Table des matières

Chapitre 1. La coordination par le marché

I. Les mécanismes du marché

Programme officiel :

Notions : marché, marché concurrentiel, institution, droits de propriété, concurrence, concurrence parfaite, monopole, demande, offre, courbes d’offre et de demande, équilibre de marché, équilibre de marché concurrentiel, preneurs de prix, taxe forfaitaire, producteur, consommateur, maximisation du profit (par le producteur), coût marginal, coût marginal croissant, quantité et prix, surplus du producteur, surplus du consommateur, maximisation de la somme des surplus à l’équilibre, gains à l'échange

1.1. Qu'est-ce qu'un marché ?

Programme officiel :

Objectifs d’apprentissage :

« Savoir que le marché est une institution et savoir distinguer les marchés selon leur degré de concurrence (de la concurrence parfaite au monopole).»

Marché

Le marché est un lieu de rencontre, réel ou fictif, entre l'offre et la demande de biens et services économiques qui aboutit à la fixation du prix et de la quantité auxquels se réalisent l’échange.
Le prix y agit comme un signal, car il véhicule l'information et permet ainsi la coordination des comportements de demande et d’offre qui n’auraient aucune raison de s’ajuster autrement.
L'échange s'effectue sur le marché au moyen d'un média particulier : la monnaie.

 
Document. Tableau de Stackelberg

Tableau de Stackelberg

1. Il y a donc « libre concurrence » du côté des offreurs.
2. Il y a donc « oligopole » du côté des offreurs.
3. Il y a donc « monopole » du côté des offreurs.
4. Il y a donc « libre concurrence » du côté des demandeurs.
5. Il y a donc « oligopole » du côté des demandeurs.
6. Il y a donc « monopole » du côté des demandeurs.
7. Il ne serait pas faux de parler de « Monopsone bilatéral » mais le terme « monopole » est celui retenu par Stackelberg.

Source : D'après Heinrich von Stackelberg, Marktform und Gleichgewicht, chap. 1, Julius Springer, 1934. Version odp

Preneur de prix

Dans le modèle néoclassique de la CPP, un agent économique est dit price taker ou preneur de prix s'il n'est pas en mesure d'exercer une influence sur les prix (ceux-ci s'imposent à lui comme une donnée). Ce comportement repose sur les hypothèses d'atomicité du marché (aucun agent économique n'a une taille assez grande pour lui permettre d'exercer une influence sur les prix) et de transparence du marché (aucun agent économique ne dispose d'asymétrie d'information en sa faveur lui permettant d'exercer une telle influence).

 

1.2. Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? Le modèle théorique de la concurrence pure et parfaite (CPP)

Programme officiel :

Notions : Offre et demande, prix et quantité d'équilibre, preneur de prix, rationnement, surplus, gains à l'échange, allocation des ressources

Objectifs d’apprentissage :

« On s'attachera à mettre en évidence les déterminants des comportements des agents, offreurs et demandeurs, puis on procédera à la construction des courbes d'offre et de demande et à l'analyse de la formation de l'équilibre sur un marché de type concurrentiel. La modification des conditions d'offre ou de demande permettra de montrer comment s'ajustent, dans le temps, prix et quantités d'équilibre. On étudiera les réactions de l'acheteur aux changements des incitations (augmentation du prix du tabac, de la fiscalité sur les carburants, prime à la casse sur le marché de l'automobile, etc.). L'étude de la notion de surplus et de son partage entre acheteurs et vendeurs permettra d'illustrer graphiquement les gains de l'échange. On fera apparaître l'existence de situations de rationnement lorsque le prix est fixé, quelle qu'en soit la raison, à un autre niveau que celui qui équilibre le marché (files d'attente, réglementation des loyers, pénuries de places pour des rencontres sportives ou les spectacles, etc.). »

Pour comprendre le fonctionnement du marché, la théorie économique néoclassique propose un modèle. Ce modèle est dit de concurrence pure et parfaite (CPP).

Modèle

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

Un modèle peut se définir comme une représentation simplifiée de la réalité. Il a généralement un objectif d'explication et/ou de prédiction et repose sur un ensemble d'hypothèses dont la validité sera testée par la confrontation aux données empiriques. En économie, il s'agit le plus souvent de modèles représentant une situation idéaltypique, dite « parfaite », à laquelle la réalité est comparée, les économistes raisonnant alors par « écart » au modèle.
Par exemple, le modèle de CPP (Concurrence pure et parfaite), vu comme un modèle « idéal » ou « parfait », est une description simplifiée de la situation des marchés à partir de laquelle le fonctionnement des marchés a pu être analysé.

 

La théorie à l'origine de la construction de ce modèle a été développée à la fin du XIXème siècle, notamment sous l'égide de l'économiste français Léon Walras (1834-1910). Ce courant théorique tient aujourd'hui une place essentielle dans la pensée économique malgré les critiques auxquelles il est parfois soumis.

Ce modèle repose sur un ensemble de cinq hypothèses, trois hypothèses dites de la concurrence « pure » et deux dites de la concurrence « parfaite ».

L'équilibre du marché en CPP

II. Limites & défaillances du marché

2.1. Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

Programme officiel :

Notions : Pouvoir de marché, nombre limité d’offreurs, ententes, ententes illicites, barrières à l’entrée, monopole, faiseur de prix, monopole naturel, monopole institutionnel, monopole d’innovation, équilibre du monopole, oligopole, dilemme du prisonnier, firmes, politique de la concurrence, fusions-acquisitions, abus de position dominante, surplus du consommateur.

Objectifs d’apprentissage :

« On soulignera le caractère très particulier du marché concurrentiel et on introduira la notion de structures de marché. Sans aucun recours à la formalisation et à l'aide d'exemples (monopole dans le domaine de l'électricité ou du transport, situations de concurrence monopolistique engendrées par l'innovation ou la différentiation des produits, oligopoles dans les domaines de l'automobile, des composants électroniques, etc.), on montrera que les vendeurs mettent en œuvre des stratégies susceptibles de renforcer leur pouvoir de marché (positionnement et marketing des produits, ententes entre vendeurs, guerres de prix, création de demande captive, etc.). On pourra s'interroger sur les conditions favorisant ces structures non concurrentielles et sur le rôle des pouvoirs publics dans la régulation de la concurrence. »

Document. Le relâchement des hypothèses du modèle de la CPP

2.2. Quelles sont les principales défaillances du marché ?

Programme officiel :

Notions : défaillances du marché, externalités, pollution, biens communs, biens collectifs, asymétrie d'information/information asymétrique, sélection adverse, aléa moral, voitures d’occasion (lemons), assurance, intervention des pouvoirs publics

Objectifs d’apprentissage :

« On montrera qu'en situation d'information asymétrique, on constate l'existence d'équilibres avec rationnement voire l'absence de marché (marché des voitures d'occasion, marchés des professionnels de santé et des avocats, marché de l'assurance, etc.). Les diverses manières de produire et de diffuser de l'information - labellisation, publicité, comparateurs de prix, magazines de consommateurs, etc. - pourront être évoquées, de même que la réglementation publique sur l'information.

En s'appuyant sur des exemples, on montrera aussi que les marchés peuvent être défaillants dans le domaine de l'allocation des ressources en présence de biens collectifs ou d'externalités (pollution, éclairage public, pollinisation par les abeilles, etc.). »

Asymétrie d'information

(Programme 1ES 2010, Notions)

L'asymétrie d'information correspond à une situation dans laquelle un agent économique détient davantage d'information que les autres et peut en tirer profit dans le cadre d'un échange. Dans l'analyse néoclassique du marché, l'asymétrie d'information est l'une des principales défaillances de marché.

 

Externalités

(Programme 2nde 2010, Notions (effets externes) ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Les externalités ou effets externes sont les conséquences d’une action individuelle sur un autre acteur, qui ne sont pas prises en compte par le marché ou le système de prix. Il est usuel de dire qu'elles sont le « résultat non voulu d'une action voulue ».

