièrement, à un accroissement d’habileté chez chaque ouvrier individuellement ;
- deuxièmement, à l’épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à une autre ;
- et troisièmement enfin, à l'invention d'un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.
Source : Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776. URL : http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/smith_adam.html
Que retenir ?
(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)
La qualification est un ensemble de capacités possédées par un travailleur ou requises pour occuper un emploi. Elle se matérialise sous forme de diplôme, validation de l'expérience (VAE), certification, grille de qualifications, etc.
Il est d'usage de distinguer la qualification individuelle de la qualification de l'emploi :
(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)
La notion de capital humain a été rendue célèbre par Gary Stanley Becker (microéconomiste, Prix Nobel d'économie 1992, 1930-2014).
Gary S. Becker définit le capital humain de la façon suivante :
« […] Schooling, a computer training course, expenditures on medical care, and lectures on the virtues of punctuality and honesty are capital too in the sense that they improve health, raise earnings, or add to a person’s appreciation of literature over much of his lifetime. Consequently, it is fully in keeping with the capital concept as traditionally defined to say that expenditures on education, training, medical care, etc., are investments in capital. However, these produce human, not physical or financial, capital because you cannot separate a person from his knowledge, skills, health, or values the way it is possible to move financial and physical assets while the owner stay put. […] »
Source : Gary S. Becker, Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education, University of Chicago Press, 3ème édition, 1993 (édition originale : 1964), pp. 15-16.
Le capital humain désigne ainsi l’ensemble des connaissances, des qualifications et des aptitudes acquises par les individus (il est donc un résultat de la production).
Il détermine leur capacité à participer efficacement à l'activité productive (il est donc un facteur de production) et à en tirer un revenu.
Il peut être accumulé (augmenter) grâce à des investissements, c'est-à-dire au travers de l’éducation et l’apprentissage (formation initiale), puis par la formation continue et l’expérience professionnelle.
Enfin, il est sensible au phénomène d'obsolescence lorsqu'il n'est pas entretenu (voir l'idée d'employabilité).
Remarque : pour plus de détail sur le rôle du travail, voir le chapitre « Travail, emploi, chômage ».
Le capital est, avant tout, un élément de la richesse, élément qui peut être « accumulé » pour augmenter le stock de richesses (d'où l'expression d' « accumulation du capital »). Le capital est donc un stock.
Le capital, pris comme facteur de production (on parle souvent de capital technique ou capital productif), est l'ensemble des moyens nécessaires à la production. Il est constitué du capital fixe et du capital circulant (ou consommations intermédiaires).
Il est à la fois facteur (il sert à produire) et résultat (il est donc un résultat de la production) de la production.
Le capital fixe acquis par les agents économiques sert à la production durant une période relativement longue (généralement plusieurs cycles de production), il est donc durable. Il n'est pas détruit au cours de la production. Par contre, il s'use et/ou devient obsolète (il perd de sa valeur) et devra être remplacé au bout d'un certain temps (amortissement).
Exemples : bâtiments et ouvrages de génie civil, machines et équipements, mais aussi droits de propriété intellectuelle et, désormais, Recherche & Développement.
Le capital circulant, ou consommations intermédiaires, sont les matières premières, l'énergie et les produits semi-finis qui sont « détruits » (ils disparaissent en tant que tels) ou transformés (utilisés) au cours du processus de production des biens et services.
Exemples : pièces détachées, fournitures (produits semi-finis), essence ou électricité (énergie), farine (matière première).
Comment accumuler davantage de capital ? Quel est l'effet de cette accumulation sur la croissance ? Pour répondre à ces questions, il faut nous intéresser à la notion d'investissement.
(Programme TES 2011, Notions)
L’investissement, au sens économique du terme, est un flux qui vient accroître (investissement net) ou renouveler (amortissement) le stock de capital d’un agent économique, donc correspond à l’achat de biens de production durables (au sens strict, le capital fixe). Investir est donc synonyme d’accumulation de capital. On mesure l’investissement grâce à la FBCF (Formation brute de capital fixe).
Il peut être considéré comme un « détour » de production (l'expression est de Eugen von Böhm Bawerk, Théorie positive du capital, 1929) : Böhm Bawerk prend l'exemple du paysan qui commence par construire un système d'irrigation pour son champ (il « détourne » ce temps de la culture proprement dite) pour produire, ensuite, plus efficacement (le temps perdu au départ est compensé par le fait qu'il n'a plus besoin d'aller chercher l'eau à la source).
En comptabilité nationale, la FBCF est le principal indicateur de l'investissement. Selon l'INSEE, « La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les acquisitions moins cessions d'actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d'autres processus de production pendant au moins un an. »
La FBCF mesure un investissement brut, car l'amortissement, donc l'investissement de remplacement, n'est pas déduit. Si l'amortissement est enlevé, on parle d'investissement net.
Attention : la FBCF est un indicateur imparfait. Elle prend en compte les investissements matériels, mais pas tous les investissements immatériels. En particulier, elle inclut les achats ou créations de logiciels, les dépenses de prospection minière et pétrolière, les œuvres artistiques ou littéraires originales, mais pas les dépenses en formation et la publicité, qui font partie des consommations intermédiaires alors que leur effet sur la production est durable.
Taux d'investissement pour une entreprise = FBCF/valeur ajoutée (VA) x 100. Ce taux mesure l’effort d’investissement des entreprises.
Taux d'investissement de la nation = FBCF de l'ensemble des secteurs institutionnels/PIB x 100. C'est donc la part de l'investissement dans le PIB. Il comprend l'investissement des entreprises, mais aussi des ménages et des APU.
Il est possible de différencier les investissements selon leur objectif :
Exemple : achat d’un nouvel ordinateur pour remplacer un ordinateur devenu obsolète.
L'amortissement est une provision (une somme d’argent épargnée chaque année) pour renouveler le capital fixe usé ou obsolète, donc pour couvrir la dépense future que cela représente. Cette somme est déduite du bénéfice des entreprises. C’est pourquoi dans certains secteurs, on renouvelle souvent son stock de capital pour pouvoir faire cette déduction et donc réduire les prélèvements obligatoires sur les bénéfices.