Elles peuvent être positives (exemples : l'implantation de ruches à proximité d'un verger, la vaccination, la recherche) ou négatives (exemples : la pollution, la dégradation de ressources naturelles, le bruit).

Leur existence est donc à l'origine d'une défaillance du marché et justifie l’intervention publique, permettant d’ « internaliser » les externalités (c’est-à-dire faire en sorte qu’elles soient prises en compte par les agents économiques dans leurs calculs coût/avantage).

Exemples : instauration par l'État d’une taxe sur les produits polluants (souvent nommée taxe « Pigou »), subventions à la recherche, vaccination gratuite et obligatoire, etc.

 

Biens collectifs

(Programme 1ES 2010, Notions)

Un bien collectif est d'abord un bien qui peut être utilisé simultanément par plusieurs individus sans que la consommation de l’un ne réduise la consommation des autres (propriété de non-rivalité). À cette propriété de non-rivalité s’ajoute une propriété de non-exclusion. Dans ce dernier cas, aucun agent privé ne peut exclure de la consommation du bien les utilisateurs qui ne sont pas disposés à payer (on parle parfois de bien collectif pur dans ce cas).
Exemples : l’éclairage public, la défense nationale.

 

Pouvoir

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

“ My intuitive idea of power, then, is something like this : A has power over B to the extent that he can get B to do something that B would not otherwise do. ”

Source : Robert A. Dahl, “The Concept of Power“, Behavioral Science, vol. 2, n°3, 1957, pp. 202-203.

 

Chapitre 1. La production de richesses

1. Les grandes questions que se posent les économistes

I. Dans un monde aux ressources limitées, comment faire des choix ?

Programme officiel :
Notions : Utilité, contrainte budgétaire, prix relatif
Indications complémentaires :

« À partir d'exemples simples (choix de forfaits téléphoniques, formule « à volonté » dans la restauration, utilité de l'eau dans divers environnements, etc.), on introduira les notions de rareté et d'utilité marginale, en insistant sur la subjectivité des goûts. On s'appuiera sur une représentation graphique simple de la contrainte budgétaire pour caractériser les principaux déterminants des choix, sans évoquer les courbes d'indifférence. Il s'agit d'illustrer la démarche de l'économiste qui modélise des situations dans lesquelles les individus sont confrontés à la nécessité de faire des choix de consommation ou d'usage de leur temps (par exemple). »

1. Quels sont les déterminants des choix des individus ?

1.1. Les individus ont des besoins et des goûts...

Remarque : Sur la question des goûts, voir le chapitre sur la socialisation.

Contrairement à ce que dit la chanson 1), les individus ont tous des besoins.

Définition :
Le besoin est un manque, un sentiment de privation accompagné du désir ou de la nécessité de le faire disparaître.

Ces besoins se distinguent par leur caractère impératif ou non. Il est ainsi usuel de distinguer les besoins primaires des besoins secondaires.

Définition :
Les besoins primaires sont ceux dont la satisfaction est impérative dans la mesure où ils sont nécessaires à la vie. Pris dans un sens restrictif, ils peuvent être réduits aux besoins physiologiques ou vitaux. En ce sens, une absence de satisfaction entraine un risque pour la survie immédiate de l'individu.
Exemples : manger, dormir, respirer, etc.

Usuellement, ils sont cependant assimilés aux besoins dits élémentaires (incluant les besoins physiologiques), c'est-à-dire ceux dont la satisfaction assure une vie décente.
Exemples : se loger, se vêtir, etc.

Les besoins secondaires sont ceux dont la satisfaction n'est pas impérative mais améliore la condition de l'individu. Exemples : éducation, transport, loisirs, etc.

Remarque : Cette définition peut être rapprochée de la distinction biens primaires/secondaires que nous verrons par ailleurs.

Le psychologue Abraham Maslow, dans son ouvrage A Theory of Human Motivation (1943), élabore une typologie des besoins des individus, connue sous le nom de « Pyramide de Maslow ». Elle permet de classer les besoins des individus en fonction de leur importance :

Ainsi, les individus commencent par essayer de satisfaire leurs besoins physiologiques (besoins élémentaires tels que dormir, manger…) avant de réclamer davantage de protection (protection de l'individu, de la propriété privée…) ou encore de s'intéresser à leurs besoins sociaux (intégration/socialisation…).

Les besoins et des goûts sont donc essentiels pour comprendre les choix des individus (en supposant, bien sûr, qu'ils soient libres d'opérer ces choix). Ils n'en sont cependant pas le seul déterminant.

1.2. ... Qu'il n'est pas toujours aisé de satisfaire

La satisfaction apportée par la réponse au besoin exprimé par un individu renvoie à la notion d'utilité.

Définitions :

Utilité

(Programme 1ES 2010, Notions)

L'utilité désigne l'aptitude d'un bien ou d'un service à satisfaire les besoins d'un agent économique. Répondre à un besoin augmente donc l'utilité de l'agent économique.

Remarque : le terme « satisfaction » est souvent utilisé comme synonyme d'utilité.

Utilité marginale

L'utilité marginale désigne l'utilité de la dernière unité consommée, c'est-à-dire la satisfaction supplémentaire apportée par la consommation d’une unité supplémentaire de bien ou service. L’utilité marginale est généralement considérée comme une fonction décroissante des quantités consommées. Exemple : L'utilité apportée par la consommation d'un carreau de chocolat, aussi forte puisse-t-elle être au départ, diminue au fur et à mesure qu'un individu en consomme davantage. L'utilité du dernier carreau sera donc la plus faible constatée.

 

Certains besoins peuvent être satisfaits aisément. C'est notamment vrai lorsqu'ils sont disponibles en abondance et facilement accessibles. Dans ce cas, ils ne nécessitent généralement pas de recourir à un échange économique – voire à la production – et sont donc gratuits.
Exemple : boire directement l'eau d'une source est gratuit alors que sa mise en bouteille en fait un bien tarifé ou que son acheminement jusqu'au robinet de cuisine constitue un service tarifé lui aussi.

À l'inverse, d'autres besoins supposent un échange économique pour pouvoir être satisfaits. C'est particulièrement vrai dans un contexte de rareté.

Définition :

Rareté

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

La rareté implique des ressources disponibles en quantité limitée soit parce qu'elles sont difficilement accessibles soit parce qu'elles doivent être produites.
Exemple : s'il n'est pas impossible de trouver des fraises à l'état sauvage, un individu qui souhaite en consommer va le plus souvent devoir s'adresser à un marchand de fruits, qui les lui fournira contre de la monnaie. De plus, elles sont disponibles en quantité limitée : on ne peut obtenir des fraises que si la récolte a été suffisante pour que le marchand de légumes ai pu en obtenir sans compter qu'elles ne sont disponibles qu'une partie de l'année.

 

La plupart des produits que nous consommons n'existent pas tels quels ni en abondance dans la nature. Ils vont donc être produits et pour cela nécessiter un travail. Ainsi, les besoins sont rationnés par les ressources (naturelles ou produites) disponibles pour les satisfaire. Les individus doivent ainsi faire des choix dans ce qu'ils consomment pour satisfaire leurs besoins.

Choisir suppose de réaliser un arbitrage entre plusieurs possibilités. Or tout choix implique le sacrifice des possibilités non retenues. Autrement dit, tout choix à un coût, c'est le coût d’opportunité.

Définition :

Coût d'opportunité

(Programme 1ES 2010, Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal, Notions)

Dans une situation d'arbitrage, le coût d’opportunité est le coût de renoncement aux possibilités non retenues d'un choix. Il correspond donc à la valeur attribuée à ces dernières et qu'elles auraient apportées si elles avaient choisies. Si ce coût peut être financier, il ne s'y réduit pas. Il peut, par exemple, se mesurer en terme de déplaisir.
Exemple : Si un élève doit arbitrer entre consacrer deux heures de son temps à la révision de son DST de SES ou à une séance de cinéma, choisir de réviser son DST implique un coût correspondant à la perte de plaisir qu'aurait apporté la séance de cinéma.

 

Les deux contraintes essentielles qui pèsent sur les choix de consommation des individus sont la contrainte de temps et la contrainte budgétaire. De fait, même une personne dont les ressources financières seraient supposées illimitées devra choisir ce qu'elle fait de son temps. Pareillement, une personne qui serait complètement libre de son temps se trouverait limitée par la contrainte budgétaire.

2. La modélisation des choix du consommateur : la représentation de la contrainte budgétaire

Prix relatif

(Programme 1ES 2010, Notions)

Pour expliquer la notion de prix relatif, le mieux est de prendre un exemple. Prenons, celui des oranges et des pommes. Si l'on dit qu'une orange “vaut” 2 pommes, cela veut dire que si l'on possède des oranges et que l'on souhaite obtenir des pommes, il faut donner 1/2 orange pour obtenir une pomme, une orange pour obtenir 2 pommes, 2 oranges pour 4 pommes, etc. À l'inverse, si l'on souhaite obtenir des oranges en échange de pommes, il faut donner 1 pomme pour obtenir 1/2 orange, 2 pommes pour une orange, etc.

En économie, on parle alors de “prix relatif” : il s'agit d'un rapport qui permet de mesurer la valeur d'une marchandise relativement à une autre. Ici, le prix d'une orange “relativement” à une pomme correspond à 1/2 (valeur de l'orange/valeur de la pomme). Sauf que ce prix correspond à des valeurs particulières, les valeurs “marginales”…

Mais alors qu'est-ce que des valeurs marginales ?

En économie, la valeur marginale est celle qui correspond à la valeur de la dernière unité considérée (celle qui est “à la marge”).

Gardons pour l'instant notre exemple des oranges et des pommes.

Imaginons que nous possédions des oranges, mais que cela fasse des années que nous n'avons pas mangé de pommes. Notre désir de pomme est donc très important et nous sommes prêts à donner beaucoup d'oranges (disons 5 oranges) pour obtenir une seule pomme.

L'échange fait, notre “satisfaction” (en économie, on dit aussi “utilité”) sera maximale, car nous avions vraiment envie d'obtenir la pomme. Le prix relatif est alors de 5/1.

Par contre, que se passe-t-il lorsque l'on nous propose une 2e, 3e… ou même une 10e pomme ? Nous comprenons que si nous avons déjà en notre possession un certain nombre de pommes, nous ne serons pas prêts à donner autant d'oranges que pour la 1re pomme. Nous comprenons par la même occasion que le prix relatif (des oranges par rapport aux pommes) va avoir tendance à diminuer (de moins en moins d'oranges pour de plus en plus de pommes).

De ce fait, les économistes ne regardent pas le prix relatif de la première pomme, mais celle de la dernière que nous souhaitons obtenir (au-delà du nombre correspondant à la dernière, nous n'allons plus en vouloir d'autre), c'est-à-dire la valeur “marginale”.

 

II. Que produit-on et comment le mesure-t-on ?

Programme officiel :

Notions : Production marchande et non marchande, valeur ajoutée

Indications complémentaires :

« On sensibilisera les élèves à la diversité des modes de production des biens et services et de leur mise à la disposition des consommateurs. On s'intéressera aux problèmes posés par la mesure de la valeur ajoutée. »

Valeur ajoutée

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Définition :: Valeur ajoutée (màj)

 

1.3 Comment répartir les revenus et la richesse ?

Programme officiel :

Notions : Salaire, profit, revenus de transfert

Indications complémentaires :

« La production engendre des revenus qui sont répartis entre les agents qui y contribuent par leur travail ou leur apport en capital. On introduira la distinction entre cette répartition primaire des revenus et la répartition secondaire qui résulte des effets de la redistribution. »

Les différents types de revenus :

Revenus de transferts

(Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Remarque : on parle parfois, mais peu souvent, de revenus secondaires.

Les revenus de transfert sont les revenus issus du système de protection sociale (allocations familiales, pensions de retraite…), autrement dit ils correspondent aux prestations sociales perçues par les ménages.

 

version odp

1.4 Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ?

Programme officiel :

Notions : Équilibre emplois/ressources

Indications complémentaires :

« La mesure et l'analyse de l'activité d'une économie nationale et de ses principales composantes seront présentées simplement. On présentera l'équilibre emplois-ressources, en économie ouverte, et on pourra évoquer les sources de possibles déséquilibres. »

partageva.odp

2. La production dans l'entreprise

I. Comment l'entreprise produit-elle ?

Programme officiel :
Notions : Facteurs de production, coûts (total, moyen et marginal), recettes (totale, moyenne, marginale), productivité, loi des rendements décroissants
Indications complémentaires :

« Après avoir présenté la diversité des entreprises, on montrera que les choix du producteur portent à la fois sur la combinaison des facteurs de production et sur le volume de la production. On introduira les notions clés de l'analyse de la production de l'entreprise, notamment la loi des rendements décroissants.
On montrera l'utilité pour l'entreprise d'instruments de suivi de son activité et de ses résultats en présentant une structure simplifiée du compte de résultat et du bilan. »

Facteurs de production

Facteurs de production [définition générale]

Pour produire un bien ou un service, il est nécessaire de disposer de ce que les économistes appellent des facteurs de production, c'est-à-dire d'éléments matériels ou immatériels qui rendent possible la réalisation d'un produit.

On en distingue deux : le facteur travail et le facteur capital (capital fixe ; capital circulant ou consommations intermédiaires).

Combinaison productive

Pour une même production, il est parfois possible procéder de plusieurs façons. On dit alors que l'entreprise peut combiner de façon différente le capital et le travail.

Exemple fictif : Pour pétrir une fournée de pain, une boulangerie peut embaucher 3 travailleurs et un peu de matériel ou un travailleur et une machine à pain.

Le choix entre l'une et l'autre des combinaisons productives possibles dépendra de l'abondance des facteurs de production (capital ou travail), mais surtout du coût relatif du travail par rapport au capital et l’efficacité productive de la combinaison retenue (mesurée par la productivité).

Exemple : Si le coût du travail est cher, une entreprise préférera privilégier le capital. On dira que l'intensité capitalistique de la production (celle-ci est mesurée par le coefficient de capital = capital utilisé/production réalisée) est plus forte. Dans le cas inverse, on dira que l'intensité capitalistique de la production est plus faible.

Facteurs substituables ou complémentaires

Les facteurs capital et travail sont le plus souvent complémentaires, c'est-à-dire que l'un n'a pas d'utilité sans l'autre. Pour modifier la quantité produite, ils doivent donc varier proportionnellement. On dit alors que la combinaison productive est rigide.

Exemple : une entreprise ne peut pas acheter un nouveau camion sans embaucher un nouveau chauffeur.

Les facteurs de production peuvent parfois être substituables, c'est-à-dire se remplacer l'un l'autre (on peut utiliser du capital plutôt que du travail ou inversement). On dit alors que la combinaison productive est flexible.

 
Le capital productif

Schéma capital Version odp

Les effets des gains de productivité sur la production

Schéma gains de productivité Version odp

II. Entreprise, institution, organisation : Comment les rapports sociaux s'organisent-ils au sein de l'entreprise ?

Programme officiel :

Notions : Hiérarchie, coopération, conflit

Indications complémentaires :

« On montrera comment l'entreprise constitue un mode de coordination des actions par la hiérarchie. On mettra aussi en évidence comment coopération et conflits s'entremêlent dans la production de l'action collective. On mobilisera pour cela les apports de la science économique (économie de la firme) et de la sociologie (mobilisation et logiques d'acteurs). »

Action publique et régulation : Comment l'État-providence contribue-t-il à la cohésion sociale ?

Programme officiel :

Notions : Solidarité, désaffiliation, disqualification sociale

Indications complémentaires :

« On montrera comment l'État social contribue, à travers la définition de droits sociaux et la mobilisation d'instruments divers, à favoriser la cohésion sociale en luttant contre la pauvreté, l'exclusion et les discriminations. »

Comment un phénomène social devient-il un problème public ?