Lorsque les entreprises investissent au-delà de leurs besoins d’amortissement, elles augmentent leur stock de capital fixe, donc leur capacité productive. Elles réalisent donc un investissement net.
Investissement brut = investissement net + amortissement.
Exemple : augmentation de la taille du parc informatique d'une entreprise.
Exemple : achat de matériel informatique pour réaliser des tâches précédemment traitées manuellement plus rapidement.
Remarque : cette distinction demeure théorique. Par exemple, quand une entreprise achète une nouvelle machine, c'est souvent parce qu'une de ses machines ne peut plus servir ou n'est plus adaptée. Il est cependant rare que l'entreprise rachète une machine identique, car elle en profite généralement pour en acheter une plus performante qui, à la fois, produira plus et mieux. Les trois types d'investissement sont donc souvent présents dans la même dépense.
Il est possible de différencier les investissements selon leur nature.
Les investissements matériels (ou corporels) correspondent à l'acquisition de biens physiques alors que les investissements immatériels (ou incorporels) sont des dépenses de services et/ou de propriété intellectuelle qui servent à améliorer les performances productives de l'entreprise. Dans les deux cas, ce sont des dépenses qui permettent de maintenir ou d'accroître le potentiel de production de l'entreprise.
Différences entre investissements matériels et investissements immatériels :
Il est possible de différencier les investissements selon le secteur institutionnel qui investit.
À côté des entreprises, les administrations publiques et les ménages réalisent également des investissements.
Les investissements des ménages et entreprises sont appelés investissements privés (les investissements des entreprises sont dits investissements productifs). Les investissements des administrations publiques sont appelés investissements publics.
Exemple pour une APU : Quand une région construit un lycée, elle investit, car elle fait construire un bâtiment qui va servir à produire un service.
Exemple pour un ménage : Quand un ménage achète un logement, il investit, car il pourra mettre cet appartement en location et produire un service. L'achat immobilier est d'ailleurs la seule forme d'investissement comptabilisée pour les ménages.
Comment améliorer la productivité ?
De façon générale, l'innovation peut se définir comme l’application économique d’une invention, c'est-à-dire l'application d'une invention à une fin industrielle ou commerciale.
Exemple : la découverte de la pression (invention) donne lieu à la création de la machine à vapeur (innovation).
C'est Joseph Schumpeter qui distingue 5 types différents d'innovation (il utilise le terme d'« évolution ») :
1° Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des consommateurs, ou d'une qualité nouvelle d'un bien.
2° Introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de la branche intéressée de l'industrie ; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une découverte scientifiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise.
3° Ouverture d'un débouché nouveau, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait existé avant ou non.
4° Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés ; à nouveau, peu importe qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on ne l'ait pas prise en considération ou qu'elle ait été tenue pour inaccessible.
5° Réalisation d'une nouvelle organisation5), comme la création d'une situation de monopole (par exemple la trustification6)) ou l'apparition brusque d'un monopole.
Source : Joseph Schumpeter, Théorie de l'évolution économique. Recherche sur le profit, le crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture, 1912 (traduction française, 1935).
Une innovation de produit désigne l’introduction sur le marché d’un nouveau bien ou d’un nouveau service ou l'amélioration d'un bien ou service existant. Elle peut affecter fortement la demande et avoir un impact important sur le mode de vie et le bien-être des individus.
Exemples : services de transport aériens ou ferroviaires, automobiles, téléphones mobiles, tablettes tactiles, micro-ondes, etc.
Une innovation de procédé désigne l’ensemble des méthodes de production ou de commercialisation qui transforment le processus de production. Elle peut affecter fortement l'offre des producteurs.
Exemples : métier à tisser, utilisation de l'électricité, du pétrole, du laser ou encore du plastique dans la production, Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), etc.
Source : MENESR-DGESIP/DGRI-SIES. Disponible en ligne : http://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/9/EESR9_R_27-l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france.php
Source : MENESR-DGESIP/DGRI-SIES ; OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, 2015-2. Disponible en ligne : http://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/9/EESR9_R_27-l_effort_de_recherche_et_developpement_en_france.php
Source : Robert Boyer, « La « nouvelle économie » au futur antérieur : histoire, théories, géographie », n°2001- 13, Cahiers du Cepremap, août 2001, p. 52. Disponible en ligne : http://www.cepremap.fr/depot/couv_orange/co0113.pdf
Comme vous l'avez vu en 1ES, dans le cadre de la CPP, l'échange économique n'est pas envisageable sans droits de propriété.
Rappel :
(Programme 1ES 2010, Notions)
Les droits de propriété sont usuellement définis à partir de leurs trois composantes essentielles :
Or, pour que les droits de propriété soient garantis, il faut qu'il existe un système de contraintes pour les protéger. Celui-ci se matérialise dans les institutions.
L'exemple le plus connu de droit de propriété est le brevet.
L'objectif du brevet est de protéger les agents économiques à l'origine d'innovations de façon à leur permettre d'en rentabiliser le coût. En France, les brevets ont une durée de 20 ans à compter de la date de leu dépôt.
Rappel :
Les institutions sont définies par Douglass Cecil North (1920-2015), économiste et historien américain :
« Institutions are the humanly devised constraints that structure human interaction. They are made up of formal constraints (rules, laws, constitutions), informal constraints (norms of behavior, conventions, and self imposed codes of conduct), and their enforcement characteristics. Together they define the incentive structure of societies and specifically economies. »
Source : Douglass C. North, Prize Lecture: Economic Performance through Time, publié dans Economic Performance Through Time, The American economic review, vol. 84, n°3, 1994, p. 360.
Il s'agit de sa Conférence pour le Prix de la Banque de Suède en l'honneur d'Alfred Nobel7) en 1993. Disponible en ligne : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/economic-sciences/laureates/1993/north-lecture.html
Les institutions sont les contraintes établies par les individus, contraintes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent :
Que dit le programme officiel de TES ?
Notions : Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation.
Acquis de première : inflation, chômage, demande globale.
Indications complémentaires :
L'observation des fluctuations économiques permettra de mettre l'accent sur la variabilité de la croissance et sur l'existence de périodes de crise. On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d'engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse.
Quelques exemples de sujets du bac :
Dissertation :
Comment peut-on expliquer les fluctuations économiques ? (Polynésie, 2015)
Quels sont les déterminants des fluctuations économiques ? (Antilles-Guyane, 2015, rattrapage)
Les fluctuations économiques ne s'expliquent-elles que par les variations de la demande globale ? (France métropolitaine, 2015, rattrapage)
Dans quelle mesure les variations de la demande expliquent-elles les fluctuations économiques ? (Polynésie, 2013)
Nous verrons dans cette partie que si la richesse augmente bien sur le long terme (ce que nous avons constaté plus haut), la croissance économique n'en est pas moins instable.
Après nous être arrêté sur la terminologie et avoir rappelé quelques faits, nous chercherons à expliquer les principales causes des fluctuations économiques, puis les conséquences, plus ou moins graves, qu'elles peuvent avoir sur l'économie.
Dans la théorie économique, il est devenu usuel (même si cela reste très discuté) de distinguer croissance économique « potentielle » et croissance économique « réelle » (ou « effective »). C'est à partir de cette distinction, que sont expliquées les fluctuations économiques.
La croissance économique étant mesurée par le PIB, le PIB réel/effectif est celui qui est constaté et le PIB potentiel est une estimation statistique de la croissance potentielle. L'écart de production (ou outputgap) est alors la différence entre le PIB réel et le PIB potentiel.
Dans un monde « idéal » (au sens de « idéal typique »), c'est-à-dire un monde où aucune perturbation ne viendrait entraver le fonctionnement de l'économie, où les capacités de production (capital et travail) seraient pleinement utilisées sans susciter d'inflation, la croissance potentielle serait réalisée. Cette croissance serait durable et stable. Elle représente donc la « tendance » (le trend en anglais) que devrait suivre la conjoncture. Autrement dit, dans un tel monde les fluctuations économiques n'existeraient pas.
Dans la réalité, la croissance économique, dite réelle ou effective, est un phénomène instable, soumis à « des hauts et des bas » plus ou moins brusques et plus ou moins durables. Ces hauts et ces bas, ce sont les fluctuations économiques.
(Programme TES 2011, Notions)
Les fluctuations économiques sont constituées de l’ensemble des mouvements affectant l'activité économique, qu'il s'agisse de phases d’expansion (accélération de la croissance économique) ou de récession/dépression (ralentissement/baisse de la croissance économique).
Ces fluctuations affectent, bien sûr, le PIB mais concernent, plus généralement, les principales variables de l'activité économique (chômage, inflation…).
Ces mouvements peuvent être plus ou moins réguliers, auquel cas on parlera souvent de cycles économiques qui désignent la répétition au cours du temps de phases d’expansion économique, puis de récession/dépression.
Remarque : ces deux termes sont proches et souvent utilisés comme synonymes.
Si on découpe le cycle en 4 phases, on a donc la succession : expansion – crise – récession/dépression – reprise…
Trois types de cycles peuvent être distingués :
— Cycles de Kondratiev (ou Kondratieff) (cycles longs), environ 40 à 60 ans. Il est associé par Schumpeter à l'évolution du progrès technique (apparition des innovations). Il distingue la « phase A » du cycle Kondratiev, qui correspond à la phase ascendante, et la « phase B », qui correspond à la phase descendante.
— Cycles de Juglar (ou cycle des affaires ou intermédiaire ou moyens), environ 7 à 11 ans.
— Cycles de Kitchin (ou cycle mineur ou court), environ 3 à 4 ans (2 Kitchin = 1 juglar environ).
Courbe 1 = cycles longs ; courbe 2 = cycles intermédiaires ; courbe 3 = cycles courts ; courbe 4 = somme des courbes 1-3.
Source : Joseph Aloïs Schumpeter, Business cycles, 1939. Disponible en ligne (en) : http://dx.doi.org/doi:10.1522/030021081
Correspondant à la phase ascendante d'un cycle, l'expansion est un accroissement momentané et réversible de la conjoncture (accélération de la croissance économique). Elle se situe donc sur le court terme et ne doit pas être confondue avec la croissance.
(Programme TES 2011, Notions)
La crise économique peut s'entendre au sens strict ou au sens large :
Remarque : Il est a noté ici que la conjoncture économique ne se réduit pas nécessairement au seul PIB, mais englobe l'ensemble de la situation économique.
La définition de la récession est ambiguë. Pendant longtemps en France, les économistes ont considéré qu'elle correspondait à un ralentissement de la croissance, donc à sa baisse relative (baisse du taux de variation).
Cependant, de plus en plus, les économistes considèrent que la récession correspond à une diminution du PIB durant deux trimestres consécutifs (baisse absolue)8). Dans ce second cas, elle est synonyme de contraction. C'est cette seconde définition que nous retiendrons.
Source : Martin Vidberg, « Une enquête du docteur maison », Blog L'actu en patates, 18 septembre 2008. Note disponible en ligne : http://vidberg.blog.lemonde.fr/2008/09/18/une-enquete-du-docteur-maison/
La récession peut se traduire par la dégradation d'autres agrégats économiques que le seul PIB, en particulier le chômage. Il est cependant communément admis, que l'on fasse référence à un ralentissement ou à une baisse, que la récession est d'une durée moins longue et d'une gravité moins grande qu'une dépression.
(Programme TES 2011, Notions)
La dépression correspond à une diminution durable et de grande ampleur de la conjoncture. Elle s'étend généralement sur plusieurs années. Cette notion concerne bien sûr le PIB mais elle s'étend aux principaux agrégats macroéconomiques, en particulier l'emploi.
La reprise économique correspond au moment où la conjoncture économique connaît un retournement positif, donc au point bas d'un cycle.
Lorsque l'on compare croissance effective et croissance potentielle, deux situations se présentent :
Récapitulons :
Source : Insee, Comptes nationaux - Base 2010. Disponible en ligne : http://www.insee.fr/fr/ffc/figure/NATTEF08112.xls (version ods)
Source : OCDE. (version ods)
Vous avez désormais compris que la croissance était instable. Pour tenter d'expliquer l'origine de cette instabilité, les économistes ont avancé diverses thèses. Parmi elles, on trouve l'explication de l'instabilité par l'existence de chocs.
Définitions :
Un choc peut se définir comme une variation brutale de l'offre et/ou de la demande globale qui vient perturber la croissance économique.