Programme officiel :

Notions : Agenda politique, action publique

Indications complémentaires :

« On présentera une première approche de la construction des politiques publiques par l'interaction de divers acteurs (lutte contre l'échec scolaire, l'illettrisme, le tabagisme, la délinquance routière, etc.). On montrera comment la définition des problèmes publics et leur inscription à l'agenda politique sont un enjeu de conflit et un objet de coopération. »

Action publique

(Programme 1ES 2010, Notions)

L'expression est synonyme d'« action des pouvoirs publics ».

 

Chapitre 4. La monnaie et le financement

I. À quoi sert la monnaie ?

Programme officiel :

Notions : Fonctions de la monnaie, formes de la monnaie

Indications complémentaires :

« Par contraste avec des situations d'échange non monétisé, on mettra en évidence les avantages de la monnaie et les fonctions qu'elle remplit. On évoquera les formes qu'elle revêt et on expliquera (en prenant comme exemple le paiement par carte bancaire) comment fonctionnent les systèmes de paiement dématérialisés dans les économies contemporaines. »

1.1. Les fonctions de la monnaie

La monnaie a une fonction économique, mais aussi une fonction sociale et politique.

1.1.1. Les fonctions économiques

La définition des fonctions économiques de la monnaie nous vient d'Aristote :

« […] Toutes les choses faisant objet de transaction doivent être d'une façon quelconque commensurables entre elles. C'est à cette fin que la monnaie a été introduite, devenant une sorte de moyen terme, car elle mesure toutes choses et par suite l'excès et le défaut, par exemple combien de chaussures équivalent à une maison ou à telle quantité de nourriture. Il doit donc y avoir entre un architecte et un cordonnier le même rapport qu'entre un nombre déterminé de chaussures et une maison (ou telle quantité de nourriture), faute de quoi il n'y aura ni échange ni communauté d'intérêts ; et ce rapport ne pourra être établi que si entre les biens à échanger il existe une certaine égalité. Il est donc indispensable que tous les biens soient mesurés au moyen d'un unique étalon, comme nous l'avons dit plus haut. Et cet étalon n'est autre, en réalité, que le besoin, qui est le lien universel (car si les hommes n'avaient besoin de rien, ou si leurs besoins n'étaient pas pareils, il n'y aurait plus d'échange du tout, ou les échanges seraient différents) ; mais la monnaie est devenue une sorte de substitut du besoin et cela par convention […].
Mais pour les échanges éventuels, dans l'hypothèse où nous n'avons besoin de rien pour le moment, la monnaie est pour nous une sorte de gage, donnant l'assurance que l'échange sera possible si jamais le besoin s'en fait sentir, car on doit pouvoir, en remettant l'argent, obtenir ce dont on manque. La monnaie, il est vrai, est soumise aux mêmes fluctuations que les autres marchandises (car elle n'a pas toujours un égal pouvoir d'achat) ; elle tend toutefois à une plus grande stabilité. De là vient que toutes les marchandises doivent être préalablement estimées en argent, car de cette façon il y aura toujours possibilité d'échange, et par suite communauté d'intérêts entre les hommes. […]. »

Source : Aristote, Ethique à Nicomaque, traduction de Jules Tricot (1959), J. Vrin, IVème siècle avant J.-C.

Ce premier texte permet de définir la monnaie comme instrument de mesure et réserve de valeur.

« […] En effet, quand se développa l'aide que se prêtent les divers pays par l'importation des produits déficitaires et l'exportation des produits en excédent, l'usage de la monnaie s'introduisit comme une nécessité. Car les différentes choses nécessaires à nos besoins naturels n'étant pas toujours d'un transport facile, on se mit par suite mutuellement d'accord, en vue des échanges, pour donner et recevoir une matière de nature telle que, tout en gardant une utilité intrinsèque, elle offrît l'avantage de se transmettre aisément de la main à la main pour assurer les besoins vitaux ; on prit, par exemple, le fer, l'argent, ou tout autre métal de ce genre, dont au début on détermina la valeur simplement par la grandeur et le poids, mais finalement on y apposa une empreinte, pour échapper à la peine de le mesurer, l'empreinte étant mise comme signe de la quantité de métal. […] »

Source : Aristote, La Politique, traduction de Jules Tricot, J. Vrin (1962), IVème siècle avant J.-C.

Ce second texte permet de définir la monnaie comme moyen de paiement.

La monnaie se caractérise par trois fonctions économiques :

  • La monnaie est un instrument de mesure (ou unité de compte ou étalon de mesure) : cela signifie qu'elle sert d'indicateur du prix des biens et services, donc elle permet de compter. Elle peut remplir cette fonction d'information dans la mesure où elle a comme propriété la divisibilité. Elle permet aussi de comparer les prix des biens et services entre eux, donc elle permet une mesure du système des prix relatifs.
  • La monnaie peut servir également de réserve de valeur : cela signifie qu'elle permet de conserver la valeur dans le temps et l'espace, donc de reporter les échanges. John Maynard Keynes dit, en 1936 : « L'importance de la monnaie découle essentiellement du fait qu'elle constitue un lien entre le présent et l'avenir ». Autrement dit, c'est parce qu'elle est durable qu'elle permet de conserver la valeur. Elle permet, par conséquent, l'épargne.
  • La monnaie est un moyen de paiement (ou un intermédiaire dans les échanges) : cela signifie qu'en échange de la monnaie, il est possible d'acquérir des biens et des services d'une valeur équivalente. Cela signifie également qu'elle est un moyen d'éteindre une dette. Cela n'est possible que si elle bénéficie de la confiance des agents économiques, ce qui implique qu'elle soit acceptée partout au sein du territoire où elle a cours, pour l'ensemble des échanges et ce quelque soit la période considérée.
 

Que retenir ?

Schéma représentant les fonctions économiques de la monnaieVersion odp

1.1.2. Les fonctions sociales et politiques

Du point de vue sociologique, la monnaie peut être considérée comme ce que Marcel Mauss nommait un « fait social total ». En particulier, il est possible de considérer que la monnaie est une représentation du lien social.
La monnaie est au cœur des relation sociales mais aussi de l'identité des individus. Elle est ainsi un moyen de reconnaissance de la communauté. Elle est aussi est des vecteurs de l'interdépendance entre les individus.

Du point de vue politique, la monnaie est associée à la souveraineté des États, ce qui se traduit par le pouvoir de « battre monnaie ». La monnaie a une validité partout où s'exerce la puissance de l'État, elle permet donc de définir les frontières de son pouvoir.

1.2. Les formes de la monnaie : vers une dématérialisation

1.2.1. La monnaie divisionnaire et fiduciaire

Définition : La monnaie divisionnaire (ou métallique) est constituée des pièces de monnaie. Parce qu'elle « divise », elle permet de mesurer n'importe quel montant, y compris ceux qui sont inférieurs à l'unité (grâce aux centimes).
Exemple : payer une somme de 17,42 euros n'est possible qu'en ajoutant des pièces aux différentes combinaisons de billets possibles (hors monnaie scripturale, bien sûr).

Définition : La monnaie fiduciaire (ou papier), du latin fiducia (confiance), est constituée des billets. Sa valeur faciale est indépendante – et généralement supérieure – à sa valeur intrinsèque. Cela n'est possible que parce que sa valeur repose sur la confiance. Au sens large, la monnaie fiduciaire inclut la monnaie divisionnaire.

Définition : La dématérialisation est un processus par lequel la monnaie devient indépendante de son support matériel. Autrement dit, elle devient immatérielle.

1.2.2. La monnaie scripturale

Définition : La monnaie scripturale est le résultat d'un « jeu d'écriture » sur des comptes à vue bancaires ou postaux (CCP). Elle n'existe donc que parce qu'elle est inscrite par les institutions financières sur les comptes des agents économiques. Elle peut, par la suite, être utilisée à l'aide des différents supports fournis par ces institutions.