Lorsque c'est une des composantes de la demande globale qui est affectée par le choc, on parle de choc de demande.
Lorsque c'est le processus de production qui est affecté par le choc (vous aurez remarqué qu'on ne parle pas de composantes de l'offre), on parle de choc d'offre.
Les chocs peuvent être positifs ou négatifs.
Ces chocs peuvent être de nature exogène ou endogène.
À cette explication, s'ajoute le rôle joué par le cycle du crédit. En effet, vous avez vu en 1ES que les mécanismes du crédit pouvaient être à l'origine d'un retournement de la conjoncture économique.
L'analyse économique retient ainsi trois principales causes pour expliquer les fluctuations économiques :
Examinons les mécanismes concernant les différents types de chocs :
L'apparition de chocs d'offre s'explique essentiellement par une variation des coûts de production qui engendre une variation brutale de l'offre proposée par les producteurs.
En cas de choc d'offre négatif, les coûts de production augmentent :
Par conséquent, la quantité offerte par les producteurs se réduit : on observe donc un déplacement de la courbe d'offre vers la gauche (passage de la courbe “Offre 1” à “Offre 2”).
La demande restant inchangée (à court terme du moins), les prix augmentent (inflation).
En cas de choc d'offre positif, les coûts de production diminuent :
Par conséquent, la quantité offerte par les producteurs augmente : on observe donc un déplacement de la courbe d'offre vers la droite (passage de la courbe “Offre 1” à “Offre 2”).
La demande restant inchangée, les prix diminuent.
On comprend dès lors que tout évènement pouvant affecter les coûts de production – dans un sens négatif comme positif – est susceptible de provoquer un choc d'offre.
Les exemples ne manquent pas : catastrophes naturelles qui, en endommageant une partie de l'appareil productif – rendent la production plus difficile et plus coûteuse ; les variations de prix des matières premières nécessaires à la production qui peuvent les renchérir ou les rendre plus accessibles (variations qui peuvent être elles-mêmes dues à des phénomènes naturels comme la sécheresse ou, au contraire, des pluies abondantes… mais pas trop) ; les évolutions de la fiscalité et de la législation qui peuvent influer négativement ou positivement sur les coûts…
Concernant les chocs de demande, cela peut paraître un peu plus compliqué, mais la logique reste la même. En 1ES, vous avez étudié les différentes composantes de la demande globale, à savoir :
avec C = consommation des agents/institutions privés, I =investissement des agents/institutions privés, X = exportations, ie. demande extérieure, G = dépenses de consommation et d'investissement des administrations publiques.
L'apparition de chocs de demande s'explique alors par une variation de l'une (ou plusieurs) des composantes de la demande globale qui engendre une variation brutale de la demande adressée au marché.
En cas de choc de demande négatif, la demande globale diminue :
Par conséquent, la quantité demandée sur le marché se réduit : on observe donc un déplacement de la courbe de demande vers la gauche (passage de la courbe “Demande 1” à “Demande 2”).
L'offre restant inchangée (à court terme du moins), les prix diminuent.
En cas de choc de demande positif, la demande globale augmente :
Par conséquent, la quantité demandée sur le marché augmente : on observe donc un déplacement de la courbe de demande vers la droite (passage de la courbe “Demande 1” à “Demande 2”).
L'offre restant inchangée, les prix augmentent.
Là encore, on comprend que tout ce qui peut affecter la demande globale peut engendrer un choc de demande. Pour autant, les interactions entre demande globale et croissance sont plus complexes. Le schéma suivant nous en donne un aperçu :
Remarque : cette partie est traitée en TD.
Les conséquences de ces phénomènes peuvent être d'autant plus graves que l'on a affaire à des mécanismes cumulatifs : déflation, dépression, chômage de masse.
Que dit le programme officiel de TES ?
Notions : Capital naturel, physique, humain, institutionnel, biens communs, soutenabilité, réglementation, taxation, marché de quotas d'émission.
Acquis de première : externalités, droits de propriété, offre et demande, défaillances du marché.
Indications complémentaires :
“On expliquera pourquoi l'analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la préservation des possibilités de développement pour les générations futures, s'intéresse au niveau et à l'évolution des stocks de chaque type de capital (accumulation et destruction) ainsi qu'à la question décisive du degré de substitution entre ces différents capitaux. On évoquera, à l'aide d'exemples, les limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique (épuisement des ressources énergétiques et des réserves halieutiques, déforestation, augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, etc.).
L'exemple de la politique climatique permettra d'analyser les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour mener des politiques environnementales. En lien avec le programme de première sur les marchés et leurs défaillances, on montrera la complémentarité des trois types d'instruments que sont la réglementation, la taxation, les marchés de quotas d'émission.”
Quelques exemples de sujets du bac :
Dissertation :
Dans quelle mesure la croissance économique peut-elle être soutenable ? (Autres centres étrangers, 2013)
La croissance économique s'oppose-t-elle à la préservation de l'environnement ? (Pondichéry, 2015)
Comment les politiques climatiques peuvent-elles permettre de préserver l'environnement ? (Polynésie, 2013, rattrapage)
Les instruments dont disposent les pouvoirs publics sont-ils efficaces pour préserver l'environnement ? (Asie, 2014)
EC3 :
Vous montrerez que la politique climatique repose sur la complémentarité de différents instruments. (Liban, 2013)
Vous expliquerez pourquoi les trois types d'instruments utilisés en matière de politiques climatiques sont complémentaires. (France métropolitaine, 2013, rattrapage)
Anciens sujets du bac :
Peut-on concilier croissance économique et développement durable ? (Polynésie, 2006)
Une croissance élevée est-elle compatible avec un développement durable ? (Pondichéry, 2007)
La croissance est-elle compatible avec le développement durable ? (Autres centres étrangers, 2007)
Nous avons vu précédemment que la croissance économique pouvait générer des effets pervers, qu'ils soient produits volontairement ou non. Ceux-ci ont un impact négatif en termes environnementaux et sociaux.
Cela a conduit à s'interroger sur la nécessité de poursuivre une course à la croissance qui semble s'être emballée. De cette remise en cause progressive naît la réflexion autour du développement durable.
Comment définir celui-ci ?
Le Rapport Bruntland définit le développement durable (ou soutenable) ainsi :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Source : Gro Harlem Brundtland, « Vers un développement durable », Notre Avenir à Tous, Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU dit Rapport Brundtland, chapitre 2, Avril 1987.
Ce ne sont donc pas seulement les besoins des générations actuelles mais aussi futures qui vont déterminer le choix de société.
Pour permettre un développement durable, certaines conditions doivent être remplies :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
Le développement implique une transformation progressive de l’économie et de la société. Cette transformation, au sens le plus concret du terme, peut, théoriquement, intervenir même dans un cadre sociopolitique rigide. Cela dit, il ne peut être assuré si on ne tient pas compte, dans les politiques de développement, de considérations telles que l’accès aux ressources ou la distribution des coûts et avantages. Même au sens le plus étroit du terme, le développement durable présuppose un souci d’équité sociale entre les générations, souci qui doit s’étendre, en toute logique, à l’intérieur d’une même génération. […]
Au sens le plus large, le développement durable vise à favoriser un état d’harmonie entre les êtres humains et entre l’homme et la nature. Dans le contexte spécifique des crises du développement et de l’environnement des années 80, que les organismes politiques et économiques nationaux et internationaux n’ont pas résolues — et ne sont peut-être pas en mesure de résoudre — la poursuite du développement durable exige les éléments suivants :
Ces conditions sont en fait les objectifs que devraient se fixer tous ceux qui entreprennent des activités, nationales ou internationales, dans le domaine du développement. Ce qui compte, c’est la sincérité avec laquelle ces objectifs sont recherchés et l’efficacité des actions correctrices. »
Source : Gro Harlem Brundtland 10), « Vers un développement durable », Notre Avenir à Tous, Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU dit Rapport Brundtland, chapitre 2, Avril 1987.
Question :
1. À quelles conditions la croissance est-elle soutenable ? (EC1, France métropolitaine, 2015, rattrapage)
Le développement durable renvoie à l'idée de soutenabilité de la croissance. Une croissance est soutenable si elle respecte trois conditions :
Autrement dit, la soutenabilité ne se réduit pas à la prise en compte des conséquences négatives de la croissance sur l'environnement mais s'étend à la question sociale. Il implique une double solidarité : intragénérationnelle (à l’égard des plus démunis au sein d'une même génération) et intergénérationnelle (entre générations).
Il importe de remarquer ici que le développement durable n’exclut pas la croissance.
Le Rapport Brundtland affirme ainsi que : « le développement et la croissance sont compatibles, à condition que les contenus de celle-ci respectent les principes que sont la durabilité et la non exploitation d’autrui ».
Nous avons vu, lorsque nous avons étudié le phénomène de la croissance, que l'on ne saurait s'arrêter à son aspect quantitatif uniquement. En effet, au delà de l'augmentation de la richesse économique se pose la question du développement des sociétés qui passe, entre autre, par l'amélioration du niveau de vie des populations et de leur bien-être (donc l'aspect qualitatif). Cette vision du développement économique peut être étendue à la question d'un développement durable, donc respectueux non seulement de l'environnement et des ressources naturelles mais intégrant également des préoccupations sociales, le tout sur le long terme.
Dans cette perspective, un premier bilan de la situation actuelle peut être fait.
Alors, quel bilan peut-on tirer ?
Pour permettre de mesurer les conséquences de l'activité humaine, un indicateur utile est celui de l'empreinte écologique :
L'empreinte écologique mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d'eau nécessaires pour produire les ressources qu'un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés, compte tenu des technologies et de la gestion des ressources en vigueur. Cette surface est exprimée en hectares globaux, c'est-à-dire des hectares ayant une productivité égale à la productivité biologique mondiale moyenne. Les calculs d'empreinte utilisent les facteurs de rendement pour prendre en compte les différences de productivité biologique nationale (par exemple, des tonnes de blé par hectare britannique ou argentin) et des facteurs d'équivalence pour prendre en compte les différences de productivité mondiale selon le type de milieu (par exemple, la moyenne de productivité mondiale des forêts par rapport à la moyenne mondiale des terres cultivées). Les valeurs de l'empreinte et de la biocapacité sont calculées annuellement par le Global Footprint Network. […]
Source : WWF, Rapport Planète Vivante 2008, octobre 2008, p.42. Disponible en ligne : http://assets.panda.org/downloads/lpr_wwf_2008_french.pdf
En vérité, l'empreinte écologique est un indicateur double : d'un coté, on mesure l'empreinte en elle-même, c'est-à-dire les besoins d'un individu exprimés en hectares ; de l'autre côté, on mesure la biocapacité, c'est-à-dire les ressources disponibles pour répondre à ces besoins, elles aussi exprimées en hectares. Le chiffre qui est exploité est alors la différence entre cette empreinte (les besoins) et la biocapicité (les ressources disponibles). Si les besoins sont supérieurs aux ressources, il y a un déficit ; dans le cas inverse, il y a une réserve.
Source : Global Footprint Network, National Footprint Accounts, Édition 2016. Version interactive disponible en ligne : https://www.footprintnetwork.org/ecological_footprint_nations/
De façon générale, il est aisé de constater les disparités mondiales en matière d'atteintes à l'environnement :
Source : Global Footprint Network, National Footprint Accounts, Édition 2008. Disponible en ligne : https://www.footprintnetwork.org/download.php?id=509
En terme d'évolution :
Source : Global Footprint Network. Disponible en ligne : https://www.footprintnetwork.org/fr/index.php/GFN/page/trends/france/
Note 1 : per person ou per capita signifie « par tête »/« par habitant ».
Note 2 : La qualité des données est mesurée sur une échelle de 1 à 6, 6 étant la meilleure qualité et 1 la plus faible.
Ainsi, de façon plus générale, lorsqu'il est question de développement durable, le constat redonne une relative validité aux thèses malthusiennes.
De fait, la croissance de la population mondiale a rendu plus visibles les effets négatifs de la croissance sur le niveau des ressources naturelles.
Voir Document 1. Dossier documentaire développement durable.