Les supports de la monnaie « scripturale » :

Document. Les moyens de paiement scripturaux en France

Nombre de transactions en millions, montant des transactions en milliards d’euros, montant moyen en euros, variation en %
a) Les paiements par carte réalisés en France.
b) Les VGM sont des virements de gros montant émis au travers de systèmes de paiement de montant élevé (Target2 et EURO1). Ils correspondent exclusivement à des paiements professionnels.
c) Lettre de change relevé, billet à ordre relevé.
Répartition du nombre de transactions (en %) & Volume des transactions (en milliards de transactions) par moyen de paiement en France

a) Lettre de change relevé, billet à ordre relevé.

Source : Banque de France. Disponible en ligne : https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2019/05/03/cmp_2018_fr_20190503.pdf

Que retenir ?

II. Qui crée la monnaie ?

Programme officiel :

Notions : Masse monétaire, marché monétaire, banque centrale, prêteur en dernier ressort

Indications complémentaires :

« On présentera, à l'aide d'exemples simples, le processus de création monétaire par les banques commerciales (« les crédits font les dépôts »). On montrera le rôle central du marché monétaire. On pourra citer les autres sources de la création monétaire (créances sur le Trésor et devises). Pour ce faire, on définira la banque centrale comme la « banque des banques » et on montrera l'importance de son rôle pour assurer la liquidité (notamment lors des crises de confiance) et préserver le pouvoir d'achat de la monnaie. »

La masse monétaire

Définition de la masse monétaire

(Programme 1ES 2010, Notions)

La masse monétaire est l'ensemble des moyens de paiement disponibles au sein d'une zone monétaire. Elle est constituée de trois agrégats classés par ordre de liquidité décroissante : M1, M2, M3.
Remarque : un actif est dit liquide s'il peut être immédiatement utilisé comme moyen de paiement, donc sans opération de conversion préalable.

Les trois agrégats monétaires :

  • M1 : pièces (monnaie divisionnaire) et billets (monnaie fiduciaire) en circulation + dépôts à vue détenus par les agents résidents (partie la plus « liquide » de la monnaie scripturale). M1 correspond à la fonction de transaction (moyen de paiement).
  • M2 : M1+ dépôts à terme de 2 ans ou moins + dépôts avec préavis de 3 mois ou moins (épargne « quasi-liquide », à court terme : comptes sur livrets, épargne liquidable immédiatement à sa valeur nominale).
  • M3 : M2 + Pensions + Titres d'OPCVM monétaires et instruments de marché monétaire + Titres de créance 2 ans ou moins (épargne à long terme). M3-M1 (M3 sans M1) correspond à la fonction d'épargne (réserve de valeur).
 

On comprend donc que les trois agrégats de la masse monétaire – M1, M2, M3 – sont emboités les uns dans les autres, comme on peut le voir sur le schéma suivant :

Schéma représentant les trois agrégats de la masse monétaire emboités Version odp

III. Comment l'activité économique est-elle financée ? 

Programme officiel :

Notions : Autofinancement, financement direct/indirect, taux d'intérêt, risque de crédit

Indications complémentaires :

« Les choix de financement des agents économiques seront présentés de manière élémentaire. On montrera que le taux d'intérêt est à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l'emprunteur et qu'il varie en fonction du risque associé au crédit. On pourra illustrer ce mécanisme à partir de l'exemple des crises des dettes publiques. On distinguera le financement intermédié et le financement direct. Dans la procédure de financement par appel au marché, on présentera les grandes catégories de titres émis et échangés (actions, obligations) ainsi que leur mode de rémunération (dividende, intérêt). »

Le financement de l'économie comprend l'ensemble des ressources monétaires permettant le fonctionnement et le développement de l'activité économique. Ces ressources sont fournies par les agents économiques disposant d'une capacité de financement à ceux qui ont un besoin de financement.

3.1. Besoins, ressources et choix de financement des agents économiques

Pour satisfaire leurs besoins de consommation et surtout d'investissement, les agents économiques disposent de ressources monétaires plus ou moins importantes. Selon les cas, ils sont en capacité ou en besoin de financement. Leur situation au regard de la comparaison de ces besoins et de ces ressources détermine leurs choix de financement.

Définition : Un agent économique a une capacité de financement lorsque son investissement est inférieur à son épargne brute. Il peut alors mettre une partie de son épargne à la disposition des agents qui ont un besoin de financement. S'il a une capacité de financement, il peut également autofinancer ses investissements.

Autofinancement

L'autofinancement est l'utilisation par un agent économique de ses ressources propres pour consommer ou investir.
Taux d'autofinancement de la nation = épargne brute/FBCF x 100.

 

Définitions : Un agent économique aura un besoin de financement lorsque son investissement est supérieur à son épargne brute. Il a alors recours à un financement externe.

Au niveau macroéconomique, ce sont généralement les ménages qui ont une capacité de financement. Néanmoins, la situation des ménages varie d'un pays à l'autre et de la conjoncture économique. Ainsi, par exemple, le taux d'épargne peut devenir plus faible voire négatif lorsque les revenus diminuent ou, au contraire augmenter si l'épargne de précaution augmente.

Document. L'évolution des capacités de financement des ménages dans l'UE

Source : Eurostat. (Version ods)

En effet, en France, environ 15 % du revenu annuel de l'ensemble des ménages est épargné. C'est d'ailleurs vrai dans une majorité de pays. Ce n'est cependant pas toujours le cas (comme dans les exemples de la Bulgarie, Estonie ou Lettonie), notamment en période de récession.

À l'inverse, au niveau macroéconomique, les agents ayant un besoin de financement sont généralement les entreprises et l'État.

Au niveau microéconomique, ce sont les caractéristiques propres à l'agent économique qui déterminent sa situation.
Par exemple, les besoins de financement des ménages évoluent avec l'âge. C'est l'hypothèse du « cycle de vie » (par Franco Modigliani) qui consiste à affirmer que la position dans le cycle de vie (en fonction de l'âge et de la situation sociale et familiale), a des conséquences en termes d'épargne et donc de besoins de financement. On constate ainsi que les jeunes sont en situation de besoins de financement. Ces besoins tendent à augmenter pendant la première partie du cycle de vie et diminuent ensuite. À l'inverse, les capacités de financement tendent à diminuer durant la première partie du cycle de vie et à augmenter ensuite. Au total, les ménages ont néanmoins une capacité de financement.

Exemple :

Il est donc en besoin de financement car ses revenus et son épargne ne suffisent pas à financer ses investissements (rappelons ici que dans la FBCF, seul le logement est considéré comme un investissement concernant les ménages). Plus tard, lorsque les investissements du ménage sont financés et que les revenus ont augmentés (ancienneté dans la carrière, mise en couple qui permet d'avoir deux salaires et de réaliser des économies d'échelle…), il se trouve dans une situation de capacité de financement.

Il est donc est en capacité de financement car ses revenus et son épargne sont supérieurs à ses investissements.