Pour établir un bilan correct de la question environnementale, il importe également de distinguer ressources renouvelables et non renouvelables :
On comprend, dès lors, que l'un des principaux problèmes posé par le mode de croissance actuel est l'épuisement des ressources non renouvelables. Par exemple, les ressources d'énergie fossiles (pétrole et gaz notamment) posent aujourd'hui un problème crucial quant à leur échéance prochaine : les réserves de pétrole sont en effet estimées à environ 1/2 siècle (45 ans) au rythme de consommation actuelle, celles de gaz à 65 ans et celles de charbon à un peu plus de 200 ans. Cet exemple peut être, en particulier, étendu à l'ensemble des matières premières nécessaires à la production humaine.
Les ressources naturelles renouvelables ne sont par pour autant exemptes de risques. On constate notamment l'aggravation des menaces pesant sur la biodiversité. Celle-ci peut se définir à la fois en terme de variété et d'importance des espèces et des écosystèmes. Ainsi, on assiste à une réduction de la biodiversité concernant les ressources halieutiques, cynégétiques et végétales.
Cette réduction de la biodiversité s'explique, d'abord, par la sur-exploitation des ressources qui peuvent conduire à la disparition de certaines espèces. Elle s'explique, ensuite, par la prolifération d'espèces invasives et nuisibles qui menacent les autres. Elle s'explique, enfin, par les menaces qui pèsent sur l'habitat naturel des différentes espèces.
Voir Document 6 & 7. Dossier documentaire développement durable.
À ce problème de l'épuisement des ressources naturelles s'ajoute celui de la dégradation de l'environnement (qui n'est d'ailleurs pas sans lien, comme dans le cas de l'empoisonnement des ressources ou de la propagation de maladies). En effet, en produisant, les agents économiques sont à l'origine d'externalités négatives et, en particulier, d'émissions polluantes et de rejets de déchets en quantité de plus en plus importante.
Rappel :
(Programme 2nde 2010, Notions (effets externes) ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)
Les externalités ou effets externes sont les conséquences d’une action individuelle sur un autre acteur, qui ne sont pas prises en compte par le marché ou le système de prix. Il est usuel de dire qu'elles sont le « résultat non voulu d'une action voulue ».
Elles peuvent être positives (exemples : l'implantation de ruches à proximité d'un verger, la vaccination, la recherche) ou négatives (exemples : la pollution, la dégradation de ressources naturelles, le bruit).
Leur existence est donc à l'origine d'une défaillance du marché et justifie l’intervention publique, permettant d’ « internaliser » les externalités (c’est-à-dire faire en sorte qu’elles soient prises en compte par les agents économiques dans leurs calculs coût/avantage).
Exemples : instauration par l'État d’une taxe sur les produits polluants (souvent nommée taxe « Pigou »), subventions à la recherche, vaccination gratuite et obligatoire, etc.
Or, ces effets négatifs sont d'autant plus problématiques à résoudre qu'ils sont difficilement mesurables, que l'attribution des responsabilités quant à leur origine est souvent impossible et qu'il est difficile d'en traiter les conséquences. C'est tout particulièrement vrai s'agissant du changement climatique.
Voir Document 3 & 4. Dossier documentaire développement durable.
Au final, force est de constater que la situation environnementale est devenue préoccupante.
Pour analyser la question du développement durable, les économistes s'appuient sur la prise en compte des quatre types de capitaux suivants :
(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme TES 2011, Notions)
La notion de capital humain a été rendue célèbre par Gary Stanley Becker (microéconomiste, Prix Nobel d'économie 1992, 1930-2014).
Gary S. Becker définit le capital humain de la façon suivante :
« […] Schooling, a computer training course, expenditures on medical care, and lectures on the virtues of punctuality and honesty are capital too in the sense that they improve health, raise earnings, or add to a person’s appreciation of literature over much of his lifetime. Consequently, it is fully in keeping with the capital concept as traditionally defined to say that expenditures on education, training, medical care, etc., are investments in capital. However, these produce human, not physical or financial, capital because you cannot separate a person from his knowledge, skills, health, or values the way it is possible to move financial and physical assets while the owner stay put. […] »
Source : Gary S. Becker, Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education, University of Chicago Press, 3ème édition, 1993 (édition originale : 1964), pp. 15-16.
Le capital humain désigne ainsi l’ensemble des connaissances, des qualifications et des aptitudes acquises par les individus (il est donc un résultat de la production).
Il détermine leur capacité à participer efficacement à l'activité productive (il est donc un facteur de production) et à en tirer un revenu.
Il peut être accumulé (augmenter) grâce à des investissements, c'est-à-dire au travers de l’éducation et l’apprentissage (formation initiale), puis par la formation continue et l’expérience professionnelle.
Enfin, il est sensible au phénomène d'obsolescence lorsqu'il n'est pas entretenu (voir l'idée d'employabilité).
Le capital institutionnel correspond à l'ensemble formé par les institutions.
Voir institution.
Les institutions sont définies par Douglass Cecil North (1920-2015), économiste et historien américain :
« Institutions are the humanly devised constraints that structure human interaction. They are made up of formal constraints (rules, laws, constitutions), informal constraints (norms of behavior, conventions, and self imposed codes of conduct), and their enforcement characteristics. Together they define the incentive structure of societies and specifically economies. »
Source : Douglass C. North, Prize Lecture: Economic Performance through Time, publié dans Economic Performance Through Time, The American economic review, vol. 84, n°3, 1994, p. 360.
Il s'agit de sa Conférence pour le Prix de la Banque de Suède en l'honneur d'Alfred Nobel11) en 1993. Disponible en ligne : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/economic-sciences/laureates/1993/north-lecture.html
Les institutions sont les contraintes établies par les individus, contraintes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent :
(Programme TES 2011, Notions)
Le capital naturel est l'ensemble des ressources naturelles utilisables pour produire.
Exemples : ressources minérales, cynégétiques (faune sauvage), halieutiques (aquatiques), végétales…
Le capital naturel doit donc être considéré comme un stock. Ce stock est limité. Dans une perspective de développement durable, il importe donc de le préserver.
Il n'est pas nécessairement produit, mais les ressources qu'il fournit sont exploitables par l'homme. Ainsi, les forêts gérées par l'Office National des Forêts (ONF, organisme français), par exemple, sont le résultat d'une production. Par contre, les forêts primaires ne sont pas le résultat d'une production, mais elles peuvent être exploitées pour produire. De même, les poissons issus de la pisciculture (élevage des poissons) sont produits, à l'inverse des poissons « sauvages ».
Remarque : ce n'est pas parce qu'il est exploitable, qu'il est forcément exploité.
(Programme TES 2011, Notions)
Le capital physique est l'ensemble des biens produits utilisés comme facteurs de production. Il sert donc à produire et est lui-même un résultat de la production.
Exemples : bâtiments, machines…
Remarque : le capital physique semble se distinguer du capital technique et du capital fixe, tel que les définit la comptabilité nationale, en ce que ces derniers incluent des éléments immatériels et pas seulement matériels. Le capital physique serait alors matériel… sauf que certains auteurs adoptent une acception large du capital physique qui inclut, elle aussi, des éléments immatériels. Bref, il existe un flou sur cette question…
Ces quatre capitaux permettent de décrire l'ensemble des ressources à considérer dans le cadre d'une économie productive.
À ces quatre capitaux est, parfois, ajouté le capital social, dans la mesure où, dans un monde de plus en plus interconnecté, le capital correspondant aux ressources relationnelles n'est pas sans impact sur la sphère économique. C'est le cas, par exemple, du document 1 (issu de la Banque mondiale, Dossier documentaire sur le développement durable) qui regroupe le capital humain, le capital social et le capital institutionnel au sein du capital immatériel.
Celui-ci se caractérise de la façon suivante :
(Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)
Le capital social est un ensemble de ressources relationnelles dont il est possible de tirer profit.
Il est défini par Pierre Bourdieu comme suit :
« Le capital social est l’ensemble des ressources mobilisées (des capitaux financiers, mais aussi de l’information, etc.) à travers un réseau de relations plus ou moins étendu et plus ou moins mobilisable qui procure un avantage compétitif en assurant aux investissements des rendements plus élevés. »
Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l’économie, Liber, Seuil, Paris, 2000, p. 237.
Il ajoute que cette définition du capital social :
« prend en compte non seulement le réseau des relations, caractérisé dans son étendue et sa viabilité, mais aussi le volume du capital de différentes espèces qu’il permet de mobiliser par procuration (et, du même coup, les profits divers qu’il peut procurer : promotions professionnelles, participation à des projets, accès à des décisions importantes, occasions d’investissements financiers ou autres). »
Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l’économie, Liber, Seuil, Paris, 2000, p. 237n.
Comme toute forme de capital, ces différents types de capitaux peut faire l'objet d'une accumulation (augmentation du stock de capital) ou d'une destruction (diminution du stock de capital). La dotation en capital n'est donc pas figée.
De même, la dotation en capital des différents types varient d'un pays à l'autre en fonction du territoire, du niveau de développement, des investissements réalisés, des politiques publiques, etc. On retrouve à cet égard la question des inégalités de développement économique puisque les pays les plus développés sont le plus souvent ceux qui sont les mieux dotés dans les différents capitaux et/ou, lorsqu'ils ne le sont pas, sont en mesure d'obtenir les ressources en capitaux qui leurs font défaut (on peut repenser ici à l'exemple des sociétés pétrolières ou minières dont la localisation se situe majoritairement dans les pays développés alors que leur activité d'exploitation est essentiellement située dans des pays en développement).
Voir Document 2. Dossier documentaire développement durable.
L'analyse théorique de la soutenabilité tente de dégager les mécanismes qui permettraient de garantir un développement durable. Deux courants théoriques principaux s'opposent de ce points de vue : les tenants de la soutenabilité dite « faible » et ceux de la soutenabilité dite « forte ».
Cette approche est celle que l'on trouve chez les économistes néoclassiques. Le point de départ de cette approche théorique, consiste à considérer que les différents types de capitaux sont substituables.
Si l'on considère que les capitaux sont substituables, cela signifie que l'on peut les remplacer les uns par les autres. Dans ce cadre, l'objectif poursuivi consiste à préserver l'ensemble formé par les différents types de capitaux :
Stock total des différents types de capitaux = Capital naturel + capital physique + capital humain + capital institutionnel.
C'est donc le niveau de ce stock total qu'il faut chercher à maintenir, voire à augmenter.
Quelle est la conséquence de cette hypothèse pour le développement durable ?
Si le capital naturel diminue (suite à l'épuisement de certaines ressources, par exemple), il faut que cette diminution soit compensée par l'augmentation de l'un des autres types de capitaux (capitaux physique, humain et institutionnel).
L'objectif poursuivi est, en effet, le maintien (voire l'augmentation) du niveau de bien-être des populations dans le temps. Or, pour maintenir ce bien-être, les individus doivent pouvoir obtenir la satisfaction de leurs besoins. Si le niveau global de capital diminue, ce maintien du bien-être devient impossible. D'où l'objectif de sauvegarde du niveau global de capital.
Cette vision est souvent considérée comme « optimiste » dans le sens où les mécanismes du marché, et surtout, l'innovation vont contribuer à garantir un développement durable.
Le progrès technique est, de fait, considéré comme une solution possible aux problèmes posés par le développement durable. Face aux pénuries de ressources naturelles, par exemple, les agents économiques sont incités à innover pour leurs trouver des substituts (ou du moins, réduire la consommation de ces ressources).
Le mécanisme est le suivant : lorsque la quantité disponible d'une ressource diminue, son prix augmente. Le coût que doit supporter un agent économique pour obtenir la quantité nécessaire à la satisfaction de ses besoins s'élève donc. Il devient alors rentable pour lui de financer des dépenses (celles liées à la R&D en particulier) visant à lui offrir des alternatives à cette ressource.
C'est le cas notamment du pétrole. Si les prix de celui-ci fluctuent en fonction d'éléments conjoncturels, il n'en reste pas moins que son prix s'élève de façon tendancielle. Cela a encouragé la R&D nécessaire à l'exploitation de gisements difficiles d'accès et par là trop coûteux à exploiter précédemment ainsi qu'à la recherche d'énergies de substitution.
Cette vision optimiste est renforcée par l'idée selon laquelle le développement en lui-même est une solution au problème du développement durable. Ici, intervient la courbe de Kuznets (à l'origine développée pour analyser l'évolution des inégalités), appliquée à la question du développement durable.