3.2. D'un financement intermédié à un financement de marché

Document. Les différents mode de financement de l'économie

Chapitre 5. (Partie 2. Chapitre 4 & 5) Pouvoirs publics et régulation

I. Les fondements de l'intervention des pouvoirs publics

1.1 Pourquoi un ordre politique ?

Programme officiel :

Notions : État, État-nation, souveraineté

Indications complémentaires :

« On mettra en évidence l'avènement d'un ordre politique distinct des ordres économiques, sociaux et culturels. On pourra prendre l'exemple de l'évolution de l'État dans le monde occidental. On apprendra aux élèves à distinguer la construction étatique et la construction nationale. »

1.2 Quelles sont les formes institutionnelles de l'ordre politique ?

Programme officiel :

Notions : État de droit, État unitaire / fédéral, démocratie représentative / participative

Indications complémentaires :

« On familiarisera les élèves au vocabulaire juridique et politique qui permet de distinguer les formes étatiques et de préciser le contexte institutionnel dans lequel elles se sont développées. À partir d'exemples contemporains, on sensibilisera aussi les élèves à l'émergence de nouvelles formes de participation politique et de légitimation démocratique. »

1.3. Pourquoi la puissance publique intervient-elle dans la régulation des économies contemporaines ?

Programme officiel :

Notions : Fonctions économiques de l'État (allocation, répartition, stabilisation)

Indications complémentaires :

« En faisant référence aux défaillances de marché étudiées précédemment et à la possibilité de déséquilibres macroéconomiques, on étudiera les fonctions de régulation économique de la puissance publique en insistant sur l'importance du cadre réglementaire dans lequel s'exercent les activités économiques. On présentera brièvement les principaux niveaux d'intervention (notamment européen, national et local). »

II. Comment le budget de l'État permet-il d'agir sur l'économie ?

Programme officiel :

Notions : Prélèvements obligatoires, dépenses publiques, déficit public, dette publique

Indications complémentaires :

« On décrira la structure du budget de l'État et de l'ensemble des administrations publiques, en donnant des ordres de grandeur. On insistera sur les notions de production non marchande et de prélèvements obligatoires. On montrera, à l'aide d'exemples (fiscalité écologique, crédit d'impôt pour les aides à domicile ou pour les dons aux associations, etc.) qu'en changeant les prix relatifs ou les rémunérations nettes, les impôts et taxes modifient les incitations des agents. »

III. Quelles politiques conjoncturelles ?

Programme officiel :

Notions : Demande globale, inflation, chômage, déséquilibre extérieur, politique budgétaire, politique monétaire

Indications complémentaires :

« On présentera les principaux déséquilibres macroéconomiques et leurs instruments de mesure. On montrera comment ils sont liés à la dynamique de la demande globale.

En s'appuyant sur les développements du point 5.2, on montrera comment les pouvoirs publics peuvent utiliser la politique budgétaire pour agir sur les déséquilibres. En se référant au point 4.3, on présentera également les moyens d'action des banques centrales (notamment la Banque centrale européenne) et leur rôle dans la régulation conjoncturelle de l'activité économique. »

On constate que si l'inflation est aujourd'hui quasi-nulle (0 % en 2015), il n'en a pas toujours été ainsi. De fait, ce n'est qu'en 1986 que l'inflation passe en dessous de 5 % (2,7 % en 1986) après avoir connu des périodes particulièrement fortes durant les années 1950 (avec un pic à 16,9 % en 1951 et un à 15 % en 1958) et les années 1970-1980 (avec un pic à 13,7 % en 1974 et un à 13,6 % en 1980).

Chômage

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Chômage [Définition générale]

De façon générale, le chômage peut se définir comme l'ensemble des personnes en âge de travailler, qui n'exercent pas d'activité professionnelle rémunérée et en recherchent une.
En pratique, pour pouvoir mesurer le chômage, plusieurs définitions sont retenues : en France, il s'agit, d'une part, de la définition selon le BIT (Bureau International du Travail) et, d'autre part, la définition selon le Pôle Emploi (ex-ANPE, Agence Nationale pour l'Emploi) et la Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, qui dépend du Ministère du Travail).
L'existence de plusieurs définitions différentes s'explique en partie par des raisons historiques et statistiques (notamment la nécessité de produire des indicateurs permettant les comparaisons internationales). Cependant, le choix d'une définition plutôt qu'une autre n'est pas sans conséquence. En particulier, selon la définition retenue, la mesure du chômage peut considérablement varier.

Chômage au sens du Pôle Emploi et de la Dares

Le Pôle Emploi recense le nombre des Demandeurs d'Emploi en Fin de Mois (DEFM), c'est-à-dire l'ensemble des personnes à la recherche d'un emploi, qu'elles en aient un ou non en Fin de Mois. Il distingue ces demandeurs d'emploi en fonction de leur disponibilité (immédiate ou non), du type d'emploi recherché (CDI, CDD ou mission d'intérim), de l'exercice d'une activité (aucune activité, activité réduite “courte” inférieure ou égale à 78 heures par mois, activité réduite “longue” de plus de 78 heures par mois) et de la quotité de temps de travail souhaité (temps plein, temps partiel).

Depuis 2008, le Pôle Emploi présente les statistiques portant sur les demandeurs d'emploi selon une nouvelle méthodologie, qui conduit à les répartir en cinq catégories :

  • la catégorie A regroupe les demandeurs d'emploi qui sont sans emploi (ils n'ont pas d'activité, même réduite) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 1, 2, 3, hors activité réduite) ;
  • la catégorie B regroupe les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 1, 2, 3 ayant une activité réduite) ;
  • la catégorie C regroupe les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois) et tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (anciennes catégories 6, 7, 8) ;
  • la catégorie D regroupe les demandeurs d'emploi sans emploi et non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie…) (ancienne catégorie 4) ;
  • la catégorie E regroupe les demandeurs d'emploi en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés) et non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (ancienne catégorie 5).

Le nombre de demandeurs généralement retenu (notamment dans les enquêtes de la Dares) correspond alors aux catégories A, B, C, c'est-à-dire aux personnes : exerçant ou ayant exercé le mois précédent une activité réduite, disponibles immédiatement pour travailler, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi (en particulier être inscrit sur les listes de Pôle Emploi).

En particulier, la catégorie A est très proche de la définition du chômage au sens du BIT.

Pour aller plus loin : Dares, « Les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi », les mots du chômage. Disponible en ligne : http://www.travail-solidarite.gouv.fr/etudes-recherche-statistiques-de,76/statistiques,78/chomage,79/les-mots-du-chomage,1413/les-demandeurs-d-emploi-inscrits-a,9576.html

Pour mémoire, voici les anciennes catégories utilisées par l'ANPE :

  • Catégorie 1 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps plein ;
  • Catégorie 2 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps partiel ;
  • Catégorie 3 : personnes sans emploi immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier ;
  • Catégorie 4 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi ;
  • Catégorie 5 : personnes pourvues d'emploi à la recherche d'un autre emploi ;
  • Catégorie 6 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps plein ;
  • Catégorie 7 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps partiel ;
  • Catégorie 8 : personnes sans emploi non immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier.

Chômage au sens du BIT

Selon la définition du BIT (Bureau International du Travail) de 1982, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi, c'est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant la semaine de référence ;
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
  • chercher activement un emploi ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement.

L'Insee mesure la Population Sans Emploi à la Recherche d'un Emploi (PSERE). C'est l'ensemble des personnes qui correspondent aux 3 critères du BIT cités plus haut. Elle s'en distingue cependant par le fait que les personnes qui ont trouvé un travail qui débute ultérieurement ne sont pas comptabilisées. C'est celle qui est la plus utilisée dans les statistiques publiques.

Pour aller plus loin :

Chômage frictionnel

Le chômage frictionnel ou d'appariement résulte des délais d’ajustement qui existent entre l'offre et la demande de travail. Ces délais correspondent au temps nécessaire à la recherche d'emploi pour le travailleur (recherche et de consultation des offres d'emplois, rédaction et d'envoi de candidatures, préparation et passage d'entretiens d'embauche, etc.) et au recrutement pour l'employeur (rédaction d'un profil de poste, recours éventuel à un cabinet de recrutement, examen et sélection des candidatures, organisation et passage d'entretiens, etc.).
Il est quelquefois dit chômage de « plein emploi » dans la mesure où il s'agit d'un chômage incompressible, même lorsque l'on se trouve en situation de plein emploi sur le marché du travail.
Il l'est l'une des formes de chômage retenue dans l'analyse néoclassique.

Taux de chômage

(Programme TES 2011, Notions)

Le taux de chômage est une mesure de la proportion de personnes sans emploi dans la population active. Autrement dit, il est un instrument de mesure du chômage. Il peut se calculer de deux façons :

  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active totale.
  • En faisant le rapport entre le nombre de chômeurs d'une catégorie particulière (selon le sexe, l'âge…) et le nombre d'actifs de cette catégorie.

Comme nous l'avons vu plus haut, il peut varier en fonction de la définition retenue.

 

Chapitre 2. (Partie 2. Chapitre 1.) Les processus de socialisation et la construction des identités sociales

Définition classique de la socialisation

« Nous définissons la socialisation comme étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre. »

Source : Guy Rocher, Introduction à la Sociologie générale, volume 1, HMH, 1968.

Si l'on suit la définition donnée par Guy Rocher, plusieurs éléments permettent de caractériser la socialisation :

  • tout d'abord, il s'agit d'un processus : c'est un phénomène qui s'inscrit dans la durée, tout au long de la vie des individus et pas seulement durant l'enfance (quand ?).
  • la socialisation s'opère au sein d'instances (ou institutions) de socialisation auxquelles l'individu est confronté durant sa vie (où ? qui ?).
  • elle consiste à intérioriser les manières de sentir, de penser et d'agir, c'est-à-dire les valeurs et normes en vigueur dans la société à laquelle l'individu appartient (quoi ?).
  • elle permet aux individus de construire leur identité, donc de s'intégrer à la société en endossant leurs différents rôles et statuts (pourquoi ?).
 

1.1 Comment la socialisation de l'enfant s'effectue-t-elle ?

Programme officiel :

Notions : Normes, valeurs, rôles, socialisation différentielle

Indications complémentaires :

« On étudiera les processus par lesquels l'enfant construit sa personnalité par l'intériorisation / incorporation de manières de penser et d'agir socialement situées. On s'interrogera sur les effets possiblement contradictoires de l'action des différentes instances de socialisation (famille, école, groupe des pairs, média). On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe. »

Valeurs

(Programme 2nde 2010, Notions ; Programme 1ES 2010, Notions)

Les valeurs sont un ensemble de principes, de croyances, de modes de pensée auxquels adhèrent des individus ou des groupes et qui guident leurs comportements. Elles représentent un « idéal », un critère de choix du comportement à adopter. Les valeurs trouvent leur expression dans des normes.
Exemples : l'attachement à la famille, la croyance religieuse, l'amitié, le travail, etc.
Les valeurs évoluent selon les époques.
Exemple : le travail, considéré négativement pendant longtemps.
Les valeurs peuvent également varier en fonction des catégories sociales et des sociétés.
Exemple : les goûts alimentaires qui diffèrent d'une catégorie sociale à l'autre.

⇒ Au sens économique, voir Prix relatif.

 

Normes

(Programme 1ES 2010, Notions)

Les normes sont un ensemble de règles et d'usages qui découlent des valeurs en vigueur au sein d'une société ou d'un groupe social. Elles sont partagées par les individus qui en sont membres et s'imposent à eux.
Les normes peuvent être formelles ou être informelles :
- dans le cas de normes formelles, elles prennent la forme de règles formalisées et objectivées. Exemples : code pénal français, règlement intérieur d'un lycée, etc.
- dans le cas de normes informelles, elles prennent la forme de traditions, d'us et coutumes ou encore d'habitudes. Exemples : règles de politesse (comme celles liées la salutation ou à l'expression d'une requête), manières de table (posture, ordre du service, utilisation des couverts…), protocole (règles de présentation, de préséance…).
Elles peuvent donner lieu à des sanctions (ou du moins à la réprobation) lorsqu'elles ne sont pas respectées.
Comme les valeurs, les normes varient dans le temps et l'espace.

 

Rôles

(Programme 1ES 2010, Notions)

On peut définir le rôle social comme l'ensemble des comportements qu'un individu adopte, et qui sont attendus de lui, en fonction du statut social qu'il occupe à un instant donné, c'est-à-dire à la place qu'il occupe dans la société ou dans un groupe social particulier.

 

Socialisation différentielle

(Programme 1ES 2010, Notions)

On parle de socialisation différentielle pour souligner le fait que la socialisation varie en fonction des instances de socialisation considérées, mais surtout de l'appartenance sociale et du genre.

 

1.2 De la socialisation de l'enfant à la socialisation de l'adulte : continuité ou ruptures ?

Programme officiel :

Notions : Socialisation primaire / secondaire, socialisation anticipatrice

Indications complémentaires :

« On se demandera en quoi le processus de socialisation secondaire (conjugale, professionnelle, etc.) est lié aux conditions et aux effets de la socialisation primaire. On montrera également que la socialisation, aux différents âges de la vie, fait se succéder des phases de transition et des processus de restructuration de l'identité sociale. »

Socialisation primaire/secondaire

(Programme 1ES 2010, Notions)

La socialisation primaire se déroule essentiellement au cours de l'enfance. L'enfant intériorise peu à peu les normes et les valeurs en vigueur dans la société à laquelle il appartient. Ce processus peut se faire par imitation, contrainte, réinterprétation ou même rejet. La famille et l'école jouent un rôle prépondérant durant la socialisation primaire.

La socialisation secondaire se poursuit tout au long de la vie au travers des diverses rencontres et expériences de l'individu. D'autres instances interviennent lors du processus de socialisation secondaire : groupe de pairs, sphère professionnelle, médias, etc.

 

Socialisation anticipatrice

(Programme 1ES 2010, Notions)

La socialisation anticipatrice consiste, pour un individu, à adopter les valeurs et les normes du groupe social dont il souhaite devenir membre (le groupe de référence) plutôt que celles du groupe dans lequel il se situe (le groupe d'appartenance).

 
Document. Dossier documentaire La pluralité des statuts et des rôles

Plusieurs individus peuvent occuper simultanément un statut donné dans un système social, connaître et exercer simultanément le rôle qui est associé à ce statut. C'est là du reste le cas normal. Par exemple, dans toute société, il y a en général plusieurs personnes pour occuper le statut d'adulte mâle et pour en assumer le rôle ; de même plusieurs hommes y occupent à la fois le statut de père, mais dans des groupes familiaux différents auxquels chacun appartient pour sa part. Inversement le même individu peut occuper, et occupe effectivement, plusieurs statuts différents à la fois, dont chacun relève de un des systèmes d'organisation auxquels il participe. Et non seulement il occupe ces statuts, mais il connaît encore les rôles qui s'y rattachent. […] Le statut selon lequel un individu agit est son statut actuel (active status) au moment considéré. Ses autres statuts sont au même moment des statuts latents (latent statuses). Les rôles associés aux statuts latents sont provisoirement mis en vacance, mais ils demeurent parties intégrantes de l'équipement culturel de l'individu. Un exemple éclairera cette formulation. Supposons qu'un homme passe sa journée à travailler comme employé dans un magasin. Tant qu'il est derrière son comptoir, son statut actuel est celui d'un vendeur, et il est défini par sa position dans le système des occupations spécialisées qui caractérise notre société. Le rôle qui se trouve associé à ce statut lui fournit des modèles pour ses rapports avec ses clients. Ces modèles seront à la fois connus de lui et des clients, et leur permettront de traiter les affaires en un minimum de temps et de malentendus. Quand il passe dans la pièce réservée au personnel pour fumer une cigarette et qu'il y retrouve d'autres employés, son statut de vendeur devient un statut latent, et il revêt alors un nouveau statut actuel fondé sur la position qu'il occupe dans le groupe associatif formé par l'ensemble des employés du magasin. Sur la base de ce statut, ses rapports avec les autres employés seront soumis à une gamme de modèles culturels différents de celle qu'il emploie dans ses rapports avec les clients. En outre, puisqu'il est probable qu'il connaît la plupart des employés, l'usage qu'il fera de ces nouveaux modèles se trouvera modifié par la sympathie ou l'aversion qu'il éprouve pour certains d'entre eux et par la considération de leur position et de la sienne propre dans la hiérarchie de prestige des employés du magasin. Quand vient l'heure de la fermeture, il délaisse à la fois son statut de vendeur et son statut d'employé et tandis qu'il rentre chez lui, il se conduit seulement selon le statut qu'il occupe par rapport au système âge-sexe : par exemple, s'il est jeune, il ne pourra pas ne pas au moins sentir qu'il doit laisser sa place à une dame dans le bus, tandis qu'âgé il la conservera en toute sérénité. Aussitôt qu'il arrive chez lui, c'est une nouvelle série de statuts qui s'actualise. Ces statuts résultent de la nature des liens qui l'unissent aux différents membres du groupe familial ; étant donné les rôles qui se trouvent associés avec ces statuts familiaux, il s'efforcera par exemple d'être cordial avec sa belle-mère, affectueux avec sa femme, éducateur inflexible avec son fils dont le bulletin scolaire est encore en baisse. Si le soir il a une réunion de loge, tous ses statuts familiaux vont passer à l'état latent à partir de huit heures. Sitôt entré dans la salle de réunion et passé son uniforme de Grand Lézard Impérial, l'Antique Ordre des Dinosaures l'investit d'un nouveau statut(1), lequel était resté latent depuis la dernière réunion ; il se conduit alors selon son nouveau rôle, jusqu'au moment où il lui faut retirer son uniforme et rentrer chez lui.