Simon Kuznets, Prix Nobel d’économie en 1971, analyse la relation entre croissance économique et inégalités économiques au travers de ce que l'on appellera la « courbe de Kuznets » :
Nous voyons donc […] que dans les pays développés la répartition du revenu dépend de facteurs très divers dont les uns favorisent une réduction de l’inégalité alors que les autres la renforcent. Il semble raisonnable de supposer qu’au début de la croissance, l’inégalité a augmenté dans la distribution du revenu total en raison de l’expansion rapide du secteur non agricole et de l’apparition de disparités de revenus plus accusées en son sein. Il est plus fondé encore de faire valoir que la réduction récente de l’inégalité des revenus provient de l’effet conjugué d’une réduction des disparités dans la production par travailleur, du déclin de la part que le revenu provenant de la propriété représente dans le revenu total des ménages et, enfin, des changements structurels qui ressortent des mesures arrêtées dans le domaine de la Sécurité Sociale et du plein-emploi.
Source : Simon Kuznets, La croissance économique moderne, 1971.
Pour commencer, il faut se souvenir que le mécanisme sur lequel repose la courbe de Kuznets est principalement lié aux modifications sectorielles des économies (notamment les mécanismes du déversement et de la destruction-créatrice).
Au départ, seul le secteur agricole est développé. Lorsque l'économie commence à croître, le secteur non agricole (Kuznets pense surtout au secteur industriel, mais on peut également faire référence aux services) se développe.
Conséquences :
⇒ Le nouveau secteur étant plus productif que le secteur agricole, il génère davantage de gains. Cela conduit à une augmentation des inégalités par augmentation des écarts de revenu entre le nouveau secteur et l’ancien secteur.
⇒ De plus, au sein du nouveau secteur, ce sont les agents économiques les plus productifs qui voient leurs revenus augmenter le plus. Cela se traduit par une augmentation des écarts de revenu au sein du nouveau secteur.
Au total, on voit les inégalités se creuser entre l'ancien et le nouveau secteur ainsi qu'au sein même du nouveau secteur.
Au bout d’un certain niveau de croissance, l'économie arrive à maturité.
Conséquences :
⇒ Innovations et amélioration du capital humain se sont étendues à l'ensemble de la production, entraînant une réduction des écarts de productivité entre les deux secteurs et au sein du nouveau secteur.
⇒ Par ailleurs, les moins productives ont désormais disparu (destruction-créatrice) et les agents économiques ont fini de se reconvertir (déversement et imitation), entraînant une baisse des gains des “pionniers” du nouveau secteur.
⇒ Enfin, l'intervention de l'État-providence permet le développement de la sécurité sociale, des politiques de redistribution et de lutte contre le chômage.
Au total, les mécanismes de marché ont réduit les inégalités entre les deux secteurs et au sein de chacun des secteurs. Les inégalités de salaire et de patrimoine ont donc tendance à diminuer. La création d’une protection sociale généralisée renforce cette diminution. Bref, les inégalités globales baissent.
Représentation graphique de la courbe de Kuznets :
Appliquée au développement durable, le raisonnement de Kuznets consiste à affirmer que les effets négatifs (pollution…) liés à l'activité humaine sont élevés lorsque le niveau de développement est faible mais qu'ils diminuent ensuite, lorsque le développement s'élève.
Encore une fois, ce raisonnement est, en partie, lié au progrès technique : au fur et à mesure du développement, les innovations permettent de réduire les effets négatifs auparavant incontournables.
De plus, les activités les plus polluantes sont davantage présentes dans les premières phases du développement. En effet, le secteur tertiaire (services) est, globalement, moins générateur d'effets négatifs que les secteurs primaire (agriculture) et secondaire (industrie). Or, dans les économies développées, ces derniers tendent à se réduire au profit du secteur tertiaire.
Enfin, les comportements des individus, et donc la demande qu'ils expriment, évoluent en fonction du niveau de développement. Ainsi, les préoccupations des individus, dans les pays développés, ne se réduisent plus à la satisfaction de leurs besoins élémentaires mais passent par des exigences plus importantes en terme de qualité de vie, une demande orientée davantage vers les services de conforts et de loisirs (activités moins polluantes)…
Pour les tenants de la soutenabilité forte, que l'on trouve notamment dans les courants hétérodoxes, la vision soutenue est nettement plus “pessimiste”.
Ils considèrent en effet que le capital naturel est spécifique, il ne saurait donc être remplacé par les capitaux produits par l'homme. Par conséquent, il est non substituable et il faut donc le préserver.
Le développement durable est alors garanti seulement si le stock de capital naturel ne décroît pas.
Dans ce cadre, le progrès technique n'est pas suffisant pour permettre le développement durable et ce d'autant qu'il peut conduire à une effet “rebond”12) : les gains de productivité réalisés grâce au progrès technique peuvent, paradoxalement, conduire à une augmentation de la consommation des ressources dans la mesure, notamment, où ces gains conduisent à la diminution de leur coût.
C'est donc par d'autres moyens qu'il faut garantir le développement durable. Cela passe, bien sûr, par la baisse de la consommation des ressources. C'est de là que se développe les théories de la décroissance ou de la croissance zéro. Ces dernières années, ce sont en effet multipliés les appels à une « croissance zéro » voire à « décroissance » de l'économie. Il ne s'agit plus seulement de revendiquer une croissance « soutenable », c'est-à-dire une croissance respectueuse de l'environnement et des ressources naturelles, mais un arrêt de la croissance de la production ou même sa diminution.
C'est dans cet ordre d'idée également qu'est formulé le principe de précaution :
Le principe de précaution est d'abord définit de la façon suivante, lors de la Conférence de Rio :
« Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. »
Source : Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement,, Principe 15, Rio de Janeiro, Brésil,3-14 juin 1992. Disponible en ligne : http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm
Ce principe de précaution est formulé de la façon suivante lorsqu'il entre dans la Constitution française en 2005 :
« Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »
Source : Charte de l'environnement (ajoutée à la Constitution de 1958 par la loi constitutionnelle n°2005-205 du 1er mars 2005), Article 5, 2004. Disponible en ligne : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/la-constitution-du-4-octobre-1958/charte-de-l-environnement-de-2004.5078.html