(1) L'anthropologue fait ici référence, de façon implicite et humoristique, aux ordres, tels que celui des Francs-maçons, auquel un individu peut appartenir. Source : Ralph Linton, Le fondement culturel de la personnalité, 1945, Les Classiques des sciences sociales (d'après l'édition Dunod), UQAC, p. 81-82. Disponible en ligne : http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.lir.hom

Chapitre 7. (Partie 2. Chapitre 2.) Groupes et réseaux sociaux

2.1 Comment les individus s'associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?

Programme officiel :

Notions : Groupes primaire / secondaire, groupes d'appartenance / de référence

Indications complémentaires :

« On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l'existence d'interactions (directes ou indirectes) entre leurs membres et la conscience d'une appartenance commune (familles, collectifs de travail, associations, etc.), des catégories statistiques (PCS, groupes d'âge, etc.).

On montrera que les groupes sociaux se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de leur mode de fonctionnement et de leur degré de cohésion. On évoquera les situations où les individus prennent comme référence un autre groupe que celui auquel ils appartiennent. »

2.2 Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?

Programme officiel :

Notions : Capital social, sociabilité

Indications complémentaires :

« On montrera que les réseaux sociaux constituent une forme spécifique de coordination entre acteurs et de sociabilité (réseaux internet, associations d'anciens élèves, etc.). On pourra présenter quelques exemples très simples de structuration de réseaux sans entrer dans la théorie des graphes. On s'intéressera surtout au rôle des réseaux en matière de recherche d'emploi en discutant plus particulièrement la thèse de « la force des liens faibles ». »

Capital social

(Programme 1ES 2010, Notions ; Programme TES 2011, Acquis de première)

Le capital social est un ensemble de ressources relationnelles dont il est possible de tirer profit.

Il est défini par Pierre Bourdieu comme suit :

« Le capital social est l’ensemble des ressources mobilisées (des capitaux financiers, mais aussi de l’information, etc.) à travers un réseau de relations plus ou moins étendu et plus ou moins mobilisable qui procure un avantage compétitif en assurant aux investissements des rendements plus élevés. »

Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l’économie, Liber, Seuil, Paris, 2000, p. 237.

Il ajoute que cette définition du capital social :

« prend en compte non seulement le réseau des relations, caractérisé dans son étendue et sa viabilité, mais aussi le volume du capital de différentes espèces qu’il permet de mobiliser par procuration (et, du même coup, les profits divers qu’il peut procurer : promotions professionnelles, participation à des projets, accès à des décisions importantes, occasions d’investissements financiers ou autres). »

Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l’économie, Liber, Seuil, Paris, 2000, p. 237n.

 

Chapitre 8. (Partie 2. Chapitre 3.) Contrôle social et déviance

3.1. Comment le contrôle social s'exerce-t-il aujourd'hui ?

Programme officiel :

Notions : Contrôle social formel/ informel, stigmatisation

Indications complémentaires :

« On s'interrogera sur l'évolution des formes du contrôle social dans les sociétés modernes et sur leurs effets. On montrera qu'au fur et à mesure que les relations sociales deviennent plus impersonnelles, le contrôle social par des instances spécialisées tend à prédominer sur le contrôle informel exercé par les groupes primaires. On pourra s'interroger également sur les effets produits par le recours à des formes de contrôle social prenant appui sur les ressources des nouvelles technologies. »

3.2. Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?

Programme officiel :

Notions : Déviance, anomie

Indications complémentaires :

« On définira la déviance comme une transgression des normes et on montrera qu'elle peut revêtir des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux. On analysera la déviance comme le produit d'une suite d'interactions sociales qui aboutissent à « étiqueter » certains comportements comme déviants et, en tant que tels, à les sanctionner. On montrera que les comportements déviants peuvent aussi s'expliquer par des situations d'anomie. »

Déviance

Déviance [Définition générale]

(Programme “allégé” 1ES 2010, Notions)

La déviance peut se définir comme la transgression de normes sociales, qu'il s'agisse de normes formelles ou informelles. Le déviant est ainsi un individu qui transgresse une norme sociale formelle ou informelle.

Déviance primaire/déviance secondaire

(Programme 1ES 2010, Notions)

Pour rendre compte de l'aspect dynamique de la déviance, c'est-à-dire de la déviance vue comme processus, il est possible de distinguer, à la suite de Edwin Lemert (Social Pathology: a systematic approach to the theory of sociopathic behavior, 1951), la déviance primaire de la déviance secondaire.
La déviance primaire correspond ainsi à une transgression de normes par un individu sans que celui-ci n'ait modifié durablement son mode de pensée et de comportement ni que la façon dont le considère les autres n'ait changée. Par exemple, le “bon” élève qui ne rend pas ponctuellement un devoir ne devient pas pour autant un “mauvais” élève ni n'est considéré comme tel. Les enseignants feront d'ailleurs souvent preuve d'une relative indulgence dans l'application de la sanction.
La déviance secondaire, par contre, implique que l'individu ne transgresse pas “simplement” une norme, mais va, souvent progressivement, endosser le rôle du déviant. Autrement dit, son mode de pensée et de comportement change en ce sens. Surtout, c'est le regard que portent les autres sur l'individu qui va changer, lui attribuant l'étiquette – le stigmate – de déviant. Par exemple, le “mauvais” élève est souvent celui qui est entré dans la “carrière” de déviant (pour reprendre l'expression de Howard Becker), autrement dit chez lequel la transgression est souvent devenue récurrente, et qui va peu à peu être défini comme tel par les autres (enseignants, camarades de classe…).

Remarque : on peut remarquer que ce qui caractérise la déviance n'est pas tant l'acte de transgression lui-même que la façon dont il est appréhendé par l'individu et par les autres (membres du groupe social auquel il appartient, société).

Délinquance

On parle de délinquance lorsque les normes transgressées sont des normes juridiques – donc des normes formelles – donnant lieu a des sanctions pénales.
Autrement dit, la délinquance correspond à une forme particulière de déviance.

 

3.3. Comment mesurer le niveau de la délinquance ?

Programme officiel :

Notions : Chiffre noir de la délinquance, enquête de victimation

Indications complémentaires :

« On précisera que la délinquance n'est qu'une forme particulière de déviance : celle qui fait l'objet d'une sanction pénale. On s'intéressera aux modes de construction des statistiques produites par la police et la justice. On confrontera ces données avec celles que révèlent les enquêtes de victimation. »

Délinquance

On parle de délinquance lorsque les normes transgressées sont des normes juridiques – donc des normes formelles – donnant lieu a des sanctions pénales.
Autrement dit, la délinquance correspond à une forme particulière de déviance.

 
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Le choix d'une des nombreuses chansons affirmant « besoin de rien » est laissé au soin du lecteur désireux d'augmenter sa culture musicale